- Auteur : Irène Frain
- Lu : mai 2011
- Ma note :
Cela se passait en Inde, il y a plus de cinq siècles. Dans ce pays aimé des poètes, les puissants ont tout saccagé. Pour leurs constructions mirifiques, ils ont d »boisé les forêts, méprisé les forces de la terre et du ciel. Le vent s’engouffre dans les villages, la sécheresse s’installe, le fossé entre les riches et les pauvres devient intolérable, la misère rôde, la vie est en danger. Pourtant chacun courbe l’échine… Un jeune paysan va refuser la fatalité. Rejeté par les siens, Djambo a rejoint le peuple des Errants, connu la faim, la soif, la passion et l’inanité des rêves d’abondance. Avec quelques vagabonds, il fonde une communauté dont la survie tient à 29 principes simples. Leur ligne directrice : le respect de la Nature et de tous les êtres humains. Ces principes vont permettre au Pays de la Mort de ressusciter.
Mon avis
Pour ce roman Irène Frain s’inspire directement de faits historiques, et à travers son personnage de Djambo, qu’elle fait revivre à la manière d’un conte initiatique, nous entraîne à l’ère des premiers vrais écologistes. Le futur « prophète » des Bishnoïs naît au fin fond du Rajasthan, et grandit rejeté par sa mère et mal aimé par son père. Il apprend à se faire discret, à côtoyer les animaux, à observer la nature, le comportement humain. Dans ce coin de l’Inde proche du désert la sécheresse sévit depuis des années, et les radjas se servent sans compter dans les réserves naturelles de bois, sans se préoccuper des conséquences environnementales. Après plusieurs années d’errances, d’observation et de réflexion, le discret et silencieux Djambo va se faire le porte-parole de la nature, et drainer après lui de plus en plus de marginaux et de vagabonds, hommes, femmes et enfants rejetés par leur caste ou y ayant renoncé. Les 29 adoptent alors un nouveau mode de survie, entièrement basé sur le respect de la nature, des animaux, des hommes. Leurs 29 principes deviennent leur unique règle, strictement respectée au fil des siècles jusqu’à nos jours, et assurent ainsi leur survie dans un environnement hostile et dégradé par l’homme.
Le roman a des allures de conte, il se dégage du style limpide de l’auteur une ambiance contemplative, le personnage de Djambo parait irréel, habité dès l’enfance par ce qui fera de lui un homme qu’on écoute, qu’on suit, qu’on admire. Sa compréhension de la nature, son amour pour les animaux et pour les hommes font de lui un homme proche du réel et libéré des croyances irrationnelles de ses contemporains.
La réussite de son mode de vie devient un exemple au fil des années, jusqu’à ce jour du massacre de Khejarli, en septembre 1730, où les descendants des premiers Bishnoïs, pour rester fidèles à leurs 29 principes, (dont celui qui interdit de couper des arbres verts) s’enlacent autour des arbres que l’envoyé d’un radja menace de couper. En l’espace d’une semaine, 363 Bishnoïs seront ainsi décapités, enlaçant leur arbre. Admiratif, le radja ordonnera de protéger les arbres et les animaux des villages Bishnoïs, et interdira toute atteinte à leur mode de vie.
Un roman historique plein d’humanité qui dresse le portrait d’un homme autrement plus sacré et réel quel autre « prophète » à la noix.
Merci à Camille et Michel Lafon pour cette magnifique lecture.
2 remarques pertinentes pour “La forêt des 29”
Et dire que j'ai failli l'emrpunbter vendredi à la bliblio… bon, je sais ce qu'il me reste à faire !
C'est une auteure qui me tente bien, mais je ne l'ai toujours pas lu.
J'aime bien les auteurs qui puisent dans des éléments historiques un peu moins connus.
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cela se passe désormais sur Okenwillow.