- Auteur : Tom Rob Smith
- Ma note :
- Lu : avril 2015
Hiver 1953, Moscou. Le corps d’un petit garçon est retrouvé sur une voie ferrée.
Agent du MGB, la police d’État chargée du contre-espionnage, Leo est un officier particulièrement zélé. Alors que la famille de l’enfant croit à un assassinat, lui reste fidèle à la ligne du parti : le crime n’existe pas dans le parfait État socialiste, il s’agit d’un accident. L’affaire est classée mais le doute s’installe dans l’esprit de Leo.
Tombé en disgrâce, soupçonné de trahison, Leo est contraint à l’exil avec sa femme Raïssa, elle-même convaincue de dissidence. C’est là, dans une petite ville perdue des montagnes de l’Oural, qu’il va faire une troublante découverte : un autre enfant mort dans les mêmes conditions que l’« accident » de Moscou.
Prenant tous les risques, Leo et Raïssa vont se lancer dans une terrible traque, qui fera d’eux des ennemis du peuple…
Mon avis
Dans ma PAL depuis déjà longtemps, il aura fallu les Quais du Polar pour passer à l’acte. Le choix du contexte historique est pour le moins audacieux, autant dire que ça jette un froid. Leo Demidov évolue dans une société formatée pour le bien-être de la communauté, et où tout et n’importe quoi est susceptible d’être interprété comme une menace, et la menace, on l’éradique. Goulag ou exécution, faites votre choix. Votre voisin a oublié de vous dire bonjour ? C’est sans doute un dissident ! C’est dans cet environnement profondément anxiogène bien réel et pas si lointain que Leo, agent dévoué et un poil aveuglé par son devoir et sa terrible routine, va ouvrir les yeux sur sa vie. À la veille de la mort de Staline, le régime entretient un climat de terreur et ne fait pas de quartier. Mal typiquement occidental, le crime a été officiellement éradiqué, jusqu’à ce que Leo soit confronté à l’évidence : un tueur en série assassine à tour de bras dans un périmètre bien délimité. Sa prise de conscience va le pousser à enquêter alors qu’il est lui-même recherché pour trahison.
Leo Demidov n’est pas un héros ordinaire, son parcours est atypique, de même que sa vie personnelle. Le cheminement du personnage est aussi intéressant que l’enquête elle-même, si ce n’est plus. Bien que parfaitement ficelée, l’intrigue ne laisse pas beaucoup de doute quant à l’identité du tueur, on la devine relativement tôt dans le récit. Sa traque et celle de Leo nourrissent un suspens qui est alors double. L’action n’est pas en reste, on n’a pas beaucoup le temps de souffler, la mort de Staline joue même un grand rôle dans le destin de Leo. L’auteur s’est inspiré un vrai criminel ukrainien pour développer son personnage, mis le contexte historique et social reste le principal intérêt du roman, qui sort indéniablement de l’ordinaire.
Enfant 44 sort au cinéma le 15 avril, avec des acteurs anglophones, qui ont apparemment accepté de jouer avec un accent russe sans se rebeller. Il faudra qu’on m’explique, là. La VF étant à vomir (lapalissade), je n’aurai pas le choix (en admettant de pouvoir trouver la VO dans la ville), mais quand même, c’est un peu prendre les gens pour des demeurés.
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