- Auteur : Theodore Dreiser
- Lu : juin 2011
- Ma note :
« Les lumières, le tintement des tramways, les murmures attardés de la cité lui parlaient argent et lui en disaient le pouvoir: « je vais être heureuse pensait-elle à longueur de journée. »
Venue de sa campagne, Carrie débarque dans la grande ville. Chicago. Timide et discrète mais aussi farouchement ambitieuse. Elle comprend vite que sa beauté peut faire oublier ses origines modestes. D’amant en amant, elle saisit toutes les occasions pour être enfin admise dans la haute société. Elle connaîtra la gloire, certes, mais le bonheur ? Premier roman de Theodore Dreiser. Sister Carrie a provoqué l’indignation lors de sa publication en 1900, préfigurant l’importance de son influence sur la littérature du XXe siècle. À sa mort en 1945, Dreiser fut salué comme un maître et un modèle par des écrivains aussi divers que John Dos Passos, Ernest Hemingway ou Francis Scott Fitzgerald.
Mon avis
La jeune Caroline Meeber quitte son ancienne vie pour rejoindre sa sœur à Chicago, la tête pleine de rêves et d’ambition. Ayant peu d’atomes crochus avec sa sœur et le mari de celle-ci, elle mesure très vite la difficulté de trouver un travail digne et comprend l’urgence de devenir indépendante. Enfermé dans une routine de survie dépourvue de plaisir, le couple donne à Carrie une vision pessimiste de la vie citadine. La jeune fille n’aura de cesse de trouver sa voie vers une vie différente, et meilleure. Sa rencontre avec un jeune et fringant représentant de commerce conditionnera dès lors son destin.
Theodore Dreiser nous dresse un portrait saisissant d’une jeune fille à la fois ambitieuse et naïve, qui se laisse porter par les événements, tout en faisant les choix les plus égoïstes, de manière assez instinctive et inconsciente. Son cœur, incapable d’attachement profond et durable, la guidera dans ces choix, pas toujours nobles, car le personnage de Carrie, s’il nous apparaît de prime abord comme sympathique, devient peu à peu pathétique, puis carrément antipathique, avant de nous inspirer la pitié.
La façon dont elle arrive à ses fins est plutôt horrible et injuste, et sa naïveté, dont elle ne se départ pas jusqu’à la fin du livre, donne l’impression qu’elle ne calcule rien à l’avance, qu’elle saisit les occasions en dernière extrémité, sans « penser à mal », sans avoir conscience des conséquences de ses décisions.
Le personnage de Hurtswood est particulièrement poignant, Dreiser aurait pu le développer comme héros principal de son roman, tant son destin est riche et tragique. L’évolution des deux protagonistes est irrémédiable, une fois leurs destins liés il suffit d’attendre le dénouement, dont la prévisibilité ne gâche en rien l’intensité dramatique et l’émotion suscitée par un tel final.
Un très gros coup de cœur pour ce roman puissant, dense, tragique et magnifique !
Une remarque pertinente pour “Sister Carrie”
Je l'ai déjà commencé plusieurs fois (il est dans ma PAL depuis si longtemps). Un jour…
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