- Auteur: Jeanne Bourin
- Lu : septembre 2007
- Ma note :
Le 15 juillet 1099, les croisés conquirent Jérusalem. C’était le terme de la première croisade, le plus audacieux pèlerinage de tous les temps. Nombre d’historiens ont rapporté cette extraordinaire expédition vers le tombeau du Christ. Mais personne encore n’avait écrit le roman de cette épopée au féminin. De Chartres à Jérusalem, en passant par Constantinople, Nicée, Antioche et Tripoli, Les Pérégrines nous entraînent à la suite de Brunissen, Flaminia et Alaïs, les trois filles d’un parcheminier chartrain. Par leurs yeux, nous découvrons les splendeurs de ces villes mais aussi les terribles épreuves rencontrées en route : la mort qui décime leur famille, les longues marches épuisantes, la faim, la soif, la maladie, les combats, les rivalités qui opposent les seigneurs francs. Soutenues par leur foi et les événements miraculeux qui sauvent les pèlerins du désastre, les trois soeurs nous font également vivre les amours passionnées et contradictoires qui vont diviser leurs coeurs et bouleverser leurs vies. Jeanne Bourin nous restitue avec éclat l’existence quotidienne des croisés. Elle nous replace dans cette époque de foi et de violence, en mêlant l’histoire à la fiction, et nous rappelle que les femmes, elles aussi, ont participé activement aux croisades. Elles furent les aventurières de Dieu.
Mon avis
J’ai lu Le grand feu du même auteur il y a des années. J’avais adoré. Pour mes retrouvailles avec Jeanne Bourin j’ai choisi de lire Les pérégrines. Fatale erreur ! Le contexte historique est passionnant, c’est bien raconté, les personnages traversent une période mouvementée, participent à la première croisade, découvrent l’amour et subissent des deuils. J’ai démarré la lecture enthousiasmée, je l’ai poursuivie un brin ennuyée, je l’ai terminée avec la nausée. Je sais bien que les personnages, par définition sont plus que pieux. C’est le minimum de la part d’un croisé. Mais au bout d’un moment, leur bêtise et leur fanatisme m’ont détachée d’eux. Ce roman a beau être une histoire sur les croisades, les dialogues mielleux ont fini par me sortir par les yeux. J’ai perdu tout intérêt pour le destin des personnages, chacun se disputant sa place du plus vertueux. Il y a un je ne sais quoi de niais chez eux. Le fanatisme, religieux ou non, m’a toujours dérangée. Là, il m’a en plus ennuyée. La seule préoccupation des différents protagonistes est de parvenir à Jérusalem, pur et innocent si possible. Les histoires d’amour sont bêbetes. La famille de Garin est caricaturale. Nous avons la fille aînée fiancée, mais qui va se découvrir une vocation de nonne, la cadette, amoureuse d’un homme marié qui le lui rend bien mais dont le divorce ne fait pas à ses yeux un homme libre, la benjamine, transie d’amour pour un sombre guerrier sanguinaire et coureur de jupon, deviendra selon toute apparence une femme soumise qui en redemande, et enfin son jumeau, jeune héros qui sortira estropié d’une bataille. J’oubliais la grand-mère Berthe, femme autoritaire. Gloire à la femme, gloire à Dieu. Un peu ça va, ça se comprend, mais là, ça frise la propagande. Je ne sais pas si j’aurais dû frémir d’un délice coupable à voir les personnages oser succomber à leurs péchés. Mais non, ça m’a laissée froide. Dommage, ça partait drôlement bien, car on nous raconte tout de même une période importante de l’histoire, des mouvements de populations qui pour l’époque devaient être impressionnants, où les gens avaient la même motivation et n’hésitaient pas à sacrifier leur vie, à découvrir des terres inconnues. Mais le manque de recul, le fanatisme des personnages m’a écoeurée. Je relirai certainement Jeanne Bourin, mais sans doute pas la suite, Les compagnons d’éternité.
3 remarques pertinentes pour “Les pérégrines”
Pour faire court, vous reprochez à un roman sur le Moyen-Âge d'être… chrétien. Le titre et le résumé auraient pourtant dus vous avertir du contenu.
