- Auteur : Joyce Carol Oates
- Ma note :
- Lu : juillet 2013
Ce grand roman gothique fut le premier best-seller de Joyce Carol Oates dans les années 1980 aux États-Unis. Il nous entraîne dans les pénombres des consciences d’une Amérique qui peine à se relever de la guerre de Sécession et au sein de laquelle les origines sociales et le poids de la lignée entravent toujours les destins individuels. Les Bellefleur ont exercé une influence déterminante sur l’état de New York tout au long du XIXe siècle. Ils composent un clan des plus bigarrés : un tueur en série, un allumé qui part se terrer dans les montagnes à la recherche de Dieu, un noctambule inquiétant, un brillant scientifique, une enfant singulière à laquelle Leah, jeune femme délicate, donne naissance, avant de décider de restaurer l’empire des Bellefleur, quel qu’en soit le prix…
Mon avis
À travers six générations JCO nous tisse un destin familial riche et dense. Les Bellefleur sont une famille peuplée de personnages romanesques, depuis Jean-Pierre Bellefleur, aristocrate français arrivé à l’aube du XIXe siècle, à Germaine, dernière née de la famille, une petite fille bien étrange. Oates nous perd et nous rattrape sans cesse au fil de ses flashbacks, son avertissement nous met en garde, le temps n’a pas beaucoup de sens et la vraisemblance n’est pas de mise dans ce récit. L’auteur ne nous propose pas d’intrigue à proprement parlé, mais une suite ininterrompue d’anecdotes, où les époques se croisent, se mélangent, pour laisser de temps en temps la place à la dernière génération des Bellefleur, celle qui tente de reconstruire un empire tout aussi morcelé que le récit lui-même. Oates nous offre une sacrée galerie de personnages, ainsi que des destins souvent hors norme, parfois tragiquement banals. L’histoire des Bellefleur s’inscrit dans la grande Histoire, mais reste empreinte d’une aura de mystérieux, les légendes concernant certains membres de la famille peuplent l’imaginaire de plusieurs générations. La folie, la passion, le désespoir et la mélancolie sont les moteurs principaux des Bellefleur.
Ce roman fut le premier best-seller de JCO, et n’est pas sans rappeler Nous étions les Mulvaney, écrit bien plus tard. Ce dernier reprend le même principe de narration, mais se concentre sur deux générations et un seul événement clé, et me parait peut-être plus digeste pour le non-initié à l’œuvre de JCO. Bellefleur constitue une vrai prouesse narrative, un labyrinthe géant, avec de multiples histoires, racontées à la façon d’un puzzle. La multitude de détails est étourdissante, tout contribue à un réalisme poignant, tout en distillant de subtils éléments de merveilleux, d’inexpliqué, d’irrationnel. La vraisemblance n’est pas le souci de l’auteur, elle nous met en garde dès le début. Tout est alors permis, la bizarre côtoie l’étrange, les repères temporels sont souvent trompeurs, quelques indices nous permettent de situer plus ou moins certaines scènes, mais d’autres indices les contredisent. Ajoutons à cela que la famille Bellefleur semble vivre un peu à l’ancienne, à la manière des grandes familles, avec leurs principes, us et coutumes, etc, et le décalage avec leur époque n’est que plus troublant.
Un roman étrange et envoûtant, tout à la fois gothique, fantastique, subtil, rocambolesque, tragique, romanesque, déconcertant, farfelu, invraisemblable, poétique, enthousiasmant, troublant, réaliste, psychologique, familial, universel, foisonnant, onirique, extravagant, excessif, animalier, anachronique, dense, grandiloquent, hypnotique, fascinant, fantaisiste, merveilleux.
3 remarques pertinentes pour “Bellefleur”
Il est dans ZE PAL. Peut-être celui que je prendrai pour les vacances. En tout cas, tu m’as mis l’eau à la bouche !
Attention il est touffu de partout 😀
Genre, quarante histoires en une, et dans le désordre, sinon c’est pas marrant 🙂
Grâce à ton billet je crois qu’il ne va pas rester encore très longtemps dans ma PAL !!!
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