• Auteur : Éric Genetet
• Ma note : 
• Lu : octobre 2008

Toujours entre deux hôtels, entre deux missions, à quarante ans Arno Reyes voyage seul et vit léger. C’est un homme libre. Quand il rencontre la radieuse Giannina, inaccessible étoile, princesse de ses rêves en technicolor, il n’a qu’une certitude : elle est celle qui lui donnera le plus grand rôle de sa vie.

 Mon avis

Bon alors ce genre d’histoire d’amour c’est pas mon truc, le chabada-bada et les jetaimemoinonplusjetehaisjetetrompemaisjetaimequandmême, ça m’attire pas, ça me fait fuir. Mais quand on m’a proposé ce livre, le titre m’a intriguée. Chezlesfilles.com proposaient ce coup-ci un roman ultra-court au titre poético-sybillin, j’ai donc encore dit oui à leur aimable invitation. J’ai démarré le livre pas très convaincue, mais curieuse, sachant qu’au pire j’allais perdre une heure. En cours de route, je me suis aperçue qu’en effet, la brièveté du livre étant un gros avantage. L’histoire est basique, réchauffée, sans intérêt. Un célibataire endurci rencontre la femme de sa vie, la mère de son enfant, celle qui lui apporte l’illumination suprême,  on pourrait croire qu’il rencontre dieu, la foi et le reste. C’est joli, tout beau, c’est l’Amour éternel et sincère, la pâmoison et le gros délire pour la vie. Bateau, donc.

Tout ceci évidemment se passe aussi vite que le presque-coup de foudre des deux tourtereaux. Sauf que comme dans la vraie vie, l’homme finit par être infidèle. Leur histoire sirupeuse entachée par l’adultère, manquait plus que ça ! Et là on se dit, ah ben ouais, le côté réaliste et crade de la vie reprend le dessus. Et ensuite c’est l’escalade du tire-kleenex, parce le coup de la tromperie c’est pas bien beau, ça laisse le lecteur perplexe, qui s’interroge finalement sur la profondeur de cet amour, mais la reprise en choeur de Love Story là messieurs dames je dois dire que ça donne le coup de grâce. On remarquera aussi quelques très courts passages fulgurants de beauté et de profondeur, des phrases brèves mais remplies de poésie et de vérité, à l’échelle du livre, et de l’histoire, et qui à moi m’ont parlé. Et je n’évoque même pas l’anecdote de la rencontre du père du narrateur avec son meilleur ami qui a lieu à…à ?..à Argelès sur mer ! oui (mais qu’elle idée ??).

Le style est plutôt agréable, et ces fameux passages aussi intenses que brefs sont à chaque fois inattendus. On se demande si le narrateur a lui-même le temps de s’habituer à sa nouvelle condition d’homme amoureux, puis à sa condition de père…et du reste. On ne comprend pas son infidélité, mais lui-même n’a pas l’air de trop la comprendre non plus, même si elle a l’air voulue et calculée.

Bref, un court roman très curieux, basique par son intrigue, agréable par son style, assassin par toute l’émotion qui en ressort, surtout à la fin du livre, savamment distillée par petits jets furtifs au fil des pages.

Je suis contente d’avoir lu cette histoire guimauve paradoxalement violente et bouleversante, qui a réussi à me remuer tout entière.

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