- Auteur : Albert Sánchez Piñol
- Ma note :
- Lu : août 2010
Ils sont au fin fond de la savane, au milieu de la mer Baltique, dans une salle d’opéra qui abrite le congrès de l’Internationale socialiste, ou dans la Rome des Césars. Il y a là des Sélénites embusqués, des zèbres philosophes, une prostituée cubaine avalée par une armoire, un Esquimau et un ours polaire qui semblent jouer à chat glacé. Tout est loin, différent, aux antipodes de notre quotidien, de nos aspirations et de notre légitime « quant à soi » d’Homo sapiens. Las, il faudra admettre que si ce n’est pas notre stricte réalité, c’est bien notre triste vérité que ces contes donnent à voir. Qu’avons-nous en commun avec ces créatures surréalistes : absolument toutes les peurs. Celle de la solitude, de la folie, de la mort, de l’abandon. Oniriques, fantastiques et drolatiques, ces contes moraux sont un miroir de la condition humaine, autant qu’une charge contre nos besoins artificiels d’hommes modernes. Une constante pour cet écrivain anthropologue (il a passé plusieurs années au Congo) qui certifie n’avoir jamais rencontré un seul pygmée dépressif.
Mon avis
J’étais déjà tombée sous le charme avec La peau froide et Pandore au Congo, et voilà qu’avec ces treize contes surréalistes l’auteur catalan me ravit à nouveau. Le premier conte « Quand les hommes tombaient de la lune » annonce la couleur, poésie, émotion, loufoque, insolite. Les contes de Sánchez Piñol sont tout ça à la fois, et bien plus, car le propos s’inspire de sujets d’actualité, de société, tels que la politique, l’immigration, le pouvoir, l’indifférence, ou l’amour, et nous propose une morale habilement illustrée par des situations improbables. Les lieux, les époques, les personnages et les circonstances sont aussi diverses que farfelues, tout en frôlant souvent le drame humain. Cette diversité met l’accent sur l’universalité et l’intemporalité des événements. Un couple infidèle, un zèbre qui prend la fuite pour survivre, des hommes de la lune s’intégrant à leur nouvelle terre d’accueil, un témoin traité en coupable… chaque situation est susceptible de trouver un écho dans le vécu du lecteur. Les chutes sont particulièrement soignées, ce qui contribue largement à l’efficacité de ces histoires, très courtes pour certaines, mais qui contiennent l’essentiel. Un tour de force, qui me fera patienter jusqu’au prochain roman de l’auteur.
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