- Auteur : Sandrine Collette
- Ma note :
- Lu : mai 2016
Malo a un mauvais pressentiment. Depuis leur arrivée au domaine de Vaux pour faire les vendanges, Octave, le maître des lieux, regarde sa sœur Camille d’un œil insistant. Le jeune homme voudrait quitter l’endroit au plus vite, partir loin de cette angoisse qui ne le lâche plus.
Camille trouve ses inquiétudes ridicules, mais Malo n’en démord pas. L’étrange fascination d’Octave pour Camille, pour ses cheveux d’un blond presque blanc, le met mal à l’aise. Camille, elle, oscille entre attirance et répulsion envers cet homme autrefois séduisant, au visage lacéré par une vieille blessure.
Ils se disputent et, le troisième jour, Malo n’est plus là. Personne ne semble s’en soucier, hormis Camille qui veut retrouver son frère à tout prix.
Mais leur reste-t-il une chance de sortir vivants de ce domaine, ou le piège est-il déjà refermé ?
Mon avis
Le prologue du roman est une pure horreur (c’est un compliment). On commence avec un accident de voiture particulièrement anxiogène et réaliste. Le ton est donné. L’ambiance morbide va peser sur les personnages tout au long de ce court roman.
L’auteur plante le décor quelque part dans un vignoble, au début des vendanges. On n’est donc pas loin du roman de terroir, ça fleure bon les vapeurs de raisin fraîchement cueilli, le sulfate et la sueur. Les maîtres du domaine ne sont pas insensibles au charme d’une étudiante vendangeuse, mais entre celui qui se terre dans ses appartements et le balafré boiteux qui fait office de bras droit, créer des liens n’est pas facile facile. La laideur d’Octave et son aura mystérieuse vont pourtant séduire la jeune Camille, un petit peu cucul la praline, voire carrément cruche, il faut le reconnaître. Oui, nous y sommes, à mi-chemin entre la Belle et la Bête et un téléfilm allemand sur M6. Car les deux tourtereaux vont se tourner autour, le frère de la demoiselle, la mettre en garde, avant de disparaître, et de semer le trouble dans la cervelle de moineau de sa sœur énamourée. Dit comme ça, forcément, ça ne fait pas plus envie que la quatrième de couverture, déjà pas mal ratée. Mais comme je viens de lire et d’adorer Des nœuds d’acier, je me dis qu’il faut tenter celui-ci.
Alors oui, c’est Sandrine Collette qui raconte, ne l’oublions pas, et on retrouve son style bien à elle. Son talent de conteuse est indéniable, car derrière cette apparente amourette paysanne se cache une tragédie bien glauque, avec un soupçon de désespoir. Il n’en faut pas beaucoup pour que tout ceci tourne au vinaigre, l’atmosphère déjà tendue mène le lecteur à une conclusion franchement effrayante et pas forcément attendue. J’avoue, je n’ai pas vu venir le rebondissement final ni la conclusion, à qui l’on doit le titre. Sans doute moins dense que son précédent et premier roman, mais une jolie réussite là encore, et un final…marquant.
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