- Auteur : Louise Erdrich
- Ma note :
- Lu : février 2016
La dernière chose que Mary et Karl entrevoient de leur mère, c’est la flamme de ses cheveux roux émergeant du biplan qui l’emporte pour toujours aux côtés d’un pilote acrobate… Devenus orphelins, les enfants montent dans un train de marchandises afin de trouver refuge chez leur tante, dans le Dakota du Nord.
Ainsi commence, en 1932, une chronique familiale qui s’étend sur plus de quarante ans, et fait vivre toute une galerie de personnages hors du commun en proie aux paradoxes de l’amour.
Cette nouvelle traduction du deuxième roman de Louise Erdrich, paru aux États-Unis en 1986, permet de (re)découvrir l’un de ses plus beaux livres, qui préfigure déjà la puissance et la beauté d’une des œuvres les plus singulières de la littérature américaine.
Mon avis
Curieux roman que cette nouvelle traduction de The Beet Queen. Ma première lecture d’Erdrich fut un coup de cœur, et les deux suivantes m’avaient laissées mi-figue mi-raisin. Ici, je suis tout aussi perplexe et mitigée.
Le récit se déroule sur une période de quarante ans, et le lecteur suit les deux orphelins de l’enfance à l’âge adulte. Depuis la fuite rocambolesque et complètement improbable de leur mère, au début des années soixante-dix, les différents points de vue, les multiples personnages apportent un rythme intéressant, certains événements sont vus et rapportés de diverses manières et la subjectivité de chacun peut paraître parfois assez troublante. Le style est très particulier, agréable, souvent empreint de poésie, mais le processus narratif m’a laissée profondément perplexe, avec un arrière-goût de « pas assez ». L’histoire est racontée par plusieurs protagonistes, mais les sauts dans le temps engendrent de gros trous dans le fil du récit et atténuent l’intérêt d’avoir plusieurs narrateurs. L’auteur s’attarde sur des détails, et fait l’impasse sur des années entières. Les relations entre les personnages ne sont pas forcément compréhensibles, ce sur quoi l’on pourrait éventuellement passer outre, pour préserver le mystère (!!) mais on frise parfois l’incohérence et l’invraisemblable. Les actions des uns étant parfois aussi absurdes que les comportements des autres. Il m’a été difficile de m’attacher aux personnages, et encore plus aux seconds rôles, importants dans l’intrigue mais paradoxalement souvent à peine ébauchés. Même les principaux acteurs de l’histoire m’ont paru manquer de substance, de profondeur, leurs motivations restent obscures pour la plupart. Untel disparaît du récit, tel autre (ré-)apparaît, sans raison ni explication, je veux bien admettre les contradictions de l’être humain etc, mais au bout d’un moment le côté systématique, répété de la chose devient un peu lourd, le tout finit par sembler un peu artificiel, le rythme devient laborieux, chaotique. On a l’impression de lire une série d’anecdotes, des bribes de vie sans réel suivi. Drôle de sensation que de lire une saga familiale amputée de ce qui aurait pu faire tout son attrait : des personnages fouillés, que l’on prend le temps de développer, dans une narration plus fluide et sans à-coups incessants. L’un dans l’autre, je n’ai malgré tout pas eu l’idée d’abandonner la lecture, car étrangement le roman se lit bien, ma curiosité a parfois été un peu émoussée mais globalement j’ai gardé l’envie de connaître la suite. Ce qui me permet de dire que le final est à la hauteur du reste : invraisemblable, et parfois à la limite du loufoque. Un drôle de roman donc, clairement pas à la hauteur de La chorale des maîtres bouchers, mais qui se lit malgré tout, même si la conclusion laisse à désirer.
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