- Auteur : J.-M. Erre
- Ma note :
- Lu : juin 2012
L’orphelinat de Chengdu constituait une preuve irréfutable de l’existence de Dieu. Seule une volonté surnaturelle, exercée à plein temps, pouvait maintenir debout ce tas de cailloux dénommé » Asile Sainte-Thérèse des Bienheureux ». Toussaint, ému et péteux, frappa trois coups à une grande porte rongée par les vers. L’être qui lui ouvrit constituait une preuve irréfutable de l’existence de Dieu. Seule une volonté surnaturelle, exercée à plein temps, pouvait maintenir debout le tas d’os dénommé » sœur Marie-Béate « . – Bienvenue, mon fils. Tu es ici chez toi. Toussaint Legoupil est préoccupé par le mystère de sa naissance. Il est persuadé de ne pas être comme les autres. Et il a raison. Quelle ne sera pas ta surprise, lecteur, en découvrant que Toussaint vient de Chine. Quelle a pu être la réaction de ses parents le découvrant à l’orphelinat de Chengdu ? Les Legoupil ont fait des milliers de kilomètres, ils ont attendu plus de trois mois sur place. Ils croyaient rentrer en France avec un petit Asiatique et c’est Toussaint qui apparaît. Or il n’a rien d’un Asiatique. Il est noir. Type africain évident. Toussaint est un Chinois noir. Et il veut savoir pourquoi. Made in China est un roman joyeux et ludique. Comme dans un singulier jeu de piste, les personnages – hauts en couleur – et le lecteur – amusé – chercheront les réponses jusqu’à l’épilogue.
Mon avis
J.-M. Erre monte d’un cran dans son délire. À côté de Made in China, Prenez soin du chien pourrait passer pour un gentil roman rigolo. Car nous sommes ici dans le poilant intégral. Le fond, la forme, l’humour exalté de Made in China en fait un roman à conseiller aux coincés du fondement, aux récalcitrants des zygomatiques. Si vous n’avez pas ri à la première page, passez votre chemin, vous êtes sans doute dans une dépression profonde et il ne vous reste plus qu’à vous finir sous le métro.
Le narrateur annonce la couleur, il n’est pas écrivain et trouve des consignes dans de pertinents manuels à l’usage des apprentis auteurs. Les notes de bas de page sont là pour témoigner de la bonne volonté du narrateur. C’est que raconter une histoire aussi improbable demande des efforts et une certaine application.
Toussaint Legoupil, 25 ans, est un Noir né en Chine et adopté à la naissance par Léon et Mado, un couple de dingues (oui encore, et ils ne sont pas seuls !). Depuis sa plus tendre enfance il évolue à Croquefigue-en-Provence, petite village peuplé de gens à moitié fous, notamment un parrain asiatique intellectuellement diminué qui ne sait dire que « c’est boooon les gauuuufres ! », une secte dédiée à la mémoire de Claude François connue sous le nom de MINOU (!!), une amie d’enfance gothique adepte de magie noire… Toussaint ne sait rien de ses origines et entame un voyage en Chine presque initiatique dans le but de découvrir le mystère de sa naissance. Démarre alors pour lui une suite d’improbables péripéties toutes plus loufoques et inquiétantes les unes que les autres. Le mystère ne fait que s’épaissir, le lecteur serait perdu dans les méandres de l’angoisse sans l’habileté du narrateur à garder son lecteur attentif et aux aguets. Métaphores bien placées, scène érotique incontournable, personnages hauts en couleur, figures de styles maîtrisées et intrigue tarabiscotée, tout y est ! Et comble de la jouissance, l’auteur nous gratifie de bonus, bêtisier, scènes coupées et autres joyeusetés qui prolongent un peu le voyage. Jubilatoire et exalté !
Une remarque pertinente pour “Made in China”
J'ai adoré Le mystère Sherlock ! Celui-ci me semble tout aussi hilarant. Je veux le lire !!!! 🙂
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