- Auteur : Hanni Münzer
- Ma note :
- Lu : janvier 2018
Étudiante à Seattle, Felicity reçoit un appel : Martha, sa mère, a disparu… Felicity la retrouve à Rome, où Martha s’est enfuie avec des archives familiales.
Martha a en effet découvert une longue lettre écrite par sa propre mère, Deborah, fille d’une diva qui connut son heure de gloire aux débuts du IIIe Reich. Une lettre qui va plonger Felicity dans une quête douloureuse.
Alternant passé et présent, ce roman mêle amour et trahison, colère et culpabilité, péché et expiation, autour d’un secret de famille courant sur quatre générations.
mon avis
Au nom de ma mère propose un point de vue interessant sur le nazisme puisqu’il met en scène des personnages aux premières loges.
Après une introduction aussi brève que superficielle, nous entrons rapidement dans le vif du sujet avec le récit de Deborah. La grand-mère qui vient récemment de passer de vie à trépas adresse une longue lettre à sa fille Martha. Sur un coup de tête et avec très peu d’indices, elle s’envole pour Rome, sans prévenir personne. Pour la vraisemblance on repassera. Un démarrage qui m’a vite énervée tant il m’a paru tiré par les cheveux. Mais soit, on plonge direct dans le fameux récit de Deborah, au temps du IIIe Reich et de l’arrivée d’Hitler.
Élisabeth et Gustav
Élisabeth, une jeune et belle cantatrice a épousé Gustav, un médecin renommé. Elle est ingénue et rêveuse, ignorante des choses de la politique. Il est Juif et assez lucide pour craindre ce que l’avenir réserve à sa famille avec l’apparition d’un certain Hilter. La vie de la petite famille se trouve chamboulée au fil des ans, avec l’arrivée du nazisme et la politique mise en place. Des décisions sont donc prises, mais tout ne se passe pas comme prévu. Nous assistons à un grand et tragique changement, le peuple allemand, soumis à une politique raciste et antisémite est prisonnier en son propre pays, et ceux qui ne partagent pas l’idéologie nazie fuient ou se cachent, tentant d’échapper au destin que le Führer leur réserve. En cela, le lecteur froisonne d’angoisse et partage le sentiment d’oppression des personnages.
Deborah
Deborah, leur fille, va devoir elle aussi lutter pour survivre, en tant que femme, et en tant que Juive. Le parcours de la mère et celui de la fille sont des plus stéréotypés, de même que leur profils psychologiques. J’ai eu du mal à adhérer à leur personnalités. Certes, à cette époque leur condition de femme ne leur donne pas beaucoup de latitude. Leur champ d’action reste limité, néanmoins, les clichés m’ont tout de même passablement irritée. Leur arme principale étant leur sexe, et un peu leur cerveau, ce dernier ne leur servirait à rien sans le premier. En tout cas c’est ce qui ressort de ma lecture. Alors oui, elles ont donné de leur personne, c’est le cas de le dire, pour survivre dans un environnement hostile et extrême, mais je me demande si un peu plus de nuance n’aurait pas enrichi l’intrigue et rendu un peu de dignité aux personnages. L’aspect historique du roman est passionnant, certains éléments sont réels tandis que d’autres sont inspirés de la réalité. Le nazisme vu de l’intérieur par une partie du peuple allemand donne un éclairage intéressant sur cette période.
Martha et felicity
La narration est fluide, limpide, la lecture n’en est que plus agréable et facile. Mais cette facilité m’a également gênée, la subtilité n’est apparemment pas le fort de l’autrice, qui accumule les personnages stéréotypés, hommes ou femmes, et les situations du même ordre. Le côté purement romanesque de l’intrigue est grossièrement ficelé, ponctué d’épisodes vaguement érotiques qui ne sont pas à la faveur des personnages féminins. Je trouve le choix du format de la lettre assez bizarre. Un récit à la première personne, plus logique, aurait eu plus de force et d’intérêt. Ici, on perd clairement en intensité.
Le passé de Deborah explique la relation qu’elle a pu avoir avec sa fille Martha, et celle de cette dernière avec sa fille Felicity. Le problème, c’est que ces deux personnages sont quasi inexistants, et donc, on s’en bat les feuilles de leur relation mère-fille ratée. L’autrice n’a rien fait pour nous les rendre attachantes, le récit se focalisant sur Deborah et sa mère.
Globalement un roman qui se lit bien malgré son aspect un peu réchauffé, mais pas un indispensable. Une suite, Marlène, pas encore traduite, se focalise sur l’un des personnages féminins de ce roman.
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