- Auteur : Anne Platagenet
- Ma note :
- Lu : février 2016
« Je voulais comprendre comment Lorca Horowitz avait mis en place son plan d’anéantissement sans éveiller le moindre soupçon, et avait osé monter une à une, sans jamais reculer ni même hésiter, les marches qui la menaient droit à son crime. Je voulais comprendre pourquoi elle l’avait fait. Mais surtout en quoi cela me concernait, me touchait. Qu’avais-je à voir là-dedans ? »
Mon avis
Un fait divers qui a défrayé la chronique au début des années 2000 en Espagne a servi de base à ce roman à deux voix. Une secrétaire a détourné pendant plusieurs années d’énormes sommes, mettant ses patrons sur la paille. La narratrice nous explique être tombée sur ce fait divers dans la presse, et ayant elle-même vécu dans la région où se sont déroulés les faits, cela a commencé à attiser sa curiosité, au point de finir par se reconnaître plus ou moins, un peu beaucoup, dans l' »étrange secrétaire ».
Un roman à deux voix donc, où le point de vue de Lorca alterne avec celui de la narratrice. Nous revivons les faits à travers les yeux de Lorca, brune en surpoids lors de son embauche chez le Perales Architectes, transformée en blonde sulfureuse à l’époque de son arrestation, des années plus tard. Abandonnée par son mari, Lorca échafaude une revanche lente et patiente et détourne à son compte des sommes de plus en plus importantes, s’appliquant également à miner le moral de sa patronne de manière aussi perverse que sournoise. Devenue son double, l’imitant dans sa façon de s’habiller comme dans sa manière de vivre, la petite secrétaire insignifiante réussit à détruire la vie du couple Perales. Tout cela, nous y assistons via les chapitres dédiés à Lorca.
Hélas ! ces chapitres-là, qui auraient gagné à être plus long, plus fouillés, sont gâchés par le récit de la narratrice, qui persiste à chercher/trouver des similitudes avec sa propre vie. Au lieu d’approfondir un personnage hors norme, une personnalité trouble, le pourquoi du comment du passage à l’acte, la narratrice étale ses états d’âmes et ses questions existentielles. Les chapitres de Lorca auraient presque suffit à faire un roman intéressant, à défaut d’un roman passionnant, mais les histoires de cœur et de fesses de la narratrice, franchement what the fuck comme disent les jeunes ! Je n’ose pas évoquer un certain nombrilisme latent, car entre l’auteur et la narratrice, les choses ne sont pas tout à fait claires, est-ce la même, de près ou de loin ? Le fait que la couverture soit un portrait de l’auteur aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Bref, toujours est-il que ces chapitres parasitent tout le reste, et le livre n’étant déjà pas bien long, il ne reste plus grand-chose pour développer le personnage de Lorca, qui reste de loin le plus intéressant du roman.
Le piège planifié par Lorca et les introspections de la narratrice ne m’ont absolument pas passionnée. Le fait divers fait ici office de prétexte à un épanchement dans lequel je n’ai vu aucun intérêt. Le style léger mais élégant et raffiné de l’auteur est bien la seule motivation qui m’a poussée à terminer la lecture.
Merci à Stock et Babelio pour la lecture.
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