Le cycle d’Ender est une saga que j’envisageais de lire depuis des années, avant même que la série soit achevée ! Voilà qui est chose quasi faite.
La stratégie d’Ender, écrite en 1977 sous forme de nouvelle, développée en roman en 1985, marque le début d’une saga terminée, a priori, en 2010.
La stratégie Ender – Cycle d’Ender #1
- Ma note :
- Lu : juillet 2016
Le cycle d’Ender est un monde foisonnant à rallonges et à diverses ramifications. La stratégie d’Ender en constitue le premier tome, mais peut se lire seul. C’est à mon sens le plus intéressant, ou en tout cas celui qui m’a le plus interpellée.
Andrew « Ender » Wiggin est un petit garçon au début de l’histoire, et va passer plusieurs années de sa vie dans une école de guerre pour devenir commandant d’une armée spatiale destinée à vaincre les Doryphores, cette civilisation extraterrestre qui a failli éradiquer l’Humanité des décennies plus tôt. Choisi pour son intelligence exceptionnelle et ses dons de stratège, Ender, troisième et dernier de sa fratrie, sera peut-être l’Élu tant espéré. L’auteur nous plonge donc dans cette école de guerre pour enfants surdoués, dont la vie est rythmée par les cours et les séances d’entraînement intensives. Poussés toujours plus loin dans leur apprentissage, leur éducation est une sorte de jeu vidéo permanent, supposée les rendre opérationnels le plus tôt et le plus efficacement possible. Dans ce contexte, Ender atteint l’adolescence et s’apprête à jouer le rôle décisif que les adultes lui ont donné.
Si Card a choisi un contexte futuriste pour aborder son propos, ce dernier reste éternel, et tristement d’actualité. Manipulation, peur de l’autre, maltraitance, culpabilité et instinct de survie, tels sont les thèmes récurrent largement développés dans ce cycle. Il est difficile d’en dire beaucoup plus sans gâcher le suspens ou trop en révéler, car le final donne tout son sens à l’intrigue, comme partout me direz-vous, mais plus particulièrement dans ce roman où le cheminement devrait laisser supposer le dénouement. En ce qui me concerne, je n’ai pas vu venir la chute, je l’avoue humblement, et pourtant !
Le film, sorti en 2013, s’il est évidemment beaucoup plus succinct que le roman et donne l’impression de survoler le sujet, (d’autant plus que je l’ai visionné quelques semaines seulement après ma lecture et que tout était encore assez frais pour moi) reste très fidèle au livre, et si l’évolution d’Ender et le déroulement de sa formation semblent bien raccourcies (l’Ender du film a le même âge au début et à la fin), tous les éléments essentiels sont présents. Les scènes d’entraînements ne paient pas de mine mais il est réjouissant d’y assister et de voir la représentation que le réalisateur en a faite.
La voix des morts – Cycle d’Ender #2
- Ma note :
- Lu : juillet 2016
C’est donc en terminant un coup de cœur que j’ai enchaîné dans la foulée avec le tome 2 de la saga, sachant qu’il y allait avoir un sacré bon en avant, aussi bien dans le temps que dans le contexte. On change complètement d’univers avec La voix des morts, et si vous n’avez pas lu la saga, passez votre chemin, il va y avoir des spoilers !
ATTENTION : SPOILERS POSSIBLES !
Suite au succès d’Ender, les sciences et la technologie ont fait un pas de géant. Le voyage interstellaire est désormais possible, l’Humanité a colonisé de nombreuses planètes et cela fait 3 000 ans qu’Ender et sa sœur Valentine sillonnent l’espace d’une colonie à l’autre. La relativité leur ayant évité de vieillir, ils font partie de l’Histoire mais demeurent incognito, personne ne pouvant soupçonner que le Xénocide et Démosthène puissent être encore en vie.
