- Auteur : André Gide
- Ma note :
- Lu : juillet 2013
Le 22 mai 1901, le procureur général de Poitiers apprend par une lettre anonyme que Mlle Mélanie Bastian, cinquante-deux ans, est enfermée depuis vingt-cinq ans chez sa mère, veuve de l’ ancien doyen de la faculté des lettres, dans une chambre sordide, parmi les ordures. Comment cette affaire, où la culpabilité de Mme Bastian et de son fils semble évidente, put-elle aboutir à l’ acquittement des inculpés?
André Gide démonte magistralement le dossier de cette affaire devenue légendaire. Et il conclut : « Ne jugez pas. »
Mon avis
André Gide signait ici la premier volume de la collection Ne jugez pas, paru chez Gallimard en 1930. La collection ne comptera finalement que 3 volumes et ma lecture rassemble à la fois La séquestrée de Poitiers et L’affaire Redureau. La collection avait pour vocation d’exposer des « affaires échappant aux règles de la psychologie traditionnelle et déconcertante pour la justice ». L’auteur nous présente des documents d’époque, des extraits de témoignages, dans le but de faire comprendre au lecteur les tenants et les aboutissants de l’affaire. En l’occurrence, tout porte à croire à une sordide histoire de séquestration, alors que la réalité, ancrée dans une époque et un milieu bien particuliers, est tout autre. Il s’agit de ma première approche d’André Gide. Je la soupçonne de ne pas être vraiment représentative de son œuvre, le format ne se prête guère à des fantaisies créatrices, il s’agit surtout de rapporter des faits, il n’y a pas grand-chose qui pourrait faire de ce livre un vrai roman, l’auteur n’est clairement pas là pour se faire plaisir, ni pour étaler sons avoir-faire stylistique. Les personnages sont décrits tels que rapportés dans les documents et les témoignages de l’époque, rien de plus. Je ne dirais même pas qu’il s’agit d’une brillante analyse étant donné que l’auteur se contente se rapporter les faits sans fouiller plus loin. certes, les faits sont assez parlants et le parti pris était justement de n’exposer que les faits, qui en fin de compte se suffisent à eux-mêmes.
L’affaire Redureau relate le crime de Marcel Redureau, jeune employé de ferme de 15 ans, doux et réservé, qui a sauvagement assassiné sept personnes (son patron et la famille de celui-ci) en 1913. L’auteur cherche là aussi à démontrer l’inexplicable, l’impardonnable. Il souhaite donner un autre éclairage à l’affaire, en insistant sur le fait qu’un crime particulièrement sanglant peut être l’œuvre d’un individu sain et équilibré, sans histoire ni penchant particulier pour la violence. Le coup de folie peut survenir sans crier gare, chez n’importe qui. Rien de très littéraire là non plus, mais toujours des faits et des documents d’époque.
Dans l’ensemble, le plus enfiévré des esprits sera déçu de ne pas trouver plus de romanesque dans ces récits, et le plus méthodique sera déçu par la brièveté des deux histoires. Une lecture sympatique mais pas inoubliable.
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