- Auteur : Robert Jackson Bennett
- Ma note :
- Lu : novembre 2018
Veillée par une lune rose, Wink, au Nouveau-Mexique, est une petite ville idéale. À un détail près?: elle ne figure sur aucune carte. Après deux ans d’errance, Mona Bright, ex-flic, vient d’y hériter de la maison de sa mère, qui s’est suicidée trente ans plus tôt. Très vite, Mona s’attache au calme des rues, aux jolis petits pavillons, aux habitants qui semblent encore vivre dans l’utopique douceur des années cinquante. Pourtant, au fil de ses rencontres et de son enquête sur le passé de sa mère et les circonstances de sa mort (fuyez le naturel…), Mona doit se rendre à l’évidence : une menace plane sur Wink et ses étranges habitants.
Sera-t-elle vraiment de taille à affronter les forces occultes à l’œuvre dans ce lieu hors d’Amérique ?
mon avis
Présenté comme le chef-d’œuvre de Robert Jackson Bennett et proposé avec la première fournée Albin Michel Imaginaire, American elsewhere s’annonce également comme un réjouissant mélange de King et de Lovecraft, au moins. Voilà, au moins vous savez.
Mona, milieu de trentaine, ancienne flic en perdition sans domicile fixe, fuit un passé compliqué ponctué de drames familiaux. Lorsqu’elle hérite de la maison de sa mère, morte depuis trente ans, elle bascule très vite dans un univers qui l’attire irrémédiablement, une petite ville tranquille sans souci apparent, un peu perdue dans le temps, où presque rien ne se passe, si ce n’est la mort aussi inattendue qu’inexplicable de l’un de ses administrés. La bizarrerie de la ville et de ses habitants saute aux yeux du lecteur, alors que le personnage de Mona s’immerge sans trop de suspicion dans la vie quotidienne de Wink. Bien sûr elle se pose des questions, mais son errance passée et ses antécédents rendent assez facile son adaptation et endorment momentanément sa méfiance.
cocktail de genres
Une ambiance de petite ville tranquille, difficilement accessible, coupée du monde, des habitants charmants, tout semble aller pour le mieux à Wink, jusqu’à ce que tout parte en cacahouète. Roman faussement fantastique au premier abord, le mélange des genres ne se fait pas attendre. Thriller SF teinté d’horreur, peuplé de bestioles et d’êtres mystérieux aussi indescriptibles qu’indéfinissables, on pense bien évidemment à Stephen King et à Lovecraft, pour ne citer qu’eux.
La ville de Wink a été construite autour d’un mystérieux laboratoire désormais abandonné, et personne ne sait sur quoi les scientifiques travaillaient. Mais depuis lors, le temps semble s’être arrêté. Trame de départ un chouïa vue et revue mais qu’importe, le récit évolue suivant un rythme très maîtrisé. Les aspectsSF et/ou fantastique noient le lecteur sous moult interrogations, tant les indices sont obscurs et les explications distillées au compte-goutte. Atmosphère anxiogène certes, mais non dénuée d’humour. Les personnages, de par leur nature, sont souvent en décalage avec la réalité, on comprend pourquoi au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue, complexe et parfois surchargée de détails finalement sans importance. Certains passages sont effectivement un peu superflus et ne font que semer doute et confusion, et pas forcément à bon escient. Néanmoins le plaisir de lecture n’en pâtit pas et la curiosité est maintenue sans temps morts. L’auteur ne craint pas les descriptions, et celles des créatures sont tout aussi glaçantes que farfelues, car elles ne laissent plus beaucoup de place à l’imagination.
Mona Bright est une femme qui en a bavé, et malgré ses années d’errance et de désespoir elle en a encore dans le pantalon. Son passé la rattrape de manière inattendue, même si certains ressorts m’ont paru prévisibles. Les gens de Wink sont tout aussi attachants et haut en couleur, leur particularité ne les rend pas pour autant tous hostiles aux humains.
Retour aux sources
Robert Jackson Bennett propose ici un roman assez réjouissant et superbement maîtrisé, un bel hommage à une littérature que j’ai beaucoup lue à une époque, lorsque j’ai découvert Stephen King, Serge Brussolo (j’ai beaucoup pensé aux Geôliers pendant la lecture) Dean Koontz, ou Graham Masterton. L’aspect lovecraftien est également très présent, tentaculairement parlant. Une chouette lecture efficace et rondement menée.
2 remarques pertinentes pour “American Elsewhere”
[…] L’avis de la Lectrice hérétique sur American Elsewhere de Robert Jackson Bennett […]
J’ai adoré! Certains y trouveront des « longueurs », moi j’y vois quand même le côté « Stephen King » qui prend bien son temps pour planter tout (décor, perso, actions, etc…) on aime ou on n’aime pas. Mais j’ai adoré me plongé dans Wink!
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