- Auteur : Ken liu
- Ma note :
- Lu : Janvier 2017
Futur proche.
Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l’observateur d’interférer avec l’objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l’histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d’État.
Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, dirigée par le général Shiro Ishii, l’Unité 731 se livra à l’expérimentation humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près d’un demi-million de personnes… L’Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous silence par les forces d’occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à l’Histoire.
Mon avis
Avec une novella d’une petite centaine de pages, dans la bien nommée collection Une heure-lumière, chez Le Bélial’, Ken Liu nous remet en mémoire une période méconnue, voire pas connue du tout pour la majorité des gens. Qui se souvient ou a connaissance de l’ ? Pas grand-monde. On a retenu les atrocités des nazis, mais celles des Japonais sont un peu passées au travers de la mémoire collective. Par le biais du thème du voyage temporel, Ken Liu secoue gentiment le cocotier du négationnisme et évoque les horreurs commises par cette unité sans faire de manière. Il nous présente les faits tels qu’ils sont connus aujourd’hui, sans fioriture.
Evan Wei, historien, et son épouse Akemi Kirino, physicienne expérimentale, mettent au point une méthode pour observer le passé, espérant ainsi empêcher toute tentative de négationnisme ou de révisionnisme envers l’existence de l’Unité 731. Si des témoins peuvent observer cette période précise, la véracité de faits jusque là niés par le Japon, ne pourra plus faire de doute. À leur plus grand désarroi, c’est l’inverse qui se produit. Le moment observé ne peut l’être qu’une seule fois, par une seule personne, après quoi il disparaît. Dans un contexte déjà tendu entre la Chine et le Japon, l’initiative d’Evan et Akemi ne tourne pas à l’avantage de la vérité historique, puisque celle-ci demeure remise en cause malgré leur noble ambition.
Sous forme de documentaire, comportant les témoignages officiels de divers protagonistes, ou des micro-trottoirs laissant la parole aux gens de la rue, Ken Liu traite son sujet de manière froide et objective. Il amorce des questionnements auxquels il ne répond pas, laissant cette tâche au lecteur. Les faits relatés font froid dans le dos. Le côté SF du voyage temporel sert admirablement le propos et ne prend pas le dessus sur celui-ci, tout en posant la question de la fiabilité du témoignage, de la facilité à nier les faits qui peut en découler, et du côté éphémère de l’Histoire. Ce qui est passé peut-il exister encore ? Comment l’expliquer, l’interpréter, peut-on seulement rester objectif ?
Je découvre Ken Liu avec cette novella et sa réputation déjà faite de génie du genre m’incite à surveiller son cas de près. Néanmoins, si L’homme qui mit fin à l’histoire est percutant par son propos, la forme manque un peu de vie et de relief, conséquences du choix de l’auteur, qui a opté pour la brièveté et la sobriété. À lire toutefois pour la mise en lumière de crimes de guerre quasiment ignorés du plus grand nombre.
3 remarques pertinentes pour “L’homme qui mit fin à l’Histoire”
Ce livre a été mon dernier coup de cœur de 2016! Je ne connaissais pas l’existence de l’unité 731 et ça m’a fait froid dans le dos. Lorsque j’ai fini ma lecture, j’ai refermé le livre, et j’ai réfléchi. Pendant au moins 30 minutes je n’ai pas été capable de passer à autre chose! Ça m’a fait réfléchir au traitement de l’histoire aujourd’hui, au fait qu’on ne puisse pas juger une époque sans l’avoir vécu ou même juger une époque avec nos yeux d’hommes du XXIe siècle! Et je réfléchissais au voyage dans le passé, si un jour ça existe, ne serait-ce pas une mini-catastrophe?
Sur la même thématique, on vient de me conseiller Black out de Connie Williams (historiens voyageant dans le passé). Je suis en train de le lire et j’aime beaucoup. C’est un peu moins dur que « L’homme qui mit fin à l’histoire ».
Merci pour ta chronique 🙂
Connie Willis fait partie des auteurs que je voudrais découvrir, un jour ! Le voyage dans le temps est un thème qui me fascine 🙂
Je te la conseille! 🙂 Oui c’est un thème qui va m’occuper dans le prochains moi je pense ^^
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