- Auteur : Emmanuel Quentin
- Ma note :
- Lu : décembre 2016
Il en est des rêves comme de la vie. Comment les traverser, comment les affronter ? On peut être endormi et se rêver poète, espion, astronaute, plongeur, aventurier, voyageur le long des côtes, sur la route, sombrant dans n’importe quel abîme ou contournant les obstacles. Dans une société dévastée par une crise économique sans précédent, des « Dormeurs professionnels » ont été sélectionnés pour la richesse structurelle de leurs rêves. Fredric Jahan est l’un d’eux. Les images de son sommeil, enregistrées à l’aide de capteurs nanotechnologiques pour une clientèle fortunée, caracolent en tête des ventes. Mais un jour, ses rêves, trop réalistes, ne s’enregistrent plus…
Mon avis
J’ai un peu honte de ne pas avoir eu vent plus tôt de la sortie de ce premier roman plus que prometteur, son auteur n’étant ni plus ni moins que le blogueur Biblioman(u), mais ne suivant plus les blogs depuis longtemps (je ne me suis remise que très récemment à consulter quelques blogs spécifiques de SF), l’info n’était pas parvenue jusqu’à moi. Je remercie donc Emmanuel Quentin de m’avoir remis les pendules à l’heure !
Et quand on me propose de lire un roman avec une telle quatrième de couverture, je ne peux qu’accepter ! La couverture est déjà une réussite qui donne le ton et l’ambiance mais le thème abordé est encore plus alléchant.
Notre héros du moment est un personnage à qui pas grand-chose ne réussit, son couple est incertain, son jumeau est mort de manière violente, le monde est en crise, le contexte général n’est donc pas bien brillant lorsqu’il devient un « faiseur de rêves », parmi les premiers du genre, et les plus médiatiques. Ses rêves sont enregistrés, retouchés et vendus aux plus riches. Un tel commerce ne résiste pas à la contrebande, et un marché parallèle se développe, avec son lot d’escroc et de victimes. Mais Fredric a finalement une situation, un bon salaire, et une aura qui ne le quitte pas, c’est désormais une célébrité.
Lorsqu’il commence à faire d’étranges et trop réalistes cauchemars, c’est aussi le début de la fin qui commence (si si, comme je le dis). Habité par le besoin de comprendre le sens et l’origine de ces rêves d’un nouveau genre, Fredric va devoir les subir avant de pouvoir les maîtriser et d’en devenir acteur, pour réaliser qu’il ne s’agit pas de ses propres rêves, ni de rêves tout court. Je n’en dis pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue, mais sachez que la tournure qu’elle prend m’a captivée. On prend plaisir à suivre la quête de Fredric et ses amis. Le récit est ponctué par les « rêves » de Fredric, apportant à chaque fois son nouveau lot d’angoisse et d’interrogations. Le personnage de l’homme en rouge fait office de fil rouge (ahah !) mais pas que. L’homme en rouge, c’est un peu le monstre derrière la porte de notre chambre d’enfant, qu’on n’a pas envie de pousser avant d’aller dormir. La chose dans le noir, qu’on ne voit pas mais qui sévit pendant notre sommeil. Le style fluide et bien calibré de l’auteur met en valeur une histoire au suspens bien dosé, le mystère demeurant quasiment jusqu’à la conclusion. J’ai néanmoins eu la sensation que celle-ci était un brin précipitée. Ayant lu 65% du livre d’une traite, (il fallait bien s’arrêter pour dormir !) avant de reprendre le lendemain pour le peu qu’il restait, je pense que cela a joué sur ma sensation de « trop vite ». Ou peut-être que le dernier tiers aurait mérité plus de développement. Dans tous les cas, la conclusion reste aussi inattendue que tordue, et réserve des surprises jusqu’à la dernière ligne. Un premier roman tout à fait épatant et qui se lirait presque les yeux fermés. Mais ce serait quand même moins bien.
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