- Auteur : Alexandra Burt
- Ma note :
- Lu : mai 2017
Quand elle se réveille ce matin-là, Estelle, comme tous les jours, se rend dans la chambre de sa petite fille de sept mois pour lui donner son biberon. Effarée, elle découvre un berceau vide, une chambre vide : plus aucun vêtement, plus de jouets. Comme si son bébé n’avait jamais existé. Estelle, sous l’emprise d’une dépression post-partum très sévère, met plusieurs jours à signaler la disparition. Très vite, la jeune mère devient le suspect numéro un aux yeux de la police, des médias et de son mari…
Abandonnée de tous, elle s’accroche à un espoir fou : celui de retrouver son enfant.
mon avis
Paru chez Denoël dans la collection Suspense, et traduit par Santiago Artozqui, Little Girl Gone avait tout pour titiller ma curiosité. Une mère dépressive constate la disparition de son bébé mais ne prévient pas la police. Entre cette étrange disparition et la découverte de la mère dans une voiture accidentée, plusieurs jours.se passent. Qu’a donc fait la mère pendant tout ce temps ? Comment s’est-elle retrouvée dans un ravin à plusieurs heures de chez elle, grièvement blessée ? Autant de mystères qui intriguent la police et la font rapidement passer au statut de suspecte.
Un bon démarrage donc, une situation des plus étranges, avec une héroïne amnésique, un bébé volatilisé, un mari absent pas très empathique, et des policiers pas sympas du tout. Hélas, très vite, j’ai senti venir le truc. Le coup de l’amnésie, OK, excellente idée, encore faut-il ne pas se mélanger les pinceaux avec des mythes pseudo-scientifiques tel que l »amnésie dissociative », la fameuse théorie selon laquelle une personne traumatisée deviendrait amnésique sous la violence du traumatisme (en total contradiction avec le syndrome post-traumatique, soit dit en passant, mais ce paradoxe ne choque personne apparemment). La première évocation de cette ineptie m’a laissée pantoise. J’ai commencé à me méfier du sérieux de l’auteur quant à sa documentation, la suite m’a malheureusement donné raison. La mère est amnésique, et pourrait l’être pour des tas de raisons valables et scientifiquement réalistes, mais non, l’auteur a choisi de ne pas aller chercher trop loin et exploite un filon digne d’un téléfilm de M6. Du même niveau que le mythe du cerveau sous-exploité ou du complexe d’Œdipe. C’est dire où on en est.
Mais passons, oublions l’explication foireuse de l’amnésie de la mère. Le nœud de l’intrigue n’est rien d’autre que les souvenirs refoulés perdus d’Estelle, suite à son incompréhensible accident. Elle part donc en quête de sa mémoire et tente de reconstituer les jours qui ont suivi l’évaporation de sa fille Mia, avec l’aide précieuse d’un psychiatre doté du charisme d’une tranche de chorizo (doux). Ce dernier émet une vague réserve concernant la cause de son amnésie, mais c’est trop tard, le mal est fait. Un auteur peut bien faire dire des idioties à ses personnages, encore faut-il que cela ait du sens. Ici, ce psychiatre passe pour compétent. Contradiction !
Dans un premier temps, nous apprenons à mieux connaître Estelle, sa détresse psychologique suite à son accouchement, son sentiment d’abandon et d’impuissance envers à son bébé. Son comportement irrationnel face à la disparition de Mia peut s’expliquer par son état psychologique et émotionnel, difficilement compréhensible dans sa complexité si on ne l’a pas vécu. Cet aspect-là semble assez bien traité, on y découvre le passé d’Estelle et les circonstances de son mariage, ce qui en dit long sur son rapport à la maternité. Sa détresse de jeune mère est palpable, on compatit à son désarroi et à sa solitude.
L’intérêt du roman s’arrête à peu près là. Le déroulement de l’intrigue suit un cours assez prévisible, le coupable est rapidement identifiable, et même s’il reste à savoir pourquoi comment, l’explication arrive elle aussi assez vite. Le suspens réside dans le fait d’avoir pris le temps de développer le personnage d’Estelle et sa psychologie, longuement, à tel point que l’on a hâte de passer à l’étape suivante, à savoir, le pourquoi du comment de la disparition de Mia.
Estelle poursuit donc sa thérapie, dont je ne jugerai pas le niveau de réalisme et de crédibilité car je suis assez ignare là-dessus, mais je me dis que l’auteur n’a pas dû trop forcer sur la doc. En tout cas, tout cela parait bien facile, ses souvenirs reviennent peu à peu, sans surprise, mollement. À partir de là, on plonge dans un scénario digne d’un mauvais téléfilm de début d’après-midi, pas trop subtil, mais avec juste assez d’action pour ne pas s’endormir complètement sur la digestion.
Malgré un portrait saisissant d’une mère engluée dans une profonde dépression, le déroulement laisse à désirer, le suspens n’est pas franchement élaboré et les personnages assez ridicules, à peine ébauchés, ils n’ont aucune substance. Seule Estelle a assez d’épaisseur pour maintenir encore un peu l’intérêt du lecteur. L’explication finale est cