- Auteur : Tim Willocks
- Ma note :
- Lu : juillet 2012
Ses muscles se lancèrent dans un double galop. Ses coussinets martelaient la roche. Son sang de lévrier lui donnait vitesse et puissance. Son sang de chien-loup, endurance et courage. Au lieu de se sentir plus faible, il se sentait plus fort. Et alors il comprit quelque chose d’extraordinaire. Même si le tunnel était noir comme une nuit sans étoiles, et alors même qu’il courait à toute vitesse, il ne se heurtait pas aux parois qui n’étaient qu’à quelques centimètres de lui.
Furgul ne savait pas pourquoi. Il ne faisait que courir. Puis un vent étrange souffla, venu du tunnel derrière lui. Et, comme si un fantôme avait chuchoté à son âme, Furgul entendit l’appel des Doglands.
Mon avis
En 2010, La Religion de Tim Willocks m’avait fortement impressionnée, l’occasion de lire autre chose du même auteur s’est présentée lors du FIRN de Frontignan, où j’ai eu la chance de rencontrer Tim Willocks. Oui, mesdames et messieurs, lui-même en personne en chair et en os. Joie ! L’occasion donc de faire dédicacer mon pavé exemplaire de La Religion ainsi que Bad City Blues, sans oublier son dernier roman, Doglands, lisible par nos morveux jeunes à partir de 12 ans. Pour écrire Doglands, Tim Willocks s’est inspiré de son propre chien Feargal, malheureusement « parti courir avec les vents » il y a un peu plus de deux mois. Autant dire que cette info rend la lecture du livre d’autant plus émouvante.
Le jeune Furgul, né dans un élevage de lévriers de course, parvient à fuir la cruauté de maître des lieux, Dedbone, un méchant pas beau à tendances sadiques qui n’hésite pas à supprimer les chiens les plus faibles. Le chiot va vivre de sacrées aventures, tout en se promettant de retourner un jour à la Fosse de Dedbone pour délivrer sa mère et tous les autres chiens maltraités et exploités de l’élevage. Plusieurs personnages croisent la route de Furgul, qui, devenu adulte, n’oublie pas sa promesse. L’histoire est entièrement racontée du point de vue du chien, qui a bien du mal à cerner les motivations de humains et à donner un sens à leurs comportements.
De péripéties en rencontres, Furgul va apprendre à mieux comprendre les humains ainsi que sa propre nature de chien. Le début du roman m’a paru un poil violent pour un jeune lectorat, certaines scènes de bagarre et de combat sont assez sanguinolentes, et le réalisme (relatif) de ces affrontements suffit à purger l’histoire d’un aspect qui aurait pu être enfantin. Car n’oublions pas que ce sont des chiens qui parlent, il aurait été facile de tomber dans la niaiserie, mais non, Willocks s’en sort à merveille et nous livre une très belle fable initiatique. Furgul est un maraudeur, comme son père, il est épris de liberté, et tend à retrouver ses racines et sa véritable nature de chien, tel qu’il aurait pu être avant la domestication par l’Homme.
Si le roman s’adresse à la jeunesse, il est parfaitement lisible par les adultes, qui verront là un conte plein d’humour et de poésie, d’amour et de sensibilité. Il faut bien connaître les chiens et les aimer pour en parler d’une façon aussi belle et émouvante. Tim Willocks est un auteur à lire absolument ! (je le dis pour ceux qui ne le sauraient pas encore).
À noter, Doglands est le premier volume d’une trilogie, et la suite de La Religion est en cours de traduction par Benjamin Legrand.
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