- Auteur : Josh Malerman
- Ma note :
- Lu : 10/2014
Malorie élève ses enfants de la seule façon possible : barricadés chez eux. Dehors, il y a un danger terrible, sans nom. S’ils s’aventurent à l’extérieur, ce sera les yeux bandés pour rester en vie. S’ils ôtent leurs bandeaux, ils se donneront la mort avec une violence inouïe. Malorie a deux solutions : rester cachée avec ses enfants, isolée, ou bien entamer un terrifiant périple jusqu’au fleuve dans une tentative désespérée, presque vaine, pour rejoindre une hypothétique colonie de survivants. La maison est calme. Les portes sont verrouillées, les rideaux sont tirés, les matelas cloués aux fenêtres. Les enfants dorment dans la chambre de l’autre côté du couloir. Mais bientôt, elle devra les réveiller et leur bander les yeux. Aujourd’hui, ils doivent quitter la maison et jouer le tout pour le tout. Un tour de force psychologique oppressant au cœur de l’Amérique contemporaine, dans une atmosphère de fin des temps digne d’un livre de Barjavel, de La Route de Cormac McCarthy ou du Jour des Triffides de John Wyndham. Bird Box revisite le roman post-apocalyptique et hisse son jeune auteur Josh Malerman parmi les grands noms du genre.
Mon avis
Il y a quatre ans, Malorie tombe enceinte, au moment où le monde bascule dans le chaos et l’inconnu. Les suicides violents se multiplient, sans explication autre que celle d’une vision tellement effroyable que les victimes en deviennent folles au point de se donner la mort. Seule solution en l’absence de réelle explication, sortir les yeux bandés, ou ne plus sortir du tout. Malorie élève donc ses enfants confinés dans une maison désormais isolée du monde et les oblige à porter un bandeau lors de rares sorties. Le personnage de Malorie est très dur, c’est une mère obsédée par la discipline qu’elle impose à ses enfants encore petits, de manière à les rendre attentifs à ce qu’ils ne peuvent pas voir. Vient le jour préparé si minutieusement, le jour de leur fuite. Commence alors une course contre la montre pour le trio, une course en aveugle dans l’inconnu, l’invisible, le danger et la mort certaine pour qui verra l’ennemi en face. L’ennemi est omniprésent, on ne le voit pas, on ne sait pas à quoi il ressemble, faute de survivants pour en témoigner. Les flashbacks sont nombreux et nous ramènent aux premières heures des vagues de suicides. La réclusion de Malorie et des autres survivants, la tension entre les protagonistes est de plus en plus palpable, la situation précaire, voire désespérée, l’intrigue se développe dans une atmosphère pesante jusqu’à la fuite de Malorie.
Bird box est un roman aussi bref qu’intense, il ne m’aura fallu que quelques heures pour le liquider proprement. Les personnages m’ont semblé manquer de substance, mais le rythme du récit suffit à pallier cette lacune. Les enfants, qui n’ont que quatre ans, m’ont paru avoir un langage bien mûr pour leur jeune âge. L’invisible, l’impalpable fait peur. L’horreur est ici principalement psychologique, la vision de ce « quelque chose » suffit à rendre les gens fous et suicidaires, sans autre explication, et encore moins de solution. L’obscurité et l’imagination entretiennent le sentiment de peur, d’oppression et de danger. Certaines scènes sont particulièrement intenses, on partage l’angoisse des personnages aux yeux bandés, qui sans rien voir, devinent ou imaginent la menace à proximité. L’ennemi est-il réel, les créatures abominables qu’ils craignent plus que tout ont-elles seulement une existence physique ? Nul n’a la réponse, et l’auteur se garde bien de nous aiguiller, préférant entretenir le doute. Néanmoins, la fin, trop prévisible m’a un peu déçue, le sujet offrait pourtant d’autres options, mais l’auteur a opté pour la facilité. Un bon roman post-apocalyptique bien pesant, sans effets spectaculaires, mais efficace.
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