- Auteur : Kenneth Calhoun
- Ma note :
- Lu : mars 2015
Voilà que les hommes, pour des raisons inexpliquées, se mettent à perdre le sommeil. Rapidement, les rues se remplissent d’êtres aux yeux hagards, ivres d’épuisement et au bord de l’inconscience. Seuls quelques-uns échappent au fléau et doivent se cacher pour survivre, tandis que l’humanité sombre et que l’ancien monde s’effondre comme un château de cartes. Avec Lune noire, Kenneth Calhoun compose une véritable hallucination romanesque en forme de cauchemar éveillé.
Mon avis
Ce résumé ne pouvait que m’inciter à me jeter sur ce nouveau roman de la collection Exofictions d’Actes Sud. L’œil éclairé et l’esprit vif auront vu l’aspect zombifiant d’un tel roman. Car si l’idée de départ est originale, Lune noire n’est ni plus ni moins qu’une histoire de zombies. Ici, point de maladie mystérieuse qui transforme les morts en vivants cannibales, mais une « simple » insomnie définitive et généralisée, qui change le quidam en pâle silhouette hagarde, abrutie d’épuisement, le cerveau en surchauffe. Les quelques « dormeurs », ceux qui ne sont pas touchés par l’insomnie, doivent dormir en cachette, pour ne pas attiser l’envie des insomniaques, qui ont une fâcheuse tendance à devenir un brin méchant et agressif envers ceux qui peuvent encore s’offrir le luxe de dormir. La quasi-totalité de la population étant dans un état second, tout part en cacahuète, c’est désormais chacun pour soi.
Les personnages sont des dormeurs isolés et des insomniaques dont la déchéance est proche. Avant de devenir complètement fous ou de se faire tuer, tout ce petit monde évolue indépendamment des autres, chacun dans son coin. Le lecteur comprend et espère que leurs routes se croiseront, mais en attendant, on suit leurs déboires avec perplexité. L’idée est excellente, le traitement penche plus pour l’introspection et les flashbacks, que sur l’action et les révélations. L’ambiance est clairement à l’onirisme, le ton est donné avec quelques digressions personnelles et la représentation des symptômes de manque de sommeil lors de dialogues ou monologues surréalistes. Nous ne saurons rien sur le pourquoi du comment, mais beaucoup de choses sur le passé de certains protagonistes, tandis que d’autres seront moins approfondis. Quelques longueurs et des passages trop rapidement expédiés donnent une impression d’inégalité dans le récit, il aurait été plus intéressant de creuser du côté de Lila ou Felicia, plutôt que s’appesantir sur l’interminable érection de Chase (!!!), car même si j’ai bien compris l’idée, il n’en reste pas moins qu’à un moment donné, ça commence à faire long, et tout ceci donne vraiment l’impression de lire un brouillon.
Vous l’aurez compris, je reste mitigée, j’ai passé un bon moment de lecture, mais il manque un gros je-ne-sais-quoi qui aurait pu ajouter du piquant à l’intrigue, aux personnages, un rythme mieux maîtrisé et une conclusion un peu moins floue.
Les commentaires sont désormais fermés.
Pour la suite de mes lectures et autres déviances,
cela se passe désormais sur Ma Grosse PàL.