Jérôme Camut est l’auteur inspiré de la tétralogie Malhorne, dont je viens de lire le premier volume, Le trait d’union des mondes avec joie et délectation.
Il écrit actuellement en binôme avec Nathalie Hug, tous deux auteurs du cycle Les voies de l’ombre et donc je parlerai bientôt ici (dès qu’on m’aura rendu Prédation ^^)
À quel moment de la journée préférez-vous lire ?
Il n’y a pas de moment particulier, pas un plus propice qu’un autre. Cela dépend beaucoup de ce que je lis, romans pour le plaisir ou documents pour le travail.
Quel est votre endroit préféré ? (lit, fauteuil, bain, parc…)
Là encore, je n’ai aucune habitude. Mais presque jamais au lit en tout cas. Là où je m’allonge, je dors. Dans les cinq minutes qui suivent. Inutile de préciser le temps que prendrait la lecture d’un roman dans ces conditions. D’autant plus que je ne sais pas lire en diagonale. Je lis mot à mot, j’apprécie la langue de l’auteur, ou pas d’ailleurs.
Il est en revanche nécessaire que l’endroit soit confortable.
Créez-vous ou avez-vous besoin d’une ambiance particulière pour lire ? (musique, calme…)
Je l’ai longtemps pensé, jusqu’à ce que je m’aperçoive que je supportais le bruit, pour lire ou pour écrire. La seule chose qui me perturbe, c’est une conversation trop proche.
Qu’est-ce qui influence le plus vos choix de lecture ? (Internet,presse, entourage, l’actualité des confrères…)
Depuis quelques années, ce sont les romans que j’écris, ou co-écris. Le travail d’écriture me prend l’essentiel de mes journées, alors les lectures qui accompagnent mes recherches, ou qui vont dans le même sens, ne peuvent prendre que la place restante. En général, c’est par l’auteur que je me décide pour un roman. Par ce que j’en sais, ou par ce que l’on m’en dit.
Lisez-vous parfois les blogs de lecteurs pour trouver des idées ?
Non, jamais. Si un jour ma tête se vide un peu et que j’ai besoin d’une source extérieure, alors pourquoi pas.
Pouvez-vous lire plus d’un livre à la fois ?
Pour le travail, oui. Pour le plaisir, non. Parfois les deux sont mélangés, alors ça devient cornélien.
E-book ou papier ?
E-book ?
Marque-page ou page cornée ?
Je ne sacralise pas l’objet livre. Alors, page cornée, ou livre posé ouvert, au risque d’abîmer le dos. Et pourquoi pas annoter en marge. (je ne connais pas d’exercice plus exaspérant que de rechercher une phrase que j’ai aimée dans un roman.)
Quel est votre/vos lecture en cours ?
Plaidoyer pour l’arbre, un document de Francis Hallé.
Abandonnez-vous un livre qui ne vous plait pas ou allez-vous jusqu’au bout de la lecture ?
Pas de temps à perdre. Si je perçois les lignes de l’histoire trop vite, ou que je m’ennuie, j’arrête.
Savez-vous déjà quel sera votre prochaine lecture ?
Oui, en gros des documents sur les thèmes de notre prochain roman. Je ne dirai évidemment rien de plus, même sous la torture.
Vous considérez-vous comme un boulimique ? (toujours un livre en cours, sur soi, peur du manque)
Non. Je peux ne pas lire pendant des semaines.
Avez-vous une PAL (Pile à Lire) importante, éprouvez-vous le besoin compulsif d’accumuler les livres qui vous tentent afin de pouvoir piocher dedans selon votre humeur ? (attention : signe de boulimie) ou lisez-vous au jour le jour ?
Non plus. Je ne savais même pas que ça portait un nom. Il arrive qu’en dédicace, un lecteur approche et me dise (en parlant d’un de mes romans): je ne l’ai pas encore lu, il est sous ma pile.
Là, je fais GRRRR ! Je déteste les piles. Toute réflexion faite, les faces aussi.
Votre écriture influence-t-elle vos lectures ? Par exemple, si vous écrivez ou venez d’écrire un polar sanglant et angoissant, compensez-vous par des lectures d’un genre totalement opposé, ou vous immergez-vous complètement dans un même univers ?
Un même univers que le mien ? Difficile à imaginer. Ou alors, il y a de la place pour tous les psychopathes passifs en ce monde.
Je plaisante, évidemment. Non, pour me sortir d’un roman que je viens d’écrire, rien de tel que de me plonger dans le suivant. Les lectures n’auront rien à voir là dedans. Ecrire est infiniment plus marquant que lire. Surtout comme dans le cas récent où Nathalie et moi avons dû quitter notre salopard de service.
Quels sont les livres/auteurs/genres que vous affectionnez le plus ?
Stéfan Zweig, Henri Vincenot, Stephen King, Dan Simmons, Nathalie Hug, le nouveau et l’ancien testament (sans rire, c’est pour moi une source de fantasmes d’histoires)
Comment êtes-vous passé du statut de lecteur à celui d’auteur ? Ce fut progressif et inconscient, inné, ou un déclic vous a fait basculer ?
J’ai longtemps cherché ce que j’aimais faire. J’ai longtemps fantasmé ce à quoi devrait ressembler ma vie. Je me suis longtemps menti aussi, parce que lancé dans un désir qui me correspondait plus mais auquel je m’accrochais. L’écriture est un peu venue par hasard. Les circonstances seraient un peu longues à relater, mais c’est ainsi. Je me suis trouvé au bon endroit au bon moment. J’ai commencé et ça m’a plu. Énormément plu. J’ai ensuite peu à peu abandonné ce que je faisais avant. Et me voilà devenu écrivain à temps plein. Et pourvu que ça dure, parce que sans ça, ce sera retour à la mine. Et franchement, j’ai oublié le chemin.
Depuis que vous écrivez, votre façon de lire a-t-elle changé ?
Beaucoup. Je cherche sans m’en rendre compte les ficelles d’un roman. Et dès que je les trouve, le reste m’ennuie. Alors il me faut trouver des romans à la hauteur de mes exigences.
Avez-vous des révélations, des manies de lecteur (compulsif ou non) que vous voudriez ajouter?
Oui, une. Un peu plus haut, je dis que je vais même jusqu’à annoter les romans que je lis. J’ai lu des bouquins prêtés par mon père. Il les avait annotés des décennies plus tôt. Parfois, ils étaient même annotés de la main de son père. La transmission de ce plaisir de lecteurs, par générations interposées, a été quelque chose d’important. Si personne n’avait osé salir le livre, il ne serait rien resté des souvenirs de lectures. Les gens meurent, je ne le rappellerai jamais assez. Il reste les bouquins, salis ou pas, annotés ou pas, cornés ou impeccables.
Mille fois merci à Jérôme Camut d’avoir si bien joué le jeu et d’avoir répondu à la vitesse de l’éclair :)Je vous recommande non seulement la lecture de Malhorne, mais la visite du site officiel de Jérôme Camut et Nathale Hug :
- Site officiel
- Forum
2 remarques pertinentes pour “Jérôme Camut”
Avant, je n'aimais pas abandonner un livre en route, mais maintenant je ne culpabilise plus, car quand un livre ne nous accroche pas, c'est une perte de temps, je suis bien d'accord !! 😉
Je suis touchée en lisant le paragraphe sur les annotations dans les livres et de la transmission de génération en génération
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Pour la suite de mes lectures et autres déviances,
cela se passe désormais sur Ma Grosse PàL.