- Auteur : Philippe Claudel
- Ma note :
- Lu : mars 2009
Le métier de Brodeck n’est pas de raconter des histoires. Son activité consiste à établir de brèves notices sur l’état de la flore, des arbres, des saisons et du gibier, de la neige et des pluies, un travail sans importance pour son administration. Brodeck ne sait même pas si ses rapports parviennent à destination. Depuis la guerre, les courriers fonctionnent mal, il faudra beaucoup de temps pour que la situation s’améliore. «On ne te demande pas un roman, c’est Rudi Gott, le maréchal-ferrant du village qui a parlé, tu diras les choses, c’est tout, comme pour un de tes rapports.»
Mon avis
Oui, bon. Bon, oui, certes, une bonne lecture que voilà, mais à mon sens pas à la hauteur de sa réputation de chef d’œuvre. N’exagérons rien non plus. Le style est indéniablement agréable et puissant, l’histoire est percutante. Le récit que nous fait Brodeck sur son village, sa vie, sur les gens qui ont influé sur son destin est intéressant tout au long du livre, mais a commencé à vraiment me captiver sur le dernier tiers. L’auteur ne situe pas l’action, il ne nous donne aucun info réelle sur les lieux ou l’époque, si ce n’est des noms au consonances germaniques. L’histoire, celle d’un crime collectif, pourrait se produire n’importe où, dans n’importe quel pays, à n’importe quelle époque, même si tout ou presque évoque les camps de concentration, le nazisme, etc. Situation universellement applicable à n’importe qui, hélas. J’ai aimé cet aspect qui permet de se rendre compte (à supposer qu’on en ait encore besoin) de l’universalité de la bêtise, de la peur et de la lâcheté. La peur peut être dévastatrice si elle se conjugue à l’idiotie. Le roman est très sombre, les personnages odieux pour beaucoup, très biens vus, et malheureusement pas exagérés. Toutefois, ce qui m’a vite énervée, ce qui m’empêche de crier au chef-d’œuvre c’est clairement les incessants flashbacks. On navigue vite et souvent entre le rapport de Brodeck, l’arrivée de l' »Anderer« , le passé de Brodeck, etc. J’avoue avoir trouvé ce procédé à la limite de la confusion. Sur la fin j’ai trouvé que cela accentuait toutefois le suspens. Malgré tout l’ensemble vaut largement la lecture, pour son sujet délicat, et le style poétique et recherché de l’auteur.
12 remarques pertinentes pour “Le rapport de Brodeck”
Mes souvenirs sur cette lecture commencent à devenir flous, mais je sais avoir été marquée par ce roman. Après, effectivement, les flash-backs peuvent être déroutants… Mais globalement, je salue Philippe Claudel qui confirme, une fois de plus, son statut d'auteur privilégié dans ma bibliothèque !
Ce qui m'a gênée ce sont justement ces noms aux consonances allemandes et ces références qui n'en sont pas aux camps de concentration : je trouve qu'il aurait dû choisir clairement entre faire référence à quelque chose ou se concentrer sur l'universalité de cette situation (le meurtre et le comportement des villageois)
Il est dans ma pile depuis un bon moment celui-là… je ne sais pas pourquoi je ne me décide pas… pourtant, je lis généralement de bonnes critiques!
On a pas mal entendu parler de Claudel ces derniers temps, à cause du Goncourt des lycéens et des Césars en particulier. Mais je crois bien que je n'ai jamais lu un de ses livres. Je commencerais plutôt par les âmes grises, à choisir.
Je n'ai pas détesté, c'est bien écrit et se lit quand même bien mais je te rejoins sur ce qualificatif de «chef d'oeuvre». Pas du tout. Un bon roman point.
Je n'ai pas lu celui-ci, pour la simple raison que j'attends désespérément la version poche. Mais je sais que je vais aimer, j'aime le style de l'auteur, et ce thème me parle toujours… donc, geuttons le poche!
La lecture de ce livre est prévue pour bientôt, il m'attend dans ma bibliothèque. On m'en a dit beaucoup de bien… wait & see !
Je l'ai lu il y a quelques mois déjà, mais il ne m'a pas passionnée… Ton article traduit bien l'impression que j'en avais eu…
Joli blog, en passant !
Merci pour la carte des blogeurs et un petit coucou en passant pour le concours des régions de Thaïs!
Amitiés de normandie, fabienne & denis
Oups, c'est pareil je passe mais pas pour très longtemps vu qu'il est sur mon étagère pour une lecture très très prochainement (en fait dès que j'ai fini "La taverne du doge Loredan" d'Alberto Ongaro). Je reviendrai donc te dire ce que j'en aurai pensé.
J'avais adoré sans restriction et j'ai été submergée par l'émotion que j'ai ressenti à la lecture du livre. Je n'ai pas le souvenir de flash back pesants, mais bon, je ne suis pas très objective : fan de Claudel !
une lecture assez dure mais qui apporte beaucoup au niveau de la réflexion sur l'Homme et les atrocités qu'il peut commettre.
.-= Le dernier billet de constance93 : rencontres avec des auteurs de la rentrée littéraire 2009 =-.
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Pour la suite de mes lectures et autres déviances,
cela se passe désormais sur Ma Grosse PàL.