Depuis sa création en 2005 le rythme du blog est 1 livre = 1 billet.
Néanmoins il m’arrive de manquer de temps et j’ai opté pour le principe du bilan inspiré par Acr0 Livrement.
Vous ne trouverez donc ici que mes impressions de lecture jetées en vrac, le plus souvent à froid. Le rythme des publications de ce pense-bête est aussi irrégulier qu’aléatoire.
Nord et sud
- Auteur : Elizabeth Gaskel
- Ma note :
- Lu : février 2014
Dans l’Angleterre victorienne du milieu du 19e siècle, la jeune et belle Margaret Hale mène une vie confortable auprès de ses parents, dans la paisible et conservatrice région de la Cornouailles. Son père, ministre paroissial, décide un jour de renoncer à l’Église et part vivre avec sa famille dans le Nord de l’Angleterre. Margaret se retrouve alors plongée dans le monde industriel, ses duretés et sa brutalité. Au contact des ouvriers, la conscience sociale de la jeune fille va s’éveiller et la transformer radicalement.
Nord et Sud était depuis très longtemps dans ma PAL, une envie soudaine d’ambiance victorienne a fini par me décider. Il n’y a pas à dire, je préfère une Gaskell à une Austen (pas taper !). Si la romance reste le sujet principal du roman, l’intrigue est renforcée par un propos de fond, pas uniquement basé sur la petite bourgeoisie anglaise et ses soucis futiles, mais aussi et surtout sur l’aspect social de l’ère industrielle. Gaskell confronte deux milieux sociaux, totalement opposés culturellement, et évoque largement les conditions de (sur)vie des ouvriers du nord de l’Angleterre, sans doute pas meilleures que celles les travailleurs du sud, néanmoins assez différentes et difficiles pour mettre le doigt là où ça fait mal. Nos deux principaux protagonistes sont issus de ces deux milieux, et la compréhension mutuelle n’est pas évidente. Les droits des ouvriers, les avantages sociaux, le profit à tout prix au détriment de la santé des travailleurs, les contraintes des patrons pas toujours en adéquation avec les besoins et le bien-être des ouvriers, on s’aperçoit que les conflits et les inégalités sont toujours d’actualité. En bref, la délicatesse et le raffinement d’une Austen et le réalisme sombre d’un Zola. J’adhère !
Secret absolu
- Auteur : Wilkie Collins
- Ma note :
- Lu : mars 2014
Publié en 1857 (soit trois ans avant La Dame en blanc), Secret absolu est aujourd’hui considéré comme l’un des romans les plus forts de Collins. Michel Le Bris, « redécouvreur » du grand romancier rival de Dickens et préfacier de la présente édition, souhaitait voir cette merveille retraduite de fond en comble et dans un souci de fidélité absolue à l’original… dont la critique, à l’époque victorienne, avait souligné l’aspect « scandaleux ». Le lecteur ne s’en plaindra pas, malgré la perspective de quelques nuits blanches…
Quant à l’intrigue, on n’en dira rien ou presque pour ne pas se fâcher avec ceux qui ont encore à en découvrir les pièges. Contentons-nous d’en planter brièvement le décor : un manoir sur la côte de Cornouailles, une famille honorable mais peu douée pour le bonheur, un secret lourd à porter – et si bien gardé qu’il réussira à empoisonner la vie de plusieurs générations… Qu’on se rassure pourtant : Collins a pris soin d’ouvrir sous les pas du lecteur quelques chausse-trapes de sa façon. Le connaissant, on aura déjà deviné que le fameux secret une fois révélé ruinera comme il se doit la façade respectable de ce petit monde, travaillé dans l’ombre par les puissances conjuguées – et refoulées – du crime, du sexe et de l’argent.
Bref, un Collins du meilleur tonneau, où l’on retrouve mieux que jamais peut-être « l’indécence au service du suspense » … selon la trouble formule que l’admirable Alfred Hitchcock, fervent disciple du maître, reprendra plus tard à son compte avec le succès que l’on sait.
Dans la catégorie 4e de couverture exagérée voire mensongère, celle-ci bat des records. Car si notre ami Wilkie nous offre là un bien sympathique roman à suspens, celui-ci aurait pu être excellent s’il y avait eu suspens, justement. Le secret en question se sent à plein nez, je n’osais y croire malgré les gros sabots des premières pages. J’ai fait mine de ne rien voir jusqu’à 48% du livre, où je n’ai plus pu nier l’évidence, grosse comme une maison déguisée en camion. Le décor planté nous donne le ton dès le départ : joie bonheur et volupté jusqu’à la découverte d’un secret honteux et pas joli joli pour l’époque, ambiance glauque et grise, personnages à fleur de peau un brin théâtraux, jeu de pistes pour découvrir la nature du secret, angoisse et trahison. Tout y est donc, sauf le suspens et la surprise. Hormis ce soufflé qui s’effondre sur lui-même bien trop vite, Secret absolu reste un très bon Wilkie, avec tout ce qui fait l’intérêt des romans de Collins, mais se situe loin derrière La dame en blanc ou Pierre de lune (ou n’importe quel autre roman de Collins, d’ailleurs).
3 remarques pertinentes pour “Feuille de route #14”
Merci pour le conseil sur le Wilkie… j’ai Pierre de Lune dans ma PAL. Faut que je le découvre 🙂 et donc pas avec ce titre-ci!
Il est vrai que la quatrième de couverture de « Secret absolu » est fort alléchante. En la lisant j’étais en train de me dire que j’allais l’ajouter à ma PAL. Mais ton avis m’a fait changer le mien.
Dis donc, j’entends beaucoup de bien de Gaskell 🙂
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