- Auteur: Richard Flanagan
- Ma note :
- Lu : mai 2008
Dans une Sydney gangrenée par la peur du terrorisme, la descente aux enfers d’une femme trop fragile, la radiographie sans concession d’une société paranoïaque et cruelle, et d’une hystérie médiatique savamment orchestrée. Un roman impressionnant, nerveux et sombre, ancré dans une troublante actualité.
Gina Davies est strip-teaseuse. Son nom de scène : la Poupée. Au Chairman’s Lounge, elle danse nue et ramasse les dollars. Ces dollars qui lui permettront de s’offrir ce dont elle rêve : un nouveau sac, un appartement, la respectabilité… Et qui lui feront peut-être oublier la vie misérable, jalonnée de drames, qu’elle a laissée derrière elle.
Un soir, la Poupée succombe au charme de Tariq. Après une nuit torride, son amant disparaît. Au matin, cinq bombes sont découvertes. Sur les écrans, une image passe en boucle : un homme, une femme -Tariq et la Poupée -, les deux principaux suspects…
La chute de la Poupée est proche : crucifiée par les médias, montrée du doigt par une société en quête de victime expiatoire, elle n’a d’autre choix que de se lancer dans une fuite forcément désespérée.
mon avis
Derrière un titre fumeux voire stupide, ayant peu de rapport avec le livre et aucun avec le titre d’origine, se cache un livre révoltant, réaliste, passionnant et cruel. Rien que ça messieurs dames ! J’ai tout de suite accroché au style de l’auteur, tout à fait dans le ton du livre. On nous décrit une société dure, superficielle, dirigée par l’argent, les apparences, le pouvoir, où la relation dominé-dominant est la base de son fonctionnement. Le personnage de La Poupée, au surnom révélateur, est l’emblème de cette société aveuglée, corrompue, et manipulée. La Poupée, danseuse nue, femme-objet, victime des apparences, et adepte des marques de luxe, se retrouve prise au piège de cette société en proie aux grandes peurs de son époque : le terrorisme. La Poupée, chose fragile et innocente, va se rendre compte d’une autre réalité, et fera office de bouc émissaire. Son destin est désormais scellé, ce dont elle prendre vite conscience. Le roman est profondément pessimiste et fataliste, le public est manipulé par les médias, eux-mêmes manipulés par les dirigeants, un cercle vicieux se forme autour de La Poupée qui se rend compte que sa propre vision du monde est complètement faussée. Le réalisme et la vérité du propos rendent le livre révoltant, son injustice inévitable me rappelle 1984 d’Orwell. On termine la lecture bouleversé par cette femme à la fois anonyme et universelle, sacrifiée par les médias, sans espoir de voir la vérité éclatée. Elle restera celle que l’on a voulu qu’elle soit, un outil pour apaiser une opinion publique manipulée en permanence. Roman terrible, glauque, réaliste.
Je remercie Babélio d’avoir organisé cette deuxième édition Masse Critique et de m’avoir permis de découvrir un auteur et un roman tout à fait marquants.
Être réaliste c’est prendre le parti de la déception pour ne pas être déçu.
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