- Auteur : Owen Sheers
- Ma note :
- Lu : octobre 2016
Michael Turner pénètre en leur absence dans la maison de ses amis londoniens, Josh et Samantha Nelson. Il déambule de pièce en pièce, s’attardant sur les photos de famille. Un bruit vient interrompre cette étrange inspection : il découvre le corps sans vie de la petite fille du couple. Le doute plane : est-il un simple témoin ou un redoutable manipulateur ? Car Michael est un personnage énigmatique : il a quitté New York après le décès de sa femme, Caroline, journaliste tuée au Pakistan. Il agit toujours en ami parfait, attentionné. Presque trop. Que cache cette façade lisse ? Est-ce sa manière à lui d’oublier le chagrin ? Un autre mystère entre en scène : depuis peu, Michael reçoit des lettres signés d’un certain Daniel McCullen, qui dit être responsable de la mort de Caroline. Que veut-il et pourquoi éprouve-t-il le besoin de se confesser ?
J’ai vu un homme est un roman époustouflant de maîtrise, qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Dans la lignée de Ian McEwan ou Paul Auster, Owen Sheers mêle la sphère intime et une réflexion plus vaste sur notre monde globalisé.
Mon avis
Michael est un jeune marié prématurément veuf se remet péniblement de sa perte. Ayant récemment aménagé à Londres, il s’est lié d’amitié avec ses voisins, les Nelson. Lors d’une visite chez eux pendant leur absence, à la recherche d’un tournevis, la vie de Michael va basculer un peu plus dans la tragédie.
La visite de Michael chez son voisin se déroule sur toute la première moitié du livre, rien que ça ! Lorsque le drame survient, non sans un arrière-goût de ridicule, on a déjà tout appris ou presque de la vie de Michael, de son couple, de son travail d’écrivain, etc. Même chose pour sa femme Caroline, reporter tuée sur le terrain. Le contexte de chaque personnage, la personnalité et le passé de chacun est parfaitement détaillé. Les motivations de uns, les déceptions et ambitions des autres nous sont dévoilées tout au long d’interminables digressions qui achèvent de gâcher le peu de suspens vaguement présent au début du roman, mais rapidement totalement absent.
L’auteur connaît les outils pour immerger le lecteur dans la vie de ses protagonistes, mais il les utilise à outrance, en nous dépeignant leurs états-d’âme avec trop grande précision, au point de tuer tout mystère, il ne fait pas vraiment dans la subtilité. La structure du roman est intéressante mais le propos tellement étiré dans des digressions à rallonge que tout le potentiel est gâché. Les thèmes du deuil, de la culpabilité, de la responsabilité ou de la non-responsabilité sont largement développés au fil de l’intrigue, au travers de trois hommes ayant agi sans savoir, provoquant des drames irrémédiables, et ayant des conséquences sur le long terme. Un genre d’effet papillon qui permet d’une certaine manière aux protagonistes de se renvoyer la balle.
Bref, des thèmes forts et qui parlent à tout le monde, une construction du récit qui n’est pas inintéressante, mais qui part un peu dans tous les sens, une narration trop descriptive, mal employée, qui dessert une galerie de personnages qui aurait pu toucher le lecteur plus profondément. La quatrième de couverture annonce un personnage ambigu, manipulateur, un suspens insoutenable, des personnages aux motivations mystérieuses…Je cherche encore ! Pour ma part, le seul suspens a été de savoir à quel moment le récit allait correspondre à la quatrième de couverture. Il se peut que quelque chose m’ait échappé, mais malgré tous ces bons ingrédients, la recette a foiré et le soufflé est tombé. Je n’ai été ni touchée ni interpellée par le sort des personnages. Un roman qui se lit vite et bien, mais qui m’a laissée de marbre.
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