- Auteur : Pablo de Santis
- Ma note :
- Lu : avril 2012
Dans la Buenos Aires des années 50, à l’ombre de la dictature, Santiago, un jeune provincial réparateur de machines à écrire, se retrouve par hasard responsable de la rubrique ésotérique du journal où il travaille et informateur du ministère de l’Occulte, organisme officiel chargé de la recherche sur ces thèmes et les vérités qu’ils recouvrent. Malgré son scepticisme à l’égard du surnaturel, Santiago assiste à une rencontre de spécialistes des superstitions, y est témoin d’un meurtre et mis en contact avec « les antiquaires », des êtres extraordinaires qui vivent dans la pénombre entourés d’objets anciens, vendent de vieux livres et sont la proie d’une soif primordiale, celle du sang. Le hasard ou le destin, mais surtout un étrange amour, puissant et troublant, amènera Santiago à ne plus résister à cette soif et il devra alors chercher à survivre, peut-être pour l’éternité, dans un monde hostile.
Mon avis
Titre alléchant, quatrième de couverture prometteuse, un auteur qui m’est inconnu, et me voilà cédant à la pulsion. L’auteur nous propose une vision à la fois originale et classique du mythe du vampire, car (heureusement) très loin de tout ce que l’on peut lire actuellement sur ce thème. Il situe l’action dans l’Argentine des années 50, et le narrateur est un jeune réparateur de machines à écrire qui est subtilement amené à côtoyer d’étranges individus dont la nature extraordinaire ne tardera pas à lui être révélée, puisqu’il sera lui-même impliqué dans le destin de ces créatures. Il ne me semble pas voir lu une seule fois le mot « vampire », cela en dit long sur la façon dont l’auteur traite le sujet. Loin de l’aura de séduction qui entoure habituellement les personnages de vampires, le récit est sobre, presque réaliste, car il nous est rapporté par l’un d’entre eux, et tout le potentiel so glamourous du vampire s’évapore, bien que le mystère soit malgré tout omniprésent, même pour le narrateur. Ils ne sont pas immortels mais leur fabuleuse longévité développe leur amour des vieilles choses, et ils exercent ainsi la profession d’antiquaire, chacun ayant une spécialité de prédilection, libraire, numismate, etc. Vivant dans l’ombre, ayant trouvé le moyen de satisfaire leur soif de sang en toute « légalité », ils prennent soin de pas faire de vague, mais leur sécurité et leur anonymat ne tiennent qu’à un fil, et ils sont à la merci de la curiosité d’universitaires peu scrupuleux et trop persévérants.
L’auteur met en place ses personnages, son décor, avec une grande habileté, il nous plonge efficacement dans une époque et une ambiance bien particulières, mettant en scène un anti-héros qui en peu de temps connaît de brusques et irréversibles changements : il atteint l’âge adulte, évolue professionnellement et socialement, et découvre l’amour dans des circonstances peu habituelles. Sans parler de sa contamination et de son nouvel état. Le personnage de Santiago est troublant, il semble subir un destin hors norme sans beaucoup d’émotion, et j’ai eu du mal en avoir de l’empathie pour lui, pour ses amours, pour son nouvel état « d’antiquaire », je n’irai pas jusqu’à dire qu’il n’est pas intéressant, mais il m’a semblé manquer d’épaisseur, de passion, de vie. Il paraît assez détaché, même sa quête du livre convoité par d’autres protagonistes n’est pas convaincante, ce qui chez un autre auteur serait passé au premier plan de l’intrigue reste ici au stade de l’idée, car de Santis semble avoir opté pour la sobriété à tous les étages, sans aller trop loin dans le développement de l’histoire, et en se cantonnant à la vision du narrateur. Malgré tout ce dernier ne m’a pas particulièrement touchée, car l’univers évoqué, le milieu des « antiquaires », leur condition, leur organisation, tout ce qui aurait pu donner un roman riche et dense ne pas pas paru assez exploité. La soif primordiale est un roman d’atmosphère plein de potentiel, très plaisant à lire, mais beaucoup trop court pour profiter de l’univers à peine ébauché par Pablo de Santis.
Une remarque pertinente pour “La soif primordiale”
Je l'ai acheté au Salon du Livre de Paris. À la lecture du résumé, j'espérais que le thème des vampires soit abordé de manière originale (avec un petit côté "retour aux sources")… apparement oui ! 😉
My recent post Challenges + Concours Stop Talking And Read
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