- Auteur : Frank Delaney
- Ma note :
- Lu : juin 2010
Nicholas Newman, architecte londonien renommé, a vécu une relation passionnelle avec Madeleine, une femme fragile et mystérieuse, de quinze ans son aînée, dont il ne connaissait rien, ni son histoire ni son passé. Sans doute était-elle la femme de sa vie, mais il l’a compris trop tard : Madeleine a été assassinée dans d’étranges circonstances. Trois ans plus tard, Nicholas, qui ne s’est toujours pas remis de ce drame, prend quelques jours de repos dans un hôtel en Suisse. C’est là qu’il fait la connaissance d’un couple de riches hongrois, qui lui montrent quelques photos de la villa qu’ils sont en train de restaurer en Italie. Sur l’une d’entre elles, Nicholas reconnaît une tour Eiffel en améthyste, une pièce unique créée pour Madeleine, le seul objet dérobé par l’assassin après le meurtre. Dès lors, Nicholas, devenu la proie d’une série d’agressions, décide de lever le voile sur les secrets de Madeleine et de reprendre l’enquête sur sa mort. C’est le début d’un ténébreux voyage qui, de Londres à Venise en passant par New York et Athènes, le conduira au cœur du cauchemar nazi et de ses expériences les plus inhumaines. Dans un style à la puissance d’évocation remarquable, Les Enfants de la nuit pose des questions fondamentales sur la relation entre l’Histoire et les destinées individuelles, la nature du mal, les traumatismes et la résilience, sans jamais se départir d’un suspense qui bien vite tourne à l’obsession. Thriller d’exception aux multiples rebondissements, à la tension omniprésente, il est apparu comme un véritable coup de tonnerre dans le paysage éditorial anglo-saxon lors de sa parution.
Mon avis
J’ai lu Delaney il y a … 16 ans (!) deux volumes consacrés aux Celtes (The Celts et The Legends of the Celts). Je n’ai fait le rapprochement qu’en lisant la biographie de l’auteur.
Grand moment d’émotion pour moi donc.
Et grand moment de lecture avec ce roman d’une profondeur psychologique rare. J’ai lu ça et là des traces d’une espèce de polémique étrange autour du sujet du livre, qui passe pour inspiré de faits réels. Je ne vais pas m’attarder dessus tellement elle me parait incongrue. L’intrigue se noue autour de plusieurs thèmes forts et potentiellement dérangeants, la manipulation mentale, le déni, les souvenirs enfouis, le fameux « lâcher-prise » souvent évoqué dans le livre.
La manipulation dont il s’agit ici atteint des sommets d’abomination. L’auteur en use dans une bien moindre mesure quand il fait passer son récit comme inspiré de faits réels. J’ai donc considéré la chose comme un habile petit tour destiné à semer le trouble chez le lecteur.
Au-delà cet inquiétante allusion, le récit nous est relaté par Nicholas Newman, dont le patronyme s’avère lourd de sens au fur et à mesure de la lecture, et l’emploi de la première personne nous immerge encore plus dans la personnalité de notre héros. Héros pas très reluisant, pour ne pas dire antipathique, mais on ne peut plus passionnant. Lâche, froid, affolé du slip, incapable d’attachement sentimental, Newman est un architecte renommé qui traîne ses traumatismes et ses deuils sans réussir à les surmonter.
Ce personnage est énorme de complexité, d’humanité, Delaney l’a traité avec finesse et réalisme. Le style employé est magnifique, noir, on assiste à l’éveil d’un homme qui va « sortir de lui-même » et se tourner vers autrui, dans des circonstances pas très réjouissantes.
Les faits abordés, s’ils sont fictifs, n’en sont pas moins directement inspirés des horreurs nazies et des expériences pseudo-médicales, et l’important n’est pas de savoir si ces faits précis ont existé, car on sait qu’ils auraient pu l’être. Ce qui décuple l’horreur des expériences évoquées par les documents auxquels Newman est confronté.
Le deuil d’un être aimé, le souvenir inconscient d’un passé innommable, le dépassement de soi malgré les traumatismes, tout cela contribue à une histoire touchante et douloureuse, une intrigue passionnante, une atmosphère pesante.
Une intrigue retorse et bien rythmée, un style parfait, le tout au service de personnages tourmentés, pas forcément sympathiques mais profondément intéressants et recherchés.
Un gros coup de cœur pour ce qui constitue le premier volume d’une tétralogie.
Un grand merci à Solenn du Cherche-Midi de nous avoir permis de proposer ce livre sur BOB.
5 remarques pertinentes pour “Les enfants de la nuit”
Le personnage principal m'a semblé un peu mou et j'ai été très secouée à la lecture des expériences…
Belle analyse ma foi!
Ce livre m'a vraiment plu pour sa construction, pour ses thèmes abordés, même si certains étaient dérangeants et je suis ravie d'apprendre que l'auteur que je ne connaissais pas a d'autres livres à son actif.
Je dois être une des rares lectrices à ne pas avoir trouvé Nicholas Newman antipathique…il cadre tellement bien dans son rôle!
J'avais également adoré ce roman, bien que ce ne fut tout de même pas un coup de coeur. C'est un auteur de talent que j'ai découvert ! Est-ce que ses deux romans consacrés aux Celtes ( je suis passionnée par eux ! ) sont aussi excellents ?
@Clara : il est lâche mais pas mou, nuance
@Dup : j'ai dit qu'il était antipathique, (je croise un gars comme ça : je fuis !) pas qu'il cadrait pas avec le reste, au contraire 😈
@Shana : les livres sur le Celtes ne sont pas des romans, ce sont plutôt des livres d'histoire (basés sur une série TV documentaire si je me souviens bien)
Il est déjà noté vu que les avis positifs sont nombreux (et ce, malgré le peu de sympathie éprouvée pour le personnage principal !)
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Pour la suite de mes lectures et autres déviances,
cela se passe désormais sur Ma Grosse PàL.