Sur la planète Lusitania, les Humains cohabitent avec un peuple autochtone surnommé les Piggies, sorte de petits bipèdes situés quelque part entre l’Homme et le cochon, et manifestement doués d’intelligence. Les colons ayant pour consigne de ne pas interférer dans l’évolution de cette espèce, ils vivent donc dans une cité isolée du reste de la planète et des Piggies par un mur. Les scientifiques sont les seuls à pouvoir entrer en contact avec eux, mais leurs recherches et leur compréhension des Piggies restent limitées par leur obligation de non ingérence. Malgré tout, un lien fort et durable s’est créé entre les Piggies et les scientifiques, jusqu’au jour où l’un de ces derniers est assassiné.
Ender, devenu Porte-Parole des Morts, est alors appelé pour rendre hommage à la victime. mais entre l’appel et l’arrivée d’Ender, il s’écoule sur Lusitania trois décennies, les protagonistes ont vieilli, les choses ont changé, évolué. Ender sera-t-il toujours le bienvenu ?
On aborde à nouveau ici les thèmes chers à l’auteur, la connaissance de l’autre, la culpabilité, la survie à tout prix. Les espèces vivantes sont classifiées selon leur degré de conscience et leur capacité à communiquer avec l’Humain. Cela rappelle amèrement la triste époque où certains Blancs se demandaient si les Noirs avaient une âme, alors que la plupart estimaient qu’ils n’étaient que des animaux. Le fond du propos de l’auteur est grave et malheureusement éternel. Comment réagirions-nous face à une espèce inconnue, différente de nous, potentiellement hostile ? Notre ignorance signerait-elle l’arrêt de mort de toute une civilisation ? Ou chercherions-nous à comprendre et à communiquer avant de la détruire ? La compréhension de l’autre, de l’inconnu, sont des thèmes largement exploités dans ce tome ainsi que le suivant, puisque La voix des morts et Le Xénocide ont initialement été pensés comme un seul volume. Malgré le changement d’univers et de contexte, tout ceci n’est que la suite logique de La stratégie d’Ender, des actions de ce dernier, du traumatisme et la culpabilité engendrés par ses mêmes actions.
Xénocide – Cycle d’Ender #3
- Ma note :
- Lu : juillet 2016
Alors que le destin de Lusitania s’annonce funeste, Ender cherche à comprendre les mécanismes de l’évolution des Piggies, qui semblent être la clé de leur survie. La cohabitation entre les deux espèces est désormais remise en question, et une guerre menace. Ender doit trouver un moyen de sauver la planète, vouée à la destruction ainsi que ses habitants. Traumatisé et hanté par ses actes envers les Doryphores, Ender lutte toujours contre ses démons en permanence et incarne le parfait anti-héros, avec ses faiblesses, ses failles et ses incertitudes. Les personnages secondaires prennent de l’ampleur et Ender n’est plus le centre de l’histoire comme dans le premier volume. Le thème de la religion est également largement traité, avec ses questions, ses problématiques et ses enjeux. On pourra être par moment irrité voire exaspéré par certaines lourdeurs sur la religion et les croyances irrationnelles, surtout dans un contexte aussi technologiques et avancé scientifiquement, mais rien qui rende la lecture et le suivi rédhibitoires. Beaucoup de réflexion dans ce volume, de questionnements philosophico-religieux de la part les personnages. L’aspect métaphysique y est peut-être même plus important que la simple croyance en un être divin.
Les enfants de l’esprit – Cycle d’Ender #4
- Ma note :
- Lu : juillet 2016
Les Enfants de l’esprit pousse un peu plus dans cette voie et interroge sur les origines de l’Homme, de sa place dans l’Univers et des différentes formes de vie intelligentes. Qu’est-ce que l’âme, la conscience, comment naît l’intelligence ? La présence de Jane, personnage atypique moins inquiétant qu’un HAL 9000 et plus amical, prend là aussi une grande importance, de même que les « clones » d’Ender, Peter et Val, symboles des deux pilier de son enfance. Dans ce volume le personnage d’Ender tel que nous le connaissons va peu à peu se mettre en retrait pour laisser place à de nouveaux protagonistes, œuvrant pour lui et de très loin, pour sauver Lusitania et éviter un second xénocide. On peut éventuellement penser à un léger pétage de plomb de la part de l’auteur, car il va loin dans son délire avec son histoire de clones et d’intelligence artificielle, mais si l’on en est à ce stade de la lecture, on pourra poursuivre joyeusement dans l’allégresse jusqu’à un final magnifique. Je considère Les enfants de l’esprit comme le dernier de la saga, la conclusion n’annonçant clairement pas de suite et étant à mon sens, tout à fait satisfaisante.
