- Auteur: Émile Zola
- Lu : septembre 2010
- Ma note :
La Conquête de Plassans est un roman d’Émile Zola publié en 1874, le quatrième de la série Les Rougon-Macquart.
L’action se situe à Plassans, le berceau des Rougon-Macquart, petite ville que Zola a imaginée en s’inspirant d’Aix-en-Provence. La ville, acquise à Napoléon III grâce aux intrigues de la famille Rougon (La Fortune des Rougon), est passée aux légitimistes. Un prêtre bonapartiste, l’abbé Faujas, y est envoyé par le pouvoir pour la reconquérir.
Mon avis
Retrouvailles avec « Mimile », mon amour de jeunesse. Ayant acquis à la fois un ebook et l’intégralité des Rougon-Macquart dans la foulée, je n’ai plus d’excuse pour ne pas finir la série de l’un des auteurs morts responsable de mon addiction à la lecture.
La conquête de Plassans n’est clairement pas mon préféré, il reste difficile de rivaliser avec Germinal, Nana, La bête humaine, L’Assommoir ou Le docteur Pascal, pour ne citer que ceux qui m’ont le plus marquée.
Toutefois, j’ai retrouvé avec un plaisir certain l’univers cruel et fataliste des Rougon-Macquart.
François Mouret est marié à Marthe, sa cousine, et le couple vit paisiblement avec ses trois enfants de ses rentes d’anciens commerçants. Les deux époux se ressemblent et vivent en une relative harmonie, jusqu’au jour où Mouret loue l’étage à un abbé et sa vieille mère. Les deux arrivants ne paient pas de mine dans leurs vêtements défraichis, et portent sur eux l’austérité et la misère. Aussi discret que mystérieux, l’abbé Faujas traîne derrière lui une réputation assez trouble pour attiser les rumeurs. Mouret, peu enclin aux bondieuseries, accueille ce locataire d’un œil amusé, avant d’être intrigué et de se mettre à l’espionner.
Au fil des mois, la famille Mouret se rapprochera subtilement de l’abbé Faujas, jusqu’à transformer la vie jusque-là paisible de la maisonnée. Les intentions de l’abbé ne sont jamais claires, on ne le voit pas tellement manœuvrer directement, Zola décrit plus l’environnement de l’abbé et les autres personnages de Plassans que le curé lui-même, qui finalement mène son monde avec tant de sournoiserie et de subtilité qu’on le croirait presque porté par l’admiration que lui vouent les femmes, les jeunes, et les bourgeois ambitieux.
Marthe Mouret et sa mère seront ses premières victimes. La nature fragile et impressionnable de Marthe la poussera à se soumettre face au charisme de Faujas, homme fort et viril, sévère, mais représentant d’une justice et d’un hypothétique bonheur divins. La jeune femme, inconsciemment insatisfaite de son mariage, sombrera assez vite dans un mysticisme hystérique (pléonasme !), croyant trouver en Dieu un épanouissement absolu, et sera entièrement dévouée à Dieu et à l’abbé, tandis que sa mère Félicité, participera à l’ascension lente, mais sûre de l’abbé, non sans un certain intérêt personnel.
L’abbé mettra à ses pieds tout un groupe de femmes dévotes pour arriver à ses fins et améliorer son image d’austère religieux soucieux de faire de bonnes actions. La maison des Mouret, occupée par l’abbé, sa mère, mais aussi par sa sœur et son beau-frère, va changer progressivement, mais radicalement d’ambiance… et de propriétaires. Fataliste face au changement de comportement de sa femme, Mouret sombrera dans une sorte de dépression, et se mettra en retrait, abandonnant son statut de chef de famille. Marthe quant à elle, s’enfoncera encore plus dans sa dévotion, avant de réaliser, trop tard, le terrible cours qu’auront pris les événements.
De prime abord tout à fait sains d’esprit, Marthe et François seront trahis par leur hérédité, la faille originelle de leur grand-mère commune, Adélaide Fouque, ressurgissant au gré des contrariétés de leur déchéance.
Zola met en scène toute une partie de la population aisée de Plassans, où chacun tente de se faire une place.
Il critique la religion et la politique, et nous démontre les rapports entre les deux, le but commun des religieux et des politiques étant le pouvoir.
Une histoire qui commence dans la quiétude d’une sympathique famille unie, et qui finit dans la tragédie la plus totale.
Un excellent Zola, qui illustre bien la noirceur et la perfidie dont est capable l’homme quand il s’agit de pouvoir et de reconnaissance, ainsi que la crédulité maladive de l’humain face à la religion.
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