- Auteur : Charles Higson
- Ma note :
- Lu : novembre 2008
Quand vous êtes un designer londonien dans le vent, vous pouvez tout avoir : de l’argent, du succès, un bon dealer, de l’arrogance à revendre et un sentiment de supériorité à toute épreuve. Aussi, lorsqu’un emmerdeur du nom de Mister Kitchen vient vous prendre la tête de bon matin pour une histoire de bagnole, il peut arriver que vous réagissiez un peu excessivement – très excessivement même -, et que vous vous retrouviez soudain avec un cadavre sur les bras. Un cadavre qui pourrait réduire en miettes votre confortable petit univers. À moins que vous ne vous en débarrassiez – ni vu ni connu. Mais un emmerdeur, même clamsé, reste un emmerdeur, c’est-à-dire quelqu’un dont on ne se débarrasse pas si facilement. Et lorsque les embûches se multiplient dans une journée particulièrement chargée, riche en surprises – l’ex-petite amie qui accouche, les parents qui débarquent, la dope qui vient à manquer -, la mauvaise farce ne tarde pas à tourner au cauchemar. Tout en dressant un portrait irrésistible des nouveaux riches branchés de la société anglaise, Charles Higson signe un polar déjanté et hilarant, avec un humour noir typiquement british.
Mon avis
L’humour anglais, l’humour, noir, et l’humour noir anglais, voilà qui m’a tout de suite attirée. On entre de plein pied dans le monde branchouille du narrateur, designer à l’ego épanoui et très vite détestable. Le récit démarre sur les chapeaux de roue, les multiples contretemps, déboires, manque de bol et autres catastrophes s’enchaînent à un rythme soutenu. Le flegme britannique de notre anti-héros ne suffit pas à lui faire garder la tête froide et il devra user de bon nombre de drogues pour ne pas céder à la panique. Tout au long de cette effroyable journée, on assiste à la décadence de notre homme, qui, malgré toutes les embûches qu’il rencontrera ne se départira jamais de son but, se débarrasser du cadavre. On oscille entre absurde et délire. Certaines scènes sont juste d’une délicieuse invraisemblance, on partage le délire du narrateur, qui malgré tout fait preuve d’un certain flegme malgré ses colères, car il ne dévie décidément jamais de son objectif, même dans les moments les plus désespérés.
Toujours retardé dans son élan, notre abominable personnage va parcourir Londres dans tous les sens dans une course effrénée. La scène de l’accouchement constitue la première calamité du roman après le trépas précoce de Mister Kitchen. Sanglante et franchement désopilante, elle pourrait provoquer un accouchement prématuré chez les jeunes mamans. Premier grand moment du livre donc, qui donne le ton et en dit encore plus long sur le caractère du personnage. C’est dit, c’est un sale type, un antipathique par vocation. La suite des événements ne va pas démentir cette première impression. Son endurance est surhumaine, et il ne la doit qu’à ses prises de drogues successives. Sa persévérance confine au ridicule, voire à l’inconscience. J’ai beaucoup ri pendant la lecture, du moins quand j’en avais le temps, car on se laisse happer par ses mésaventures rocambolesques. Les personnages qui parsèment l’histoire, et particulièrement les parents du héros, sont intéressants et donnent un éclairage sur son caractère, et si j’osais, je dirais qu’ils le rendent presque sympathique, par contraste. Le père est odieux, la mère est pathétique.
L’histoire est complètement déjantée, délirante, le personnage est hilarant malgré lui, l’action soutenue, le tout un grand moment de lecture dans un univers débridé et halluciné. J’ai aussi trouvé la chose très cinématographique, à la limite du tarantinesque ! 🙂
2 remarques pertinentes pour “L’encombrant Mister Kitchen”
De l'humour noir british, londonien en plus : j'adopte !
Humour anglais, déjanté, délirant… that's for me!!!
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Pour la suite de mes lectures et autres déviances,
cela se passe désormais sur Ma Grosse PàL.