- Auteur : Dennis Lehane
- Ma note :
- Lu : mai 2013
Boston, 1926. En pleine Prohibition, l’alcool coule à flots dans les speakeasies et Joe, le plus jeune fils du commissaire adjoint Thomas Coughlin, est bien décidé à se faire une place au sein de la pègre. Il commence par braquer un bar clandestin appartenant à un caïd local et, surtout, commet l’erreur de séduire sa maîtresse. La vengeance ne se fait pas attendre et Joe se retrouve derrière les barreaux. C’est là qu’un vieux parrain, Maso Pescatore, se charge de son « éducation » et que la carrière de Joe va prendre son essor. De la Floride à Cuba, Joe fait son chemin, pavé d’embûches, de luttes et de trahisons, parmi ceux qui « vivent la nuit ». Mais au détour du chemin l’attend aussi une grande histoire d’amour…
« Ils vivent la nuit, c’est Le Parrain pour ceux qui savent penser. » (Stephen King)
Mon avis
Bien qu’un poil de nez en-dessous d’Un pays à l’aube, Ils vivent la nuit n’en est pas moins un très grand roman. Il ne s’agit pas tout à fait d’une suite et il peut se lire indépendamment, puisque nous ne retrouvons pas les protagonistes d’Un pays à l’aube, le principal personnage étant Joseph, le plus jeune fils Coughlin. Devenu adulte, celui-ci a choisi l’action, l’adrénaline, le danger, et la vie nocturne. Joe n’a pas suivi les traces de son père à présent commissaire adjoint, ni celle de Danny, son frère aîné, ancien policier déchu de ses fonctions après les grèves de 1919. Il a choisi de passer de l’autre côté, et démarre au bas de l’échelle. Petit délinquant, une histoire d’amour le conduira en prison, première étape capitale dans son ascension future au sein des gangs. L’histoire nous transporte de Boston à Tampa, en Floride. Chaleur suffocante, population différente de Boston mais tout aussi hétéroclite avec ses tensions habituelles et ses rivalités, chaussures bicolores, grosses mitraillettes, tout y est !
Joe est un personnage très différent de son frère Danny, même s’il partage un peu une certaine utopie, il n’en reste pas moins réaliste. Lehane nous dépeint une mafia violente, sans état d’âme, avec ses règles et ses codes, et propose des personnages hauts en couleurs, plein de nuances. Joe refuse longtemps d’être assimilé à un gangster, et se voit plutôt comme un hors-la-loi, car il a du mal à accepter certaines extrémités et reste finalement un tendre. Mais ses activité et le milieu dans lequel il a choisi d’évoluer le contraignent à jouer le jeu et d’accepter des règles souvent brutales aux conséquences définitives. Il va donc devoir évoluer dans sa vie personnelle en tenant compte des exigences de sa vie de gangster. Et inversement. L’amour, la revanche, les parrains impitoyables, les associés faux jetons, l’ascension fulgurante, les revers de médaille et les coups de théâtre, autant d’élément qui contribuent à rendre l’intrigue captivante et le personnages passionnants. L’aspect social qui servait de toile de fond au premier volume laisse ici la place à l’ambition et à la cupidité, on découvre aussi malgré tout le caractère paradoxalement humain de certains membres du crime organisé. Peut-on être bon en faisant le Mal, ou générer quelque chose de positif à partir de mauvaises actions ? Tant de questions qui tendent à humaniser un milieu où la violence et la cruauté dominent. Encore un magnifique roman de Lehane, qui même en s’éloignant de ses chefs-d’œuvres tels que Mystic River et Shutter Island, réussit à nous pondre de subjugantes fresques historiques.
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