- Auteur : Andrée A. Michaud
- Ma note :
- Lu : août 2016
À l’été 67, une jeune fille disparaît dans les épaisses forêts entourant Boundary Pond, un lac des confins du Québec rebaptisé « Bondrée » par un trappeur enterré depuis longtemps. Elle est retrouvée morte, sa jambe déchirée par un piège rouillé. L’enquête conclut à un accident : Zaza Mulligan est morte stupidement, victime des profondeurs silencieuses de la forêt. Mais lorsqu’une deuxième adolescente disparaît à son tour, on comprend que les pièges du trappeur resurgissent de la terre et qu’un tueur court à travers les bois de Bondrée.
Mon avis
Andrée, la narratrice, est au seuil de l’adolescence lorsque son dernier été à Boundary Pond, lieu de vacances idyllique de son enfance, devient le théâtre d’une double tragédie, secouant irrémédiablement l’ordre des choses dans la petite communauté de vacanciers.
La voix d’Andrée est des plus agréable, l’auteur a su se (re)mettre dans la peau et dans la tête d’une jeune fille en devenir, avec son vocabulaire, ses tournures de phrases et ses expressions imagées. Son récit alterne avec le point de vue omniscient de l’auteur, Andrée étant ici simple témoin des événements. Michaud nous propose donc un roman noir vu en grande partie par une très jeune fille, pour laquelle les événements de cet été mettront un point final à l’âge d’or de son enfance insouciante.
Si le personnage de l’enquêteur Stan Michaud (oui !) est omniprésent, son enquête est assez peu relatée, on s’en tient au minimum syndical, on y assiste de loin, car la présence de Michaud incarne le policier désabusé, fatigué par l’âge, et hanté par les victimes des tueurs qu’il traque. L’enquête elle-même est donc un élément assez peu développé, et il s’agit bel et bien d’un roman noir et non pas d’un véritable polar, l’atmosphère et les personnages primant sur côté policier de la chose. L’intrigue n’en demeure pas moins rondement menée, l’intérêt et le rythme ne faiblissent pas, les personnages sont bien dessinés et le mystère persiste jusqu’au bout, même si à un moment, relativement tôt dans le livre, j’ai naïvement cru que l’on connaissait tout du coupable. Mais c’était sans compter la subtilité de l’auteur et son talent pour créer une ambiance bien particulière et immersive.
La plume de Michaud est envoûtante, poétique mais pas trop, avec délicatesse elle retranscrit admirablement la noirceur du sujet, la beauté des paysages, et la psychologie des personnages. L’alternance des deux points de vue est très pertinente, elle contribue à nourrir le mystère et le suspens, et à nous immerger un peu plus dans ce petit paradis qu’est Bondrée.
Une belle découverte et une superbe plume à approfondir !
J’ai lu l’édition française de Bondrée, qui paraîtra chez Rivages le 21 septembre 2016. La première édition date de 2014 chez Québec Amérique.
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