Je suis particulièrement dérangé par le terme que vous employez sans cesse de "fanatisme" ; on croirait entendre Rousseau, Voltaire et toute leur clique… Il faudrait définir le terme. Pour être étudiant en histoire et avoir lu les deux volets de Jeanne Bourin sur les filles de Garin, je n'ai pas trouvé d'exagération dans le domaine religieux. Que voulez-vous, c'était ainsi au XIIe siècle : on construisait des cathédrales, on risquait sa vie au cours de pèlerinages incompréhensibles pour nous, on priait face contre terre les bras en croix dans les églises…etc. Toute cette ambiance est bien rendue dans les romans, et c'est même bon signe qu'elle décontenance des lecteurs contemporains.
Quant au côté mielleux de l'histoire, je reconnais volontiers qu'il y a dans les deux livres une certaine dimension "sentimentale" et "eau de rose" bien présente, cela étant probablement dû au fait que l'auteur soit une femme ; mais pour ce qui est du discours et du caractère des trois sœurs, rien d'abominable, d'irréaliste ou de pénible. On retrouve ce ton jusque dans les œuvres du Moyen-Âge en question : c'était le climat culturel de l'époque dans tous les ordres de la société. Ça ne m'a pas le moins du monde choqué.
On peut faite tout aussi réaliste et fidèle à l'époque sans tomber dans la caricature, en l’occurrence, cet aspect est trop omniprésent à mon goût, qu'on soit au non averti du contenu. Je n'ai pas aimé sa façon de traiter cet esprit de "fanatisme", (oui je le répète), on parle du Moyen Âge mais de nos jours encore ce genre d'endoctrinement religieux existe, alors minimiser la chose sous prétexte que c'est l'époque qui voulait ça, ça me fait rire (jaune) ^^
Et associer un ton sentimental au fait que le roman est écrit par une femme, ça porte un nom que la décence et la politesse m'empêche d'évoquer.
Mais qu'est-ce qui est caricatural, très concrètement ? Les expressions comme "Par la croix de Dieu" ou "Par le sang du Christ " ? le fait que l'oncle des trois sœurs soit un notaire épiscopal ? les références récurrentes au but surnaturel de la première croisade ? Je peux comprendre que vous n'appréciez pas ce genre de contexte, mais il ne s'agit pas d'un défaut du livre en lui-même ; parlons plutôt de réaction subjective. Autant, alors, traiter tout le Moyen-Âge d'époque "fanatique" ; préjugé très contestable. Vous appliquez des grilles de lecture contemporaines à une civilisation sur tous les points très éloignée de la nôtre : c'est le meilleur moyen de se fourvoyer et nombreux sont ceux qui n'hésitent pas à sauter à pieds joints dans cet écueil grotesque.
Peut-être avez-vous pris ma considération sur les romans de Jeanne Bourin d'une manière universelle et péremptoire ; je me suis mal exprimé, ce n'est pas ce que je voulais dire. Pour ce qui est de ma remarque sur le ton général de l'œuvre, ce n'est qu'une pure hypothèse de ma part : à mon avis, le fait que les personnages principaux soient des filles, ou plutôt des jeunes femmes, et que l'auteur soit du même sexe que ses héroïnes, n'est vraisemblablement pas sans incidence sur l'atmosphère des romans. Il est évident que toute l'histoire est perçue surtout à travers le prisme d'un regard féminin. Après, quel sont, en détail, les spécificités de cette perception et plus largement les caractéristiques propres de l'écriture féminine, je n'en sais rien, et cela dépasse de beaucoup le cadre de ce commentaire et surtout de ma très maigre science. Ce dont je suis plus certain, c'est que les femmes, d'une manière générale, n'écrivent pas comme les hommes. Mais il n'y a aucun mépris dans ce constat : je ne suis pas l'abominable macho que vous vous figurez peut-être. Les femmes sont différentes des hommes ; elles ont leur génie propre, qui n'est en rien inférieur à celui des hommes, mais simplement différent. Quel mal y a-t-il à cela ? Quel mal surtout de la dire ?
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