- Auteur : Colson Whitehead
- Ma note :
- Lu : août 2017
Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d’avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu’elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s’enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les États libres du Nord.
De la Caroline du Sud à l’Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d’esclaves qui l’oblige à fuir, sans cesse, le « misérable cœur palpitant » des villes, elle fera tout pour conquérir sa liberté.
L’une des prouesses de Colson Whitehead est de matérialiser l’ »Underground Railroad », le célèbre réseau clandestin d’aide aux esclaves en fuite qui devient ici une véritable voie ferrée souterraine, pour explorer, avec une originalité et une maîtrise époustouflantes, les fondements et la mécanique du racisme.
À la fois récit d’un combat poignant et réflexion saisissante sur la lecture de l’Histoire, ce roman, couronné par le prix Pulitzer, est une œuvre politique aujourd’hui plus que jamais nécessaire.
Mon avis
Je ne connaissais ni l’auteur ni sa réputation. Je le découvre avec Underground Railroad, qui lui a valu le Prix Pulitzer 2017, le National Book Award 2016 et le Prix Arthur C.Clarke, rien de moins. Ce dernier prix m’a laissée perplexe, vu le faible niveau de SF du roman.
Whitehead s’inspire du chemin de fer souterrain, terme métaphorique qui désigne un ancien réseau d’entraide destiné aux esclaves en fuite dans le Sud des États-Unis, dans les années 1850-1860.
À l’origine, The Underground Railroad était un réseau d’individus et de routes clandestines rassemblant aussi bien des Blancs que des Noirs, tout individu aux idées abolitionnistes souhaitant apporter son aide. Un réseau secret efficace, à la mécanique bien rodée qui a pu sauver des milliers d’esclaves en fuite.
Dans son roman, l’auteur transforme la métaphore ferroviaire en réel train souterrain, ce qui fait de son récit une sorte d’histoire alternative, où le train métaphorique devient une réalité physique. Le train et son réseau de chemin de fer souterrain prend vie sous nos yeux, sans que jamais l’auteur ne donne d’explication à son existence. Les personnages tirent avantage de ce réseau mais personne ne semble en connaître l’origine. Le réseau est là, et malgré les chefs de gare, les conducteurs, on ne sait pas qui a construit ce gigantesque réseau à plusieurs mètres sous terre.
Nous suivons donc Cora, une jeune esclave dont la mère est restée dans les mémoires pour avoir réussi à fuir sans être reprise. Elle saisit l’occasion qui lui est donnée par Caesar de tenter le tout pour le tout en fuyant la plantation où elle est née.
Le duo goûte alors à la liberté, concept abstrait qu’il commence enfin à appréhender. Cora et Caesar découvrent également un monde nouveau, urbain, où le travail est rémunéré. Une nouvelle vie peut s’offrir à eux, loin des plantations.
Mais c’est sans compter les chasseurs d’esclaves, notamment le plus redouté, le très demandé Ridgeway. Une course poursuite à travers plusieurs états s’engage entre Cora et Ridgeway, qui a des raisons bien particulières de vouloir la capturer.
La cruauté de l’époque est très bien illustrée au travers du personnage de Ridgeway, pour ne citer que lui. Le sort des complices, Noirs et Blancs qui aident les esclaves dans leur fuite est effarant. Le racisme omniprésent augmente l’admiration du lecteur pour les Blancs de cette période qui ont osé et été capable de penser autrement, mettant en avant l’égalité et la liberté, peu importe la couleur de peau.
L’auteur nous livre une riche galerie de personnages de tout bord, pour incarner chaque aspect d’une époque hostile et enfermée dans un schéma de pensée arriéré. On est forcé de constater que si les choses ont évolué, un terreau de haine et d’ignorance demeure encore de nos jours. Et ce constat fait froid dans le dos.
La lecture d’Underground Railroad est très prenante, l’auteur ne fait pas dans le superflu. Son choix d’avoir donné corps à ce chemin de fer souterrain lui a valu un prix de SF, et un succès critique unanime. En ce qui me concerne, si j’ai aimé lire ce récit, découvrir un aspect de cette période peu connu par chez nous, j’ai du mal à comprendre l’intérêt de ce choix. À mon sens, je ne vois rien qui le justifie, cela n’apporte rien à l’histoire. J’aurais préféré plus de profondeur et de détails historiques, et moins d’anachronismes, qui eux non plus n’apportent rien à l’intrigue. L’auteur s’est fait plaisir, mais j’ai du mal à saisir la pertinence de ce parti pris.
Malgré ce bémol de rien du tout Underground Railroad reste une lecture à recommander, une évocation d’un pan de l’histoire de l’esclavage à ne pas oublier.
Une remarque pertinente pour “Underground Railroad”
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