- Auteur : Nicci French (Nicci Gerrard & Sean French)
- Ma note :
- Lu : mars 2015
Premier volet d’une série de huit volumes mettant en scène la psychanalyste Frieda Klein. Suite à la dépression de son confrère et ancien mentor Ruben, Frieda récupère un nouveau patient, Alan. L’homme, très perturbé, confie sur le divan ses rêves obsédants : il ne cesse de songer à un petit garçon comme lui, qui serait son fils. Curieusement, la description de cet enfant correspond trait pour trait à Matthew Faraday, un garçon enlevé il y a quelques jours et dont la photo fait la une des journaux. Frieda aurait-elle reçu les aveux indirects d’un kidnappeur ou d’un meurtrier ?
Mon avis
Je connaissais Nicci French de nom, sans plus. La possibilité de les voir aux Quais du Polar (ici et là) m’a donné l’occasion de les lire, et d’offrir un exemplaire signé à une amie anglaise qui ne les connaissait pas. Le fait que l’héroïne soit présentée comme une psychanalyste dans l’édition française m’a laissée dubitative (pourquoi pas une astrologue, un marabout ou un coupeur de feu, tant qu’on y est ?), mais je suis une warrior, je prends des risques, j’ai l’esprit ouvert et curieux, et j’ai espéré que ce choix ait un sens au sein de l’intrigue. L’édition originale la présente comme une psychothérapeute, ce qui veut dire très exactement tout et son contraire, du thérapeute formé à la psychologie « scientifique » au gourou mystico-psychanalytique. Le choix est vaste. Mais soit, on ne sait jamais.
Malheureusement, ce qui est également présenté comme un polar ultra-psychologique, à la traduction impeccable, à l’intrigue page turner, et j’en passe (entendu notamment de la bouche d’un libraire !), s’avère être un roman à la psychologie à deux balles, aux rebondissements aussi mous que prévisibles. Je ne parle pas de la traduction, je n’ai pas pris le temps de tout relever mais LA perle est sans doute celle-ci :
« Le vin ne cessait de déborder par-dessus bord… »
Déjà, ça situe.
Les conclusions et les interprétations psy des protagonistes m’ont laissée béate de stupeur. Ça vole à peu près aussi haut que les téléfilms de M6 le dimanche après-midi. Le fond des plus insondables abysses a été atteint lorsque l’héroïne, psy mais également médecin, déclare à son interlocuteur :
— Vous avez été adopté, non ?
— Comment le savez-vous ? murmura-t-il.
— Pas par magie. J’ai juste vu une photo d’eux chez vous.
— Et ?
— Ils ont tous les deux les yeux bleus. Les vôtres sont marron. C’est génétiquement impossible.
La crédibilité générale du roman ne faisait déjà pas beaucoup de doute, mais là, on est dans les bas-fonds du thriller, là où l’auteur n’en a absolument rien à battre de dire des inepties, car cette énormité joue quand même un rôle dans l’intrigue, ce n’est pas une erreur de la psy. Nous avons là l’exemple le plus frappant, celui qui pique les yeux et l’intelligence moyenne, mais tout est l’avenant, les ressorts sont faciles, artificiels, le thème de la gémellité traîne son joli paquet de mythes et légendes, et toute l’intrigue dépend de ce fatras de n’importe quoi.
J’ai malgré tout terminé la lecture, histoire de m’assurer que ça allait finir comme ça avait l’air de devoir finir. Et effectivement ! J’ai rarement lu un thriller aussi prévisible, aussi peu documenté sur le contexte, et où le personnage médecin a un niveau de terminale en biologie !
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