- Auteur : Charles Dickens
- Lu : septembre 2013
- Ma note :
Bleak House nous plonge dans les méandres d’une affaire judiciaire, Jarndyce contre Jarndyce, au sujet d’un testament. Les possibles héritiers se battent depuis des décennies dans l’espoir de récupérer les meilleures parts de la succession. Mr Jarndyce, un des plaignants qui a depuis longtemps abandonné tout espoir d’obtenir le moindre penny, prend sous son aile Miss Ada Clare et Mr Richard Carstone, les pupilles de l’affaire Jarndyce, ainsi que la demoiselle de compagnie de Miss Clare, Miss Esther Summerson. Pendant ce temps, la mort d’un certain Nemo va déclencher une réaction en chaîne entraînant la ruine de nombreuses personnes.
Paru en feuilleton entre mars 1852 et septembre 1853, Bleak House est le neuvième roman publié par Charles Dickens. C’est sans nul doute l’un des romans le plus remarquable et le plus achevé du célèbre romancier anglais. Un roman dans lequel Dickens dénonce avec force les dérives de la justice anglaise juste avant que celle-ci ne soit l’objet de nombreuses réformes dans les années 1870.
Mon avis
Les rares survivants qui suivent ce blog se seront peut-être aperçu de mon absence prolongée. Courant septembre je me suis plongée dans Bleak House, aussi connu sous le titre La maison d’Âpre-vent (?) et disponible en Pléiade. Les temps étant durs, je me suis rabattue sur une édition numérique, dont le prix ridiculement bas aurait dû me faire tiquer. On n’arrête pas de se plaindre des tarifs incohérents et exorbitants des livres numériques, moi la première, mais parfois je ne serais pas contre le fait de payer quelques euros de plus pour de la QUALITÉ. En l’occurrence, bien que l’éditeur en question fasse partie des éditeurs à suivre de près, je ne comprends pas que l’on puisse vendre, même à tout petit prix, une traduction ringarde et indigeste, sans la moindre révision. J’ai dû passer plusieurs semaines sur le premier volume, écœuré et fatiguée par les imprécisions, les lourdeurs, les bizarreries de traduction. Ada devient (parfois) Éva, Mr devient M., etc. Je ne parlerais même pas des tournures de phrases tirées par les poils du nez qui rendent la lecture carrément pénible. J’ai donc traîné, oui, j’ai traîné sur du Dickens ! N’y tenant plus, j’ai fini par chercher une autre édition, toujours en numérique, bien plus chère certes, mais dans des prix que je considère comme encore raisonnables. Ici, même traduction, mais RÉVISÉE ! Alors oui, on y trouve encore des choses curieuses, quelques lourdeurs, mais sans commune mesure avec l’autre édition. J’ai donc pu reprendre ma lecture avec plus de plaisir et d’enthousiasme. Notons au passage que la traduction sans révision propose néanmoins une 4E DE COUVERTURE correcte et sans spoiler, tandis que l’autre semble avoir été rédigée par quelqu’un qui n’a pas lu le livre, mais qui réussit à en dire trop !
Bref ! Une fois le problème de traduction résolu, j’ai pu profiter un peu mieux de ce roman aussi tragique que drôle. Car si le sujet est lourd, Dickens entretient une certaine joyeuseté dans le drame. Un procès qui dure depuis on ne sait même plus quand, des pupilles qui espèrent recevoir un jour leur dû, des amours naissantes, des filiations mystérieuses, des secrets de familles, des personnages charismatiques et d’autres franchement comiques, Dickens nous dresse un sacrée galerie de portraits et de caractères, ainsi qu’une intrigue touffue et dense, où les tenants et les aboutissants ne sont pas évidents de prime abord. Les pièces du puzzle se mettent lentement en place, la raison d’être de certains protagonistes ne saute pas non plus toujours aux yeux. En somme, le genre d’intrigue qui ne souffre pas une traduction alambiquée ! Le fil se dénoue lentement mais sûrement, et tout finit par s’imbriquer habilement. La caricature du système judiciaire de l’époque fait froid dans le dos, on se demande à quel point Dickens a exagéré, et s’il a exagéré. L’absurdité de ce système exagérément complexe rivalise avec celle des rapports sociaux et familiaux. Autre temps, autres mœurs, comme on dit. Bientôt en visionnage, l’adaptation de la BBC, version 2005.
Un excellent Dickens, donc.
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