- Auteur : Sandrine Collette
- Ma note :
- Lu : mai 2016
Le mal rôde depuis toujours dans ces montagnes maudites. Parviendront-ils à lui échapper? Dressé sur un sommet aride et glacé, un homme à la haute stature s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très loin au-dessous de lui, le village entier retient son souffle en le contemplant. À des kilomètres de là, partie pour trois jours de trek intense, Lou contemple les silhouettes qui marchent devant elle, ployées par l’effort. Leur cordée a l’air si fragile dans ce paysage vertigineux. On dirait six fourmis blanches… Lou l’ignore encore, mais dès demain ils ne seront plus que cinq. Égarés dans une effroyable tempête, terrifiés par la mort de leur compagnon, c’est pour leur propre survie qu’ils vont devoir lutter.
Mon avis
Dans la foulée, je poursuis ma découverte de Sandrine Collette. Je ne suis que joie.
Avec Six fourmis blanches, l’auteur (l’autrice, l’auteure, l’auteresse, et ta sœur * ?) nous entraîne en Albanie, et mène de front deux récits qui n’ont de prime abord rien à voir entre eux, jusqu’à ce que…
D’une part nous avons, Mathias, que le poids de la tradition et les croyances ancrées dans ses compatriotes montagnards ont conduit à être sacrificateur. Son métier, sa raison d’être est de balancer des chèvres scrupuleusement sélectionnées du haut d’une montagne, pour éloigner le mauvais œil. Ainsi, lors de mariages, naissances, décès et autres événements, on fait appel à lui. Joli métier. Il raconte donc son quotidien, ses interventions, jusqu’à sa rencontre avec le parrain local.
D’autre part nous avons Lou, qui a gagné avec son mari une randonnée sur un circuit tout neuf, destiné aux montagnards du dimanche. Le jeune couple rejoint donc les quatre autres participants et leur guide pour trois jours de randonnée intense.
Les récits de l’un comme de l’autre nous plongent dans un décor bien particulier, avec la montagne, la nature, l’effort physique extrême que ceux-ci exigent de l’Homme, etc. D’un côté, la rudesse d’un peuple, archaïque par bien des aspects, de l’autre un modernisme touristique bien de son temps. Dans les deux cas, une nature encore sauvage, exigeante, des éléments capricieux, une météo imprévisible. Tous ces ingrédients savamment dosés mènent irrémédiablement nos protagonistes dans une situation hors de contrôle, et on bascule assez de manière très subtile et progressive vers la survie à tout prix.
À l’instar des Nœuds d’acier, l’auteur excelle à décrire la souffrance physique et morale, l’effort, le désespoir, l’espoir, l’imminence de la mort, le désir de vivre. Le huis-clos dans la tempête de neige pourra rebuter les claustrophobes, la situation est si bien décrite que l’on se surprend presque à avoir froid. Et pas seulement dans le dos. Si la progression des personnages reste hasardeuse et angoissante dans cette purée de pois, celle de l’intrigue reste rythmée d’un bout à l’autre, la tension monte sans arrêt jusqu’au dénouement. Collette manie les ingrédients de la recette du thriller avec une maîtrise confondante, et son style désormais bien établi est une vraie valeur ajoutée.
* elle bat l’beurre
Les commentaires sont désormais fermés.
Pour la suite de mes lectures et autres déviances,
cela se passe désormais sur Ma Grosse PàL.