- Auteur : Robert Charles Wilson
- Ma note :
- Lu : 10/2014
Il s’appelle Julian Comstock ; il est le neveu du président des Etats-Unis. Son père, le général Bryce Comstock, a été pendu pour trahison (on murmure qu’il était innocent de ce crime). Julian est né dans une Amérique à jamais privée de pétrole, une Amérique étendue à soixante États, tenue de main de maître par l’Église du Dominion. Un pays en ruine, exsangue, en guerre au Labrador contre les forces mitteleuropéennes. Un combat acharné pour exploiter les ultimes ressources naturelles nord-américaines. On le connaît désormais sous le nom de Julian l’agnostique ou (comme son oncle) de Julian le Conquérant. Ceci est l’histoire de ce qu’il a cru bon et juste, l’histoire de ses victoires et défaites, militaires et politiques. Fresque post-apocalyptique, western du XXIIe siècle, fulgurant hommage à l’œuvre de Mark Twain, Julian est le plus atypique des romans de Robert Charles Wilson. Une réussite majeure et une critique sans concession des politiques environnementales actuelles.
Mon avis
Deux amis issus de classes sociales aussi différentes que possible partent à l’aventure croyant échapper à leur destin. En guise de fuite, les deux adolescents se retrouvent vite face à leur devoir patriotique. Entraînés dans le cours de l’Histoire, Julian Comstock, neveu de Président et fils de « traître », et son ami Adam Hazzard, enfant du peuple, se retrouvent apprentis soldats dans une guerre sans fin, qui va les plonger sans préambule dans l’âge d’homme, comme on dit. Le récit, raconté par Adam, ami du héros et témoin de l’Histoire en marche, s’apparente au roman d’aventures, de batailles, au roman initiatique et historique et au western. Bien que d’apparence naïf et soucieux de s’adonner à sa passion de l’écriture, Adam n’en relate pas moins de grands événements politiques et historiques, au travers du destin fulgurant de Julian. Jeune homme doux et cultivé, à la gueule d’ange et aux idées subversives dans une société dominée et bridée par la religion, Julian Comstock est un humaniste qui inspire la sympathie parmi ses compagnons d’armes. Adam contribue sans le vouloir ni même en avoir conscience à cette notoriété grandissante, contre laquelle ni lui ni Julian ne pourront plus grand-chose une fois la machine lancée. C’est ainsi que sans l’avoir cherché, mais à la suite de diverses actions militaires et concours de circonstances, que Julian va accéder au plus haut grade. Héros malgré lui, personnage plutôt pacifique mais voué à assumer sa destinée, Julian va prendre son rôle à cœur et agir selon sa conscience, envers et contre tous. La société post-apocalyptique imaginée par Wilson m’a paru tristement cohérente et plausible. Il n’a pas sous-estimé le poids de la religion ni la faiblesse des individus. La religion comme outil de pouvoir pour les meneurs et les ambitieux, et comme refuge pour les plus fragiles et les plus crédules a fait ses preuves. Un instrument de soumission par la peur et l’entretien de l’ignorance ne peut que se développer dans un tel contexte.
Le titre pourrait laisser supposer que le récit se déroule sur une longue période, que nenni ! Si le récit semble survoler les tribulations de Julian pour ne laisser que l’essentiel, sa destinée est également aussi fulgurante qu’inattendue. Le brève intervention de Julian Comstock dans le cours de l’Histoire n’en laissera pas moins des traces que l’on devine profondes, malgré un épilogue plutôt évasif. Encore un très bon Wilson, ma foi !
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