- Auteur : Franck Bouysse
- Ma note :
- Lu : septembre 2016
L’abbé Pierre vient de mourir. Gus ne saurait dire pourquoi la nouvelle le remue de la sorte. Il ne l’avait pourtant jamais connu, cet homme-là, catholique de surcroît, alors que Gus est protestant.
Mais sans savoir pourquoi, c’était un peu comme si l’abbé faisait partie de sa famille, et elle n est pas bien grande, la famille de Gus. En fait, il n’en a plus vraiment, à part Abel et Mars. Mais qui aurait pu raisonnablement affirmer qu’un voisin et un chien représentaient une vraie famille ? Juste mieux que rien. C’est justement près de la ferme de son voisin Abel que Gus se poste en ce froid matin de janvier avec son calibre seize à canons superposés. Il a repéré du gibier. Mais au moment de tirer, un coup de feu. Abel sans doute a eu la même idée ? Non. Longtemps après, Gus se dira qu’il n’aurait jamais dû baisser les yeux. Il y avait cette grosse tache dans la neige. Gus va rester immobile, incapable de comprendre. La neige se colore en rouge, au fur et à mesure de sa chute. Que s’est-il passé chez Abel ?
Mon avis
Lu dans la foulée de Plateau (qui lui est plus récent), Grossir le ciel se déroule lui aussi dans un environnement rural, austère, lugubre, et met en scène deux paysans vivant seuls et dont l’isolement à engendré une relation à la fois amicale et réservée. Gus est un vieux garçon un peu sauvage est encore sous le choc de la mort de l’abbé Pierre. Abel, son voisin, et ce qui se rapproche le plus d’un ami, semble avoir un étrange comportement, bouleversant la routine et la relation des deux hommes. Pas vraiment amis mais assez proches pour s’entraider, Gus et Abel n’étaient pourtant pas destinés à s’entendre du tout, lorsque du jour au lendemain un semblant de dialogue a commencé à naître. Depuis, les deux hommes vivent paisiblement une vie faite de travail et de routine, n’hésitant pas à se donner mutuellement des coups de main au besoin. Jusqu’au jour où tout bascule lentement, subtilement, remuant un passé inattendu.
L’écriture est un véritable régal, là aussi nous plongeons dans une ambiance noire et austère, la vie sans joie ni surprise des deux protagonistes est parfaitement décrite, leurs caractères bien dessinés et le tout crée une ambiance lourde, faite de doutes, de silences, de non-dits, de secrets toujours bien gardés. On sent un peu venir une partie de la révélation finale, et le dénouement est peut-être un peu trop capillotracté à mon goût, mais l’ensemble fonctionne à merveille et on se laisse prendre par la plume efficace et travaillée de Bouysse. Une belle découverte que cet auteur que finalement je ne pourrai pas aller rencontrer au festival Polars du Sud en octobre, mais ce n’est que partie remise !
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