- Auteur : Paul Auster
- Lu : janvier 2009
- Ma note:
In the Country of Last Things est le titre original du Voyage d’Anna Blume. De ce » pays des choses dernières » où elle tente de survivre au froid, aux prédations et au désespoir, Anna Blume – venue chercher son frère disparu, William – écrit une longue lettre dont on ne sait si elle trouvera jamais son destinataire : ses errances dans une ville aux rues éventrées, sa lutte pour subsister parmi les » chasseurs d’objets » et les » ramasseurs d’ordures « , la mort omniprésente, la difficulté de vivre des amours durables… revêtent ici une force symbolique d’une actualité étonnante. Et cette lettre, en même temps qu’elle éveille en lui un passé de terreurs et d’apocalypse, interroge d’insidieuse façon le lecteur sur son rapport au monde… et au langage.
mon avis:
Comme je l’avais déjà évoqué lors de ma lecture de Dans le Scriptorium, je me lance dans un marathon Paul Auster. Depuis le temps que j’avais envie d’approfondir la chose, j’ai du retard à rattraper ! Hier soir l’alimentation de mon portable a commencé à montrer des signes de faiblesses, des étincelles jaillissaient du câble, j’ai donc passé une bonne partie de la nuit et de la journée privée d’ordinateur. Ce qui explique que j’ai déjà terminé Le voyage d’Anna Blume, et quel voyage !
Entamé hier soir, je l’ai terminé tout à l’heure, ébahie, émue, intriguée. Anna Blume adresse à son ami d’enfance une très longue lettre qu’elle n’est même pas sûre de pouvoir lui envoyer. Fille de bonne famille, Anna Blume a connu une enfance et une adolescence dorées jusqu’à ce que son frère William, journaliste, disparaisse à l’étranger lors d’un reportage. Déterminée à le retrouver, elle ira le rejoindre dans ce nouveau monde, loin de se douter de ce qui l’attend. Arrivée par bateau dans une ville dévastée, elle devra vite renoncer à retrouver son frère, trop préoccupée par sa propre survie dans une cité aux allures de post-apocalypse. On ne sait rien des causes, Anna nous fait un constat déprimant de ce qu’est devenue la vie dans un cadre de fin du monde. Elle avoue elle-même ignorer bien des choses quant à l’économie du moment et à son fonctionnement. Mais ce qu’elle sait, ce qu’elle a vu et observé, elle nous le décrit avec assez de précisions pour nous donner froid dans le dos. Le travail est quasi-inexistant, chacun doit rivaliser d’imagination pour s’adapter et gagner de quoi se nourrir. Une nouvelle organisation sociale se créée, précaire. La lutte pour la survie dans le dénuement le plus total modifie les relations humaines. La narratrice va devoir s’adapter aux privations en tous genres, la nourriture, le confort, mais aussi l’amitié et l’amour, avant de renouer le contact avec autrui.
La lutte permanente pour la survie, l’effort constant et surhumain pour mettre encore et malgré tout un pied devant l’autre, tout contribue à l’annihilation de l’individu, qui ne devient qu’un corps à peine vivant, un organisme que l’instinct de survie pousse encore à chercher sa pitance. Comme le dit Anna Blume, la vie met longtemps à mourir. Et Anna mettra longtemps à voir au-delà des limites de la cité isolée, et à espérer.
L’univers dépeint est hautement anxiogène, je déconseille la lecture de ce livre aux dépressifs profonds, et pourtant, la narration captive, fascine, et le récit à la première personne ajoute une authenticité troublante. Un long voyage donc, au-delà de la misère et du désespoir, qui rappelle une certaine réalité, certes accentuée par Auster, mais bien d’actualité. Superbe !
12 remarques pertinentes pour “Le voyage d’Anna Blume”
Je l'ai dans ma pile… mais je lis post-fin-du-monde… et je me demande si je le lirai… j'ai peur de faire des cauchemars!!! Ppourtant, tout le monde me dit que c'est génial!
Disons qu'il vaut peut-être mieux ne pas le lire un dimanche soir pluvieux, avec le moral dans les chaussettes, mais malgré le désespoir ambiant, l'histoire est passionnante, et il y a tout de même une lueur d'espérance quelque part
Il est dans la PAL depuis décembre après avoir entamé un défi Auster… je prends une pause de cet auteur pour le moment!
Pas grave je prends le relais, chui à fond là ! 😆
Je l'ai lu récemment et comme toi, je me suis laissée embarquée par cette ambiance. Man in the dark, le petit dernier, est un peu dans ce style.
Le résumé et ton billets sont magnifiquements bien écrits et très touchants. Tellement touchant que, pour les raisons que tu évoques, j'en retarderai la lecture, même si je suis persuadée de sa qualité.
Je crois bien que ce roman sera encore lu dans cinquante ans tant son sujet sera, malheureusement, toujours d'actualité.
Cela dit, je suis bien d'encore toi, c'est un excellent livre, malgré un essouflement de l'histoire vers la fin.
J'ai vu qui c'était hier ; je n'ai rien lu de lui 🙁 et maintenant j'ai très envie…
@Praline : Jai bien envie de lire le derneir aussi ! mais je dois d'abord épuiser ma Pal Auster avant 😈
@Géraldine : merci 😕
@Louis : oui très réaliste malgré son côté SF 🙁
@Thaïs: je viens de voir l'émission d'hier, encore plus envie de liquider ma PAL !
C'est un des livres que j'ai eu le plus de mal à lire dans ma vie… pourtant c'est incontestablement un très bon roman. Je l'ai moi aussi dévoré, mais l'atmosphère est si oppressante que la lecture m'a bizarrement affectée… je crois bien que c'était la première fois qu'un livre provoquait chez moi une telle réaction. Quoi qu'il en soit avant-hier et ce matin j'ai vu des interviews de Paul Auster à la télé et depuis j'ai envie de m'y remettre. Je pensais peut-être en faire un auteur du mois mais comme je ne vais jamais tenir un tel défi je crois que je vais simplement suivre mes envies… je suis ravie de voir que je pourrai avoir ton avis aussi !
Moi c'est 1984 qui m'a fait un tel effet, mais quel chef-d'œuvre ! Maintenant que j'y pense, l'un comme l'autre sont effrayants 🙄
Compte sur moi pour donner mon avis sur les autres livres, j'ai encore l'envie d'approfondir l'univers de ce monsieur
J'avais aussi été totalement captivée par ce roman, mais j'aime tout ce que Paul Auster écrit en principe (sauf Leviathan… mais je n'ai pas encore tout lu!). J'aime ce genre de roman en tout cas, tous ces romans qui mettent en évidence les défaillance sociales de notre société, j'adore! Enfin c'est pas toujours agréable à lire, mais ça me parle.
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