- Auteur : Romain Lucazeau
- Ma note :
- Lu : octobre 2016
Dans un futur lointain, l’espèce humaine a succombé à l’Hécatombe. Reste, après l’extinction, un peuple d’immenses nefs stellaires, confrontées à une redoutable invasion extraterrestre.
Plautine fut l’une d’elles. À présent réduite à un corps unique, hantée par de mystérieuses réminiscences, elle accompagne Othon, automate obsédé par sa propre gloire, dans l’Urbs, siège du pouvoir impérial. Mais le complot qu’elle y met au jour dépasse ses pires craintes. Réfugiés à bord du vaisseau géant Transitoria, traqués par leurs ennemis et confrontés à la fronde des hommes-chiens, peuple homérique aussi redoutable que primitif, Plautine et Othon se lancent dans une quête métaphysique dont l’enjeu n’est autre que le retour du Dernier Homme.
Pétri de la philosophie de Leibniz et du théâtre de Corneille, Latium est un space opera aux batailles spatiales flamboyantes et aux intrigues tortueuses. Un spectacle de science-fiction vertigineux, dans la veine d’un Dan Simmons ou d’un Iain M. Banks.
Mon avis
Comme son nom l’indique, voici la suite de Latium, gros diptyque dense et riche d’un total de près de 1 000 pages, soyons fous ! Deux pavés étonnants pour la néophyte que je suis en SF.
Le premier tome m’avait subjuguée, le second m’émerveille. On change de rythme, de décors, on bouge un peu plus et on philosophe un peu moins (quoi que !), l’action se déploie en plusieurs lieux, puisque l’on fait un saut sur Mars, Europe, et une incursion dans le bling bling de l’Urbs. Le style de l’auteur est toujours un régal, on a du haut niveau de langage, tout en restant accessible et fluide. Les références tant philosophiques de SF-nesques sont légions, mais ma culture étant encore à l’état larvaire (ou barbare !) cet abus relatif ne m’a pas gênée le moins du monde. Je garde donc un œil semi-vierge et ingénu face à ce premier roman. Et donc oui, la comparaison avec Simmons se confirme, on devine une très forte influence, qui pourra gêner les habitués du genre, mais le niveau étant égal aux Cantos d’Hypérion, je trouve que l’auteur a le droit de se laisser aller. La comparaison avec Banks me donne juste envie de découvrir ce dernier, car je me dis qu’elle ne doit pas non plus être infondée.
Nous retrouvons donc Plautine et Othon à la conquête de l’Urbs, ou pas. Des personnages jusque là seulement évoqués font leur apparition, un jeu d’alliances et de séduction se met en place entre nos protagonistes, à ce niveau le suspens demeure et ne nous laisse pas en reste. De rebondissements en coups de théâtre, d’un deus ex machina à l’autre, l’intrigue suit son cours, plus ou moins inattendu, mais toujours bien mené. Le récit n’est toutefois pas exempt de nombreuses facilités, celles que j’attribue précisément au genre du space opera (et qui, à la base, me rebutent justement !), des solutions subites à des situations critiques, tombées de nulle part, qui sauvent la mise à tout le monde, et nous voilà repartis. Mais le rythme est là, avec une maîtrise de la narration époustouflante et un style toujours aussi exaltant. En ce qui me concerne, ce sont autant d’aspects qui pèsent lourd dans la balance. Il y a un moment où certains auteurs peuvent bien écrire ce qu’ils veulent, ils le font tellement bien que j’adhère.
J’ai également beaucoup apprécié la lecture à plusieurs niveaux qui se poursuit dans ce second tome, et que l’on sent poindre derrière notre ignorance mais sans que cela n’empêche de profiter de la profondeur des divers thèmes abordés, des personnages bien développés, de leurs relations étranges et compliquées, et de la plume délicieuse de l’auteur.
En choisissant ce roman dans la sélection des éditions Denoël, j’ai pris un risque en voulant découvrir un auteur de SF français, spécimen déjà rare en soi, et je peux à présent me permettre de m’auto-congratuler pour mon choix, car Latium dans son ensemble constitue une œuvre vraiment enthousiasmante, et sachant qu’il ne s’agit « que » d’un premier roman, on ne peut que se réjouir de ce que cela augure.
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