- Auteur : textes rassemblés et présentés par Alexandre Hurel
- Ma note :
- Lu : avril 2013
L’objet du livre?? – Prendre la mesure de la pensée raciste dans la littérature française. L’incroyable de l’affaire?? – L’étendue des dégâts?!
Racisme à plusieurs étages, si l’on veut.
Celui qui agit par mimétisme, par répétition des âneries qui traînent dans l’air du temps ; c’est le cas de Stendhal, d’Hugo par exemple.
Racisme mû par la haine, par la méchanceté, et qui préfigure les drames du xxe siècle : c’est le cas de Daudet, de Loti, des frères Goncourt.
Mon avis
Cet ouvrage rassemble des extraits d’œuvres passées à la postérité, faisant partie des « classiques », des auteurs que l’ont étudie et lit encore aujourd’hui pour leur génie, leur plume, et/ou leur implication dans l’Histoire. Et pourtant, comme le dit Alexandre Hurel, certains de ces textes seraient de nos jours impubliables en l’état. On observe au fil des extraits plusieurs degrés de racisme. L’ordinaire, basé sur rien à part une ignorance de l’autre quasi complète, et le virulent, nourri de haine et de mépris, et d’un fort sentiment de supériorité. Dans tous les cas, les préjugés et les stéréotypes sont d’une bêtise rare, certains propos frisent le délire. On peut également se dire que le contexte de l’époque y est pour beaucoup : on devait être raciste sans penser à mal finalement, on pouvait très bien changer d’avis pour peu qu’on prenne le temps d’y penser et de s’intéresser à la question, donc ne nous affolons pas si nos auteurs morts préférés paraissent d’ignobles personnages, c’est l’époque qui voulait ça.
Eh bien, je ne suis pas d’accord. Certains auteurs, qui sont trop brièvement cités à la fin du livre (une seule petite page !), avaient suffisamment de recul et d’esprit critique pour ne pas tomber dans la haine de la différence. À une époque où le colonialisme battait son plein, où le Blanc vertueux et religieux (car tout ceci vient tout de même de là, tu ne crois pas en mon Dieu, tu es donc le Mal et je vais t’éduquer) s’acharnait à soumettre, convertir, chasser ou détruire le peuple envahi, les esprits libres ne devaient effectivement pas être courants. Et dans ce fameux contexte, majoritairement raciste, le racisme de base ne doit pas être sous-estimé. De même qu’aujourd’hui le problème perdure, on ne doit pas tomber dans le piège du contexte, car si celui-explique, il ne doit en rien minimiser la dangerosité du racisme, primaire ou militant. Ne cherchons pas d’excuse à nos auteur adorés, certains étaient foncièrement racistes, méchants, haineux, et étroits d’esprits, c’est un fait. D’autres ont bien réussi à se sortir de ces préjugés, à évoluer au long de leur vie d’homme et d’auteurs, pourquoi pas eux ? S’il a été possible pour la France d’avoir un « maire » de Paris tel que Severiano de Heredia (désormais oublié bien sûr) on peut estimer que les esprits ouverts et tolérants n’étaient pas si rares. Mais avec le poids de la religion, de l’Histoire, une culture du colonialisme bien enracinée, j’applaudis ceux qui ont eut le courage de penser autrement et de le dire. Je pense également que ces esprits-là mériteraient eux aussi d’être mis en avant dans un volume dédié.
J’ai prêté le livre à deux personnes de mon entourage, je vous livre en substance leurs impressions :
Renée :
Il est effarant de constater à quel point l’Histoire se répète, au fil des siècles les peuples colonisés n’ont cessé de servir de bétail, de main d’œuvre, voire de divertissement. Le Noir passe pour un cannibale, un singe, quand il n’est pas vu comme un bon toutou inoffensif et obéissant. Le Juif, déjà peu gâté par l’Histoire, semble attirer vers lui les sentiments les plus violents, les plus haineux. La virulence de certains propos font froid dans le dos et semblent être les prémices des plus sombres années du XXe siècle. L’Arabe et l’Asiatique ne sont certes pas en reste, victime eux-aussi de préjugés absurdes souvent risibles, mais rien ne semble dépasser la haine du Juif.
Christian :
Je me suis récemment remis à la lecture intensive d’auteurs classiques du XIXe, cette lecture tombait donc à point ! Les extraits choisis ne sortent pas d’obscures textes oubliés, mais bel et bien de livres connus et reconnus, et toujours accessibles. Lorsque l’on étudie ces textes à l’école, on ne s’arrête effectivement pas sur cet aspect honteux et peu reluisant de ces auteurs, et pourtant ! nombre de ces textes d’apparence inoffensive recèlent de bien sombres propos. La pensée de leurs auteurs transparaissent clairement, encore faut-il vouloir ouvrir les yeux et l’accepter
Merci à Caroline et aux éditions Pimientos pour cette lecture.
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