- Auteur : Christopher Sorrentino
- Ma note : abandon à la page 208
- Lu : avril 2017
Romancier new-yorkais, Sandy Mulligan s’est mis au vert dans une petite ville du Nord Michigan pour terminer son nouveau livre.
D’origine indienne, John Salteau est un conteur hors pair dont les histoires et légendes fascinent les habitants de cette même ville.
Kat Danhoff est journaliste à Chicago et aimerait bien voir sa carrière décoller.
Tous trois semblent mener une vie tranquille, c’est du moins ce qu’ils voudraient faire croire à leurs contemporains. Mais pour le romancier, le conteur et la journaliste, raconter des histoires est devenu une seconde nature. Et ce qui se cache derrière leurs fictions est peut-être bien moins lisse que ce qu’ils veulent laisser paraître.
Qu’est-ce qui a vraiment poussé Sandy Mulligan à quitter New York pour disparaître dans cette petite ville perdue ? John Salteau est-il bien l’homme au-dessus de tout soupçon qu’il prétend être ou bien a-til quelque chose à voir avec un crime commis dans le voisinage ? C’est ce que croit Kat Danhoff qui a, elle aussi, quelques secrets à cacher.
Trois personnages en quête d’une nouvelle vie avec leurs silences, les histoires qu’ils se racontent à eux-mêmes et aux autres. Trois personnages formidablement attachants que leurs mensonges et leurs fautes vont entraîner dans une spirale infernale.
Mon avis
Je me réjouissais à l’idée de découvrir un nouvel auteur, et qui plus est, chez Sonatine. Las ! Il s’agit de ma première déception chez cet éditeur que j’affectionne particulièrement. Cela ne m’empêchera pas de lire son roman précédent, Transes, mais avec celui-ci, je suis obligée de déclarer forfait.
Le talent d’écrivain de Sorrentino ne fait aucun doute, on constate rapidement la qualité de sa plume, son aisance à manier les mots, ses portraits détaillés, ses descriptions minutieuses, et je tire mon chapeau à la traductrice qui selon moi a fait un excellent travail qui n’a pas dû être aisé. Rien que pour cela, j’ai envie de lire autre chose de lui, mais pour ce qui est de Fugitifs, je reste perplexe.
J’ai lu 208 pages, tout d’abord avec enthousiasme, puis avec une certaine impatience, avant de décider de mettre fin à ma souffrance. Machin rencontre Machine. Événement furtif entrecoupé de passages mettant efficacement en place les personnages, de dialogues bien sentis, mais aussi de monologues à rallonge, de réflexions existentielles soporifiques, répétées, et même hors sujet. Un personnage sans intérêt tombe sur un répondeur et laisse un message qui dure pas moins de deux pages. Un message d’un intérêt très discutable et d’une longueur peu crédible, qui n’apporte rien à l’histoire. L’auteur donne l’impression de s’étaler, d’être payé au nombre de mots. Il y a les gens qui s’écoutent parler, il y a les auteurs qui se regardent écrire. J’ai eu la sensation de lire l’un de ces derniers. Sauf qu’à force de vouloir faire le beau avec sa plume, de chercher la bonne formule, le bon mot et la belle phrase, on en oublie de raconter une histoire. Car sur ces 208 pages, soit pas loin de la moitié du roman, l’action principale, c’est Machin qui rencontre Machine, vu par Machin, puis la même scène est répétée, mais vue par Machine. Malheureusement, malgré la mise en place savante et subtile des personnages, on ne s’intéresse déjà plus à eux. Alors oui, on devine l’idée sous-jacente de l’auteur, raconter des faits par le biais de différents points de vue, avec toute la subjectivité que cela implique, les problèmes de fiabilité, de confiance etc. Et donc ? Est-il nécessaire de diluer l’intrigue à ce point avant d’entrer dans le vif du sujet ? À ce stade, un ennui mortel m’avait déjà saisie, avec LA question : continuer ou pas ? À la lumière des avis de lecteurs anglophones, et malgré de très bons retours dans l’ensemble, les lecteurs déçus l’ont été pour les mêmes raisons que moi, ce qui quelque part me rassure. L’envie de poursuivre n’y était plus, l’idée de continuer me pétrifiait d’effroi. Lire une presque-moitié de roman et constater qu’il ne s’y passe rien, que l’histoire n’a pas démarré, n’augure rien de bon à mes yeux. Je n’ai absolument pas adhéré au rythme du récit, peu importe si l’auteur est un virtuose et sa plume un délice, cela ne me suffit pas.
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