Une guerre de dons – cycle d’Ender #5
Et pourtant ! Orson Scott Card a estimé qu’il serait judicieux (ou lucratif) d’écrire un autre volume. J’ai volontairement zappé le court roman Une guerre des dons, incluse dans Préludes, faisant office de 5e volume et rassemblant plusieurs nouvelles se déroulant dans l’univers d’Ender. En fait, je ne sais pas si c’est Préludes le 5e volume, ou seulement Une guerre des dons. Ce manque de clarté et ces différences suivant les éditions me font dire que finalement ce volume est dispensable. Le résumé ne me disait rien non plus, tant il est clair qu’il s’agit d’un flashback nous replongeant dans le premier volume, mais mettant en scène un autre personnage, le tout sans trop de rapport avec l’intrigue principale. Zappée, donc, Une Guerre des dons.
L’exil – Cycle d’Ender #6
- Ma note :
- Lu : août 2016
Le dernier volume en date (et j’espère qu’il s’agit bien du dernier !) est L’exil.
J’avoue que ce volume-là, il part un peu en cacahuète. Nous reprenons le fil de l’histoire juste après la victoire d’Ender, pour suivre le début de son errance spatiale. J’aimais bien l’idée de revenir sur une période à peine évoquée, histoire de combler un peu les 3 000 ans de fossé entre La stratégie d’Ender et La Voix des morts. S’il est assez plaisant à lire dans l’ensemble, j’ai trouvé l’intrigue un peu…en vrac. Et je ne parle pas d’éventuelles incohérences évoquées par l’auteur lui-même, mais bien de deux intrigues qui se suivent et n’ont rien à voir entre elles. La période supposée combler le vite est trop courte pour remplir son objectif. L’intervention de personnages tels que Dorabella et Alessandra, avec leur étrange ambition, puis une seconde intrigue distincte avec d’autres personnages sur une autre planète…j’ai trouvé tout cela à la fois long et curieusement bâclé. Je n’ai pas retrouvé la profondeur du propos et des thèmes habituels. La construction du récit m’a paru bizarre. Mais soit, j’ai été au bout de lecture pour avoir quelques réponses, mais pour moi, la série s’arrête avec Les enfants de l’esprit. Le reste n’est que broutilles superflues.
En quelques mots
Pour conclure, le Cycle d’Ender est une sacrée saga que j’ai beaucoup aimée, le premier volume se suffisant à lui-même. Sa richesse des thématiques développées, ses personnages fouillés, et l’évolution de chacun sont autant d’atouts qui font de ce cycle un indispensable. Ses suites n’étaient pas nécessaires mais j’ai adhéré jusqu’au tome 4, le tout formant tout de même un ensemble cohérent, avant de tomber dans le fourre-tout.
Il existe une série parallèle au Cycle d’Ender, La Saga de l’Ombre, mettant en scène Bean, le second d’Ender, et se déroulant à l’époque de la Stratégie d’Ender. J’ai espoir que cette série forme une saga à part entière, et non une annexe bouche-trou.
2 remarques pertinentes pour “Cycle d’Ender”
J’ai lu et relu La Saga de l’Ombre et à mon sens, elle surpasse le cycle d’Ender en intérêt (à part le premier la Stratégie Ender, j’ai beaucoup moins aimé les autres). Les 4 tomes forment vraiment un tout, et on sent qu’ils ont été pensé ainsi. Donc, à lire sans problème.
Toujours sur ma PAL, il va falloir que je m’y mette, superlotte ! Merci pour ton commentaire 🙂
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