- Auteur : Jérémy Fel
- Ma note :
- Lu : octobre 2016
Une maison qui brûle à l’horizon ; un homme, Duane, qui se met en danger pour venir en aide à un petit garçon qu’il connaît à peine ; une femme, Mary Beth, serveuse dans un dîner perdu en plein milieu de l’Indiana, forcée de faire à nouveau face à un passé qu’elle avait tenté de fuir ; et un couple, Paul et Martha, pourtant sans histoires, qui laisseront un soir de tempête, entrer chez eux un mal bien plus dévastateur. Qu’est-ce qui unit tous ces personnages ? Quel secret les lie ? C’est à ce grand puzzle que nous convie ici Jérémy Fel, dans une atmosphère énigmatique et troublante entre Twin Peaks et les romans de Joyce Carol Oates.
Mon avis
Construit façon puzzle en une suite de chapitres sans aucun rapport apparent entre eux, ce roman a tout pour surprendre. De prime abord, les chapitres font plus penser à des nouvelles distinctes, avec des personnages différents, des lieux et même des pays différents. On s’aperçoit assez vite d’un lien discret qui relie certaines histoires, puis d’autres, jusqu’à ce qu’on puisse dérouler entièrement ce subtil fil d’Ariane.
Chaque chapitre met en scène des personnages fouillés, l’auteur nous plante un décor précis, un contexte fort et détaillé en quelques pages. Les situations sont parfois étranges, empreintes de fantastique, de folie, de superstitions. Quelques scènes sont parfois glauques et peuvent même provoquer un certain malaise, les réactions et motivations des personnages pas toujours évidentes à comprendre et le chapitre Benjamin m’a paru un peu capillotracté à ce niveau-là. Néanmoins, la sauce prend dès le début, le suspens et le mystère ne faiblissent pas, les changements de lieux, de temps, de personnages donnent l’impression de diluer l’action mais ne fait que renforcer l’atmosphère énigmatique et inquiétante, et rendent d’autres scènes d’autant plus percutantes dans leur cruauté froide. Il faut avoir le cœur bien accroché pour les passages de violence et de sadisme, la tension psychologique à laquelle sont soumis les protagonistes est très communicative, et la lecture d’un tel roman n’est pas de tout repos. L’auteur maîtrise sa narration et sa plume colle parfaitement à son propos. Ici, point de héros, mais une multitude d’individus aux destins subtilement liés, de près ou de loin, et tous semblent voués à une fatalité qui les poursuit et les unit, inexorablement.
Les dernières pages, peut-être plus apaisées, s’achèvent sur une note ambiguë, rien de fou, rien de spectaculaire, car tout est dans les détails, la subtilité et la finesse. Entre espoir et fatalité, chacun ira de son interprétation.
Les loups à leur porte, c’est la normalité contaminée par l’horreur et la violence sous toutes ses formes, à tous les degrés, une toile tissée dans la folie et le sadisme, où les psychopathes côtoient monsieur tout-le-monde, où les accès de violence n’épargnent ni les uns ni les autres. Un premier roman remarquable.
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