- Auteur : R.J.Ellory
- Ma note :
- Lu : juin 2012 sur Sony PRS-T1
Frank Parish, inspecteur au NYPD, a des difficultés relationnelles. Avec sa femme, avec sa fille, avec sa hiérarchie. C’est un homme perdu, qui n’a jamais vraiment résolu ses problèmes avec son père, mort assassiné en 1992 après avoir été une figure légendaire des Anges de New York, ces flics d’élite qui, dans les années quatre-vingt, ont nettoyé Manhattan de la pègre et des gangs. Alors qu’il vient de perdre son partenaire et qu’il est l’objet d’une enquête des affaires internes, Frank s’obstine, au prix de sa carrière et de son équilibre mental, à creuser une affaire apparemment banale, la mort d’une adolescente. Persuadé que celle-ci a été la victime d’un tueur en série qui sévit dans l’ombre depuis longtemps, il essaie obstinément de trouver un lien entre plusieurs meurtres irrésolus. Mais, ayant perdu la confiance de tous, son entêtement ne fait qu’ajouter à un passif déjà lourd. Contraint de consulter une psychothérapeute, Frank va lui livrer l’histoire de son père et des Anges de New York, une histoire bien différente de la légende communément admise. Mais il y a des secrets qui, pour le bien de tous, gagneraient à rester enterrés.
Mon avis
Roger Jon Ellory a fait ma joie avec Les Anonymes puis avec Seul le silence. Joie renouvelée lorsqu’il a accepté de répondre à mon interview. Ce fut donc une nouvelle joie lorsque je suis allée à la Comédie du livre cette année pour le rencontrer, avec une dédicace à la clé. Youpi. Il me restait donc à lire Les anges de New York, avant de rattraper mon retard avec Vendetta.
Ellory fait du noir, du très noir. En d’autres termes, il n’y pas que l’enquête policière qui compte, le contexte humain tient un part importante dans les romans d’Ellory, sans pour autant négliger l’intrigue, toujours fouillée. Notre héros du moment est un inspecteur divorcé, père de deux enfants désormais adultes, et a un fort penchant pour la boisson. Eh oui, encore les gros clichés du policier qui a raté sa vie personnelle par amour pour son métier. Mais chez Ellory les clichés ont un sens et justifient parfois l’intrigue qui les enrobe. Nous suivons donc Frank Parrish dans une enquête difficile, et nous le suivons également au fil de sa thérapie, difficile aussi. Ses rendez-vous chez la psy sont aussi importants que ses investigations et sa gestion de l’enquête. Les dialogues entre lui et sa psy sont un pur délice, et ces chapitres se concluent à chaque fois sur une phrase percutante. Le personnage de Parrish m’a paru parfaitement réaliste et humain, ses angoisses le dévorent à petit feu et l’ombre de son père plane sur lui en permanence. Reconnu dans son métier il n’en demeure pas moins un élément difficile à cerner et à garder dans le droit chemin. Épris de justice de manière maladive et obsessionnelle, il n’hésite pas à sortir des clous lorsqu’il pense que cela peut servir la cause des victimes et neutraliser les coupables. Intuitif et efficace, il peut paraître un poil borné dans ses certitudes, poussé par des convictions qui ne font pas forcément l’unanimité. Obnubilé par son enquête en cours, Parrish confie à sa psy ses doutes, ses suspicions, ses intuitions, tout en lui racontant le passé de son père, qui selon lui n’était pas si glorieux. Deux histoires en une, une enquête sordide sur des meurtres de jeunes filles, et un flic ripoux à la réputation sans taches, avec au milieu un flic tourmenté, à la fois fils rancunier et mari/père foireux. On plonge avec lui dans cette époque où la Mafia avait la main-mise sur à peu près tout, police comprise. Parrish est un homme déçu, un fils blessé, un flic viscéralement contrarié par la réputation de son père, qu’il estime injustifiée. S’estimant portant d’un lourd secret et d’une vérité qui ne se dit pas, il met un point d’honneur à accomplir son devoir quoi qu’il lui en coûte. Le fils rachetant les erreurs du père… amis psy, ce roman est pour vous !
Vous l’aurez compris, chez Ellory il ne suffit pas d’un flic alcoolo, il faut en faire quelque chose, en sortir une histoire en béton et des personnages tout aussi solides et profonds. À la fois roman policier, roman psychologique, roman social, et même roman familial, Les Anges de New York ne manque pas non plus d’humour avec ces fameux chapitres des rendez-vous psy de Parrish, franchement jubilatoires.
En bonus une étonnante nouvelle inédite, Le Texas en automne, mais je n’en dis pas plus…
Extraits
À 21 heures, il avait vidé une bouteille de Bushmills et sortit en acheter une autre.
À son retour, il regarda la télé. Songea à appeler Caitlin, mais se ravisa. Elle devinerait qu’il avait bu, lui ferait la morale pour son propre bien. Si c’était pour son propre bien, pourquoi se sentait-il si mal chaque fois qu’elle faisait ça ?
– Je suis désolée, Frank. C’est juste que je vous entends dire une chose, et je sais que vous en dites une autre.
– Eh bien, je suppose que c’est l’avantage d’avoir un diplôme de psychologie, parce que moi, j’ai l’impression que ce que je dis, c’est exactement ce que je pense.
– OK, d’accord. Vous dites ce que vous pensez.
– Maintenant, vous avez l’air condescendante.
– Je suis désolée. Excusez-moi. Ce n’est pas du tout l’impression que je veux vous donner.
– Et maintenant ? On en a fini pour aujourd’hui ?
– Vous croyez que nous en avons fini ?
– Bon Dieu, vous êtes forcée de répondre à une question par une autre question ? En ce qui me concerne, on en a fini dès le premier jour où je suis venu ici.
Une remarque pertinente pour “Les anges de New York”
On a acheté Vendetta lors de la dernière virée librairie. Et il me tente bien aussi!
Je le connais par « Seul le silence », que j’avais bien apprécié. Il m’avait surprise.
Il faut que je continue ma découverte!
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