- Auteur : Louise Erdrich
- Lu : décembre 2013
- Ma note :
1918. De retour du front, Fidelis Waldvogel, un jeune soldat allemand, tente sa chance en Amérique. Avec pour seul bagage une valise pleine de couteaux et de saucisses, il s’arrête à Argus, dans le Dakota du Nord où, bientôt rejoint par sa femme et son fils, il décide d’ouvrir une boucherie et de fonder une chorale, en souvenir de celle des maîtres bouchers où chantait son père. Des années 1920 aux années 1950, entre l’Europe et l’Amérique, ce roman à la fois épique et intime retrace le destin d’une famille confrontée au tumulte du monde.
Mon avis
Quelle découverte que voilà ! Ce titre était dans ma LAL depuis des années, il n’est jamais trop tard pour s’y mettre ! Si vous aimez les sagas, les fresques socio-historiques, les petites histoires dans la grande Histoire, les personnages plus vrais que nature, La chorale des maîtres bouchers vous comblera. Équipé d’une valise pleine de saucisses, le jeune Fidelis Waldvogel débarque en Amérique. Il se paie son trajet en train en vendant ses saucisses, jusqu’à ce que son voyage le mène à Argus, où il posera sa valise, et ses couteaux. Sa jeune épouse Eva le rejoint avec leur bébé, le boucher gravit les échelons et ouvre sa propre boutique, se forgeant sa réputation peu à peu. La chorale dont il est question dans le titre est un hommage à sa jeunesse allemande, avant la guerre. De la chorale, nous n’en saurons pas beaucoup plus, il s’agit surtout d’un symbole, d’une métaphore sur sa vie passée, le temps qui passe, le retour aux choses. Si pour Fidelis tout est possible dans son nouveau pays, l’adaptation à une nouvelle culture, une nouvelle langue reste difficile, le déracinement est violent, d’autant plus que la communauté qu’il choisit porte le poids de son histoire, avec les massacres de tribus indiennes.
Nous faisons ensuite la connaissance de Delphine et Cyprian, jeune couple bien mal assorti. Delphine a fui son père, alcoolique notoire et incurable, tandis que Cyprian, qui a du sang indien et du sang français, exploite ses talents d’acrobates de villes en villes. Lorsque Delphine revient à Argus, accompagnée de Cyprian, elle retrouve son père, toujours aussi alcoolique, fait la connaissance des Waldvogel et de leurs enfants, et renoue avec une amie d’enfance. De petites histoires en véritables drames, les personnages vont évoluer au sein d’une communauté au lourd passé. La Première Guerre mondiale est également encore présente dans les esprits, malgré cela, la guerre suivante sera inévitable. Tandis que Fidelis traverse péniblement la crise, sa famille restée en Allemagne prospère et s’enrichit. Même si personne n’y croit vraiment, la guerre couve et le destin des Waldvogel sera encore une fois la proie de l’Histoire.
Les personnages sont d’une justesse implacable, le récit foisonne de détails importants, d’anecdotes cruciales, tout a un sens et rien n’est superflu. Tout contribue à construire un tableau complet d’une histoire familiale riche et dense. Un coup de cœur donc !
2 remarques pertinentes pour “La chorale des maîtres bouchers”
Comme toi je l’ai dans ma PAL depuis des années. Un prof d’anglais américain et originaire de la même région que cet auteur me l’a chaudement recommandé mais je n’ai toujours pas eu le déclic! Je vais peut être m’y mettre en 2014 😉
Je ne connaissais pas ce titre mais j’aime beaucoup ce que tu en dis, je le note !
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