- Auteur : Jean-Baptiste Déthieux
- Ma note :
- Lu : 10/2014
Le psychiatre m’avait pourtant prévenu. Il ne fallait pas tenter cette plongée dans les abîmes, tout seul. Surtout pas ! Vouloir remonter le temps ou plutôt le dérouler sans l’aide d’un compagnon de route, d’un guide de haute montagne aguerri, grand connaisseur du terrain et de tous les pièges que représente cette virée dans les recoins de ma mémoire, c’était de la folie !
Mon avis
Je n’accepte que rarement des SP depuis déjà un bon moment, il faut que l’ouvrage proposé me tente vraiment beaucoup. En l’occurrence, je n’ai pas pu résister à la proposition des toutes nouvelles éditions Taurnada, qui fait aussi bien dans le papier que dans le numérique (petits prix et sans DRM !).
Renaissance est un très court roman, lisible en 2h, mais d’une grande originalité, puisque le personnage principal est la mémoire du narrateur. Ce dernier, journaliste de mode, suivi par un psychiatre, n’a plus de nouvelles de sa femme qui l’a quitté quinze jours plus tôt, emmenant avec elle leur petite fille Blanche. Le jour où une avalanche de mails étranges et de photos inquiétantes submerge sa boîte aux lettres, Malenc décide d’agir. Atteint d’importants problèmes de mémoire, mais ignorant la nature de sa maladie, il va faire de curieuses découvertes. Le récit à la première personne impose un point de vue unique au lecteur, en l’occurrence, d’un personnage à la mémoire dévastée, moralement et physiquement affaibli par les médicaments. On s’immerge dans un « presque » huis-clos où règne la plus grande confusion, car mentalement, Malenc est clairement au bout du rouleau. Il ne sait plus où il en est, et fatalement le lecteur non plus. Son récit fourmille de bribes d’infos, quelques personnages font des apparitions fugaces, mais on n’en apprend pas plus, le personnage de Malenc étant ce qu’il est, l’esprit complètement recroquevillé sur ses quelques souvenirs pas forcément cohérents, on est aussi embrouillé que lui, frustré de ne pas en savoir plus, d’en comprendre plus. Le style riche et recherché, parfois métaphorique et poétique, allié à un rythme malgré tout soutenu, nous emporte dans un tourbillon d’interrogations et d’angoisse. Le roman se lit d’une traite, la fin arrive bien vite, ce qui est à mon sens est bien dommage, car même si mettre le lecteur dans la peau du narrateur seul avec sa folie est un peu l’idée de départ, il reste tellement de questions sans réponses, qu’on peut sortir de cette lecture tout à la fois enthousiasmé et frustré. Trois cent pages de plus dans la tête en vrac Malenc auraient pu être assez douloureuses, certes, et pas forcément utiles, mais en l’état, le voyage un peu rapide m’a laissée sur ma faim. Néanmoins on devine clairement l’énorme potentiel de l’auteur pour ce genre de roman, son expertise en matière de psychiatrie est un atout de poids qu’il sait parfaitement exploiter sans noyer le lecteur dans des considérations trop médicales ou trop techniques. Même si parfois j’ai eu l’impression de lire (et ça n’a rien de péjoratif) un synopsis extrêmement détaillé, il s’agit bien là d’un sacré bon premier thriller.
2 remarques pertinentes pour “Renaissance”
Lu et vraiment bien aimé aussi !
C’est prometteur hein ? 😀
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