- Auteur : Isabelle Guso
- Ma note :
- Lu : septembre 2010
Autour de mes démons, une armure de papier.
Mon Peter Pan dans sa tombe, ma forteresse.
Mentir puisqu’il le faut.
Lutter seul.
Et tenir bon.
Mon avis
Je viens de finir la lecture de ce court roman (que les gens modernes et/ou anglophones appellent désormais novella). Je viens aussi de comprendre pourquoi il m’a été impossible de savoir de quoi ça parle même en cherchant sur le net. Bon, j’ai peu cherché c’est vrai, mais la quatrième de couverture étant ce qu’elle est, on peut supposer une volonté de la part de l’éditeur et/ou de l’auteur de ne pas en dire trop pour ne pas faire fuir le potentiel lecteur.
Je pense en effet que trop d’infos auraient pu faire fuir ledit potentiel lecteur. Ou attirer les voyeurs. Au choix.
Je tiens à préciser tout de suite, au risque de casser un suspens insoutenable, que de toute façon ce livre DOIT être lu, quelles que soient les motivations.
La difficulté étant à présent de parler du livre sans le trahir ou le spoiler, car son but est d’ouvrir sinon le débat, du moins la réflexion personnelle dans un premier temps.
Trop en dire gâcherait inévitablement l’effet de surprise. Ne rien en dire en ferait une lecture vaine.
Et là, ça fait un moment que je parle pour ne rien dire. C’est que je réfléchis surtout à comment le dire.
Le narrateur, la trentaine, français, fait un voyage au Japon en quête, semble-t-il, de spiritualité. On comprend assez vite qu’il cherche surtout à se libérer d’une tare qui lui pourrit la vie. Le genre de truc assez désespérant pour penser trouver le salut dans un vieux sage bouddhiste. C’est dire le degré de déprime dans lequel notre « héros » se trouve au début de son récit.
Le narrateur est un être abject, exécrable, qui cherche à se donner des circonstances atténuantes, qui tente de se trouver une humanité malgré ce qu’il est. Il ne m’a inspiré aucune sympathie, à aucun moment. De l’empathie, peut-être, un peu, parce que je ne suis pas une brute. Mais sa lutte permanente pour rester humain et innocent ne m’a pas bouleversée outre mesure, même si je conçois la chose. Si on ne parle que de ceux qui passent à l’acte, qu’en est-il de ceux qui s’y refusent, au prix du silence et du secret lourdement gardé ?
La lecture de cette histoire pourra faire passer le lecteur par bien des états, mais ne perdons pas de vue que le narrateur et l’auteur sont deux choses différentes, d’ailleurs Isabelle Guso n’hésite pas à le rappeler à la fin de l’ouvrage.
Récit dérangeant donc, mais essentiel, qui invite à réfléchir et à voir au-delà de la monstruosité des faits. Je dis bien au-delà, et non à la place. La prouesse première de l’auteur étant d’avoir su se mettre dans la peau d’un tel personnage, et de l’avoir fait si bien, de manière tellement convaincante et réaliste, même si quelques rebondissements scénaristes m’ont paru un brin invraisemblables, mais c’est un détail qui ne gâche en rien l’intérêt et la qualité profonde de la novella.
Elle appelle clairement au débat et à la réflexion sur un sujet ô combien délicat !
À lire et à réfléchir.
Notons la superbe couverture de Zariel.
Un grand merci à Magali et aux éditions Griffe d’Encre de m’avoir donné l’occasion de lire ce livre percutant.
- Le blog d’Isabelle Guso
- Le site de Griffe d’Encre
4 remarques pertinentes pour “Présumé coupable”
Et bah… et dire que je vais bientôt le lire (en même temps que Laure)
Cela me laisse pantoise…
Je pense que je vais avoir quelques difficultés à en parler également…
je suis en pleine lecture, et ce n'est vraiment pas facile. mais il est essentiel. Notons le courage et la dextérité de l'auteure et le cran de l'éditeur.
Si tu parles du cran de l'auteur d'écrire une telle histoire… j'avoue que je ne partage pas ton avis 😉 (il y a des auteurs qui écrivent sur des sujets tout aussi sensibles voire plus). Si tu parles de cran, face aux "réactions" et notamment à la possibilité des lecteurs de confondre auteur/narrateur, alors oui, peut-être 😉
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