- Auteur : Bernard Benyamin et Yohan Perez
- Ma note :
- Lu : janvier 2013
16 octobre 1946. À l’issue du procès de Nuremberg, le dignitaire nazi Julius Streicher monte à l’échafaud. Avant d’être pendu, il lance : « Ce sont les Juifs qui vont être contents ! C’est Pourim 1946 ! » Stupeur dans le monde. Qu’a-t-il voulu dire ? Il est établi que Streicher fait référence à une fête juive qui commémore les événements relatés dans un texte biblique vieux de deux mille ans : le « Livre d’Esther ». Mais sa déclaration n’en demeure pas moins énigmatique.
Ce fait historique avéré est le point de départ du Code d’Esther. Une aventure extraordinaire qui va conduire Bernard Benyamin et Yohan Perez de Nuremberg à Jérusalem, et des banques de Zurich à la prison de Landsberg, où Hitler rédigea Mein Kampf. De rencontres en révélations, ils découvriront que le Livre d’Esther recèle un message secret, et qu’il existe entre l’antique royaume perse et l’Allemagne du IIIe Reich des ressemblances défiant la raison.
Cet incroyable scénario, digne des Aventuriers de l’Arche perdue et de Dan Brown, n’a pourtant rien d’une fiction ; tous les faits relatés dans ce livre sont en effet rigoureusement authentiques. Pour percer le Code d’Esther, Bernard Benyamin et Yohan Perez ont mené une longue enquête, interrogé de nombreux érudits juifs et historiens. Au terme de leurs investigations, ils lèvent ici le voile sur la prophétie la plus troublante du XXe siècle.
Mon avis
Ouh là. Me voilà possédée par le démon de la curiosité pour lire un livre de ce type. Heureusement le contexte, la période évoquée, la crédibilité de l’auteur ont pour moi pesé plus lourd dans la balance que la référence à Dan Brown stupidement évoquée dans la 4E DE COUVERTURE. Oui, parce que comparer un travail journalistique à la daube mythomane d’un Dan Brown, il fallait oser. Mais il paraît que ça fait vendre. Soit. Alors qu’en est-il finalement de cette enquête ?
Déjà on plonge rapidement dans le récit. L’auteur nous expose les conditions et les circonstances qui l’ont poussé à mener cette enquête. À ce stade on est déjà tenté de se dire, que quelque part, c’était écrit. L’auteur démarre son investigation, avec autant de professionnalisme, d’objectivité et de recul que possible. Cela me plaît, et me rassure pour la suite, on peut espérer être dispensé de délires mystiques et autres interprétations sur mesure. Nous poursuivons donc, avec l’agréable sensation de lire un polar, mais pas tout à fait, car si la forme s’en rapproche, on nous épargne les fantaisies et digressions du genre qui ici seraient mal venues. N’oublions pas qu’il s’agit d’une enquête, il faut rester sérieux. Nous assistons au cheminement de l’auteur, si celui-ci est non pratiquant, s’il semble athée et rationaliste, il n’en demeure pas moins qu’il a été baigné dans une certaine culture de la religion, même si sa culture à ce niveau-là reste assez indigente, de son propre aveu. J’ai plusieurs fois frémis à l’idée qu’il pourrait finir par changer de bord et tomber dans les méandres de la superstition. Mais non, les faits, rien que les faits. J’avoue honteusement mon ignorance sur le contexte de l’histoire/mythe d’Esther, je n’ai pas lu d’autres ouvrages sur le sujet, études ou analyses de chercheurs et d’érudits, je découvre donc tout avec ce livre, et les éléments de « coïncidences » évoqués par Benyamin nous sont exposés et expliqués de telle sorte qu’il est en effet troublant de constater autant de similitudes. Pour l’analyses des textes, on nous explique que l’hébreu étant une langue « mathématique », il ne peut pas y avoir d’erreur d’interprétation. Soit ! là non plus je n’y connais rien, mais je trouve l’affirmation passionnante et je décide de partir du principe qu’effectivement, contrairement à un Nostradamus, que l’on interprète à sa guise et a posteriori, on a peut-être une chance de ne pas trop se fourvoyer en de fumeuses et arrangeantes interprétations. Dans ce cas, si effectivement le Livre d’Esther dit bien ce qu’il veut dire, ça fait de grosses similitudes.
On peut conclure que l’Histoire se répète, que tout était écrit, etc. On sait déjà pertinemment que quoi qu’il arrive l’Histoire radote, l’Humanité commet le mêmes erreurs encore et encore, pas besoin de prophétie pour cela, hélas. Je suis athée, mais je ne crois pas au hasard. Tout arrive pour une raison cause, je pense que tout n’est qu’équations, que d’une action découle une conséquence, et ainsi de suite. Beaucoup de choses nous échappent encore, mais rien ne saurait rester inexpliqué. En attendant, l’inexpliqué passe pour inexplicable aux yeux des croyants de tout bord et c’est l’occasion pour eux de sortir le Grand Gentil Barbu de sa boîte (non, pas le Père Noël, l’autre !). Bref, si l’on choisit l’option de se dire qu’effectivement l’interprétation des livres d’Esther est unique et la seule possible (scientifiquement), alors nous sommes face à une grande énigme, car si tout est écrit dans le sens ou mathématiquement cela doit arriver, par QUI ou par QUOI la prophétie a-t-elle était écrite ? Les croyants ont la réponse, pas moi, et le fait de ne pas avoir de réponse permet d’avoir encore envie de comprendre le pourquoi du comment.
Toujours est-il que cette enquête expose des faits, pose des questions, sème le trouble, et outre la problématique de la répétition de l’Histoire et de la conscience ou prédiction de ces répétitions, on nous prouve tout de même, contrairement à l’idée reçue que l’on craint ce que l’on ne connaît pas, que certains nazis haut placés étaient incollables sur la religion, l’Histoire et la culture juives, qu’ils les avaient étudiées en profondeur pour mieux les comprendre, dans le seul but de mieux les exterminer. La perversion humaine (pléonasme) n’a pas de limite. Cet aspect fait encore plus frémir quand on s’y arrête. Il va de soi que connaître son ennemi permet de mieux le neutraliser, mais tout de même, la motivation principale reste très primaire, le fruit d’esprits paranoïaques totalement hermétiques au fait que la connaissance peut changer un homme et sa vision du monde.
En conclusion, un livre intéressant, bien fait, sobre, qui décevra certains par son manque de révélation tonitruante et d’explication spectaculaire, car le gros point fort de cette enquête, à mon sens, c’est de poser des questions, et non de donner des réponses. Je pense qu’il n’apprendra rien à un certain type de public, déjà féru de ce genre de thème et/ou initié à la religion juive, mais le profane y trouvera matière à de nouvelles réflexions, sans forcément tomber dans le divin, car l’auteur ne nous impose pas sa conviction et reste relativement en retrait. D’ailleurs je ne suis pas sûre de bien savoir où il se situe à la fin du livre. Une suite serait bienvenue, histoire d’approfondir certains points et poursuivre la réflexion.
Notons que le livre est parsemé de QR codes qui mènent à de courtes vidéos illustrant le propos.
Ce qu’en disent les copains journalistes Paul Amar et Paul Nahon :
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2 remarques pertinentes pour “Le code d’Esther”
C’est un peu dommage cette mention de Dan Brown en espérant faire vendre… Juste à voir la couverture je me suis dit: « Ah non pas encore un énième livre sur… »
Je crois que ce livre pourrait me plaire. J’ai noté. Merci pour ce billet!
Je crois que sans la réputation de Benyamin je ne me serais pas attardée sur ce livre 🙂
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