- Auteur : Joyce Carol Oates
- Lu : septembre 2013
- Ma note :
En 1936, Rebecca et ses parents fuient l’Allemagne nazie et échouent dans une petite ville américaine. Ancien professeur, son père doit accepter, faute de mieux, un travail de fossoyeur. L’inscription répétée de croix gammées sur les tombes qu’il est censé surveiller va l’entraîner vers le délire de persécution et l’autodestruction. Rebecca se retrouve témoin des conséquences tragiques de la démence de son père, un traumatisme dont elle ne se remettra jamais tout à fait… Un excellent Oates, où l’auteur revient sur les thèmes qui ont fait ses plus grands romans.
Mon avis
À force de lire Joyce Carol Oates, je vais finir par être à court de mots pour en parler. Oates nous livre ici un destin de femme, (pourtant pile le genre de sujet qui normalement me passe au-dessus) et fait encore mieux qu’avec Les Chutes. Oui, c’est possible. Le récit est beaucoup moins linéaire et les digressions chères à Oates sont légion. Les non-dits, les allusions, les souvenirs rassemblés comme les pièces d’un puzzle sont autant de moyens de nous immerger dans la vie chaotique de Rebecca. Le déracinement qui aura eu raison de ses parents est un thème majeur du roman, car tout commence avec la dégringolade sociale des Schwart. Tout découle de cette immigration subie, où l’amertume prend le pas sur le soulagement d’avoir survécu et échappé à l’horreur. L’obligation pour les enfants, et surtout pour Rebecca, de paraître fort en toute circonstances, de ne pas faiblir, pour ne pas être éliminé, sera un lourd fardeau pour les petits Schwart. L’enfance de Rebecca est des plus noires, née sur le bateau, elle n’a pas connu l’Allemagne, ni la vie d’avant, quand ses parents étaient heureux. Rebecca hérite d’un passé qui lui est inconnu, d’une aigreur nocive qui tue ses parents à petit feu. C’est dans ce contexte joyeux qu’elle finira par vivre sa vie de femme et de jeune mère. La vie de Rebecca est une suite de péripéties faite d’amour, de peur, de soumission, de doutes, et de prises de conscience. Devenue femme, il lui faudra assimiler ses traumatismes et se libérer de ses peurs et de ses doutes, dans un perpétuel mouvement de fuite. Le dénouement est assez inattendu, autant dans le fond que dans la forme et mérite son pesant de kleenex. Si vous avez aimé Les Chutes, vous allez adorer La fille du fossoyeur.
2 remarques pertinentes pour “La fille du fossoyeur”
Tu en parles bien,alors j’ai envie de le relire. Je l’ai lu il y a longtemps, j’ai oublié la fin.
Rhoooo un titre qui est dans ma PAL et je dois l’en sortir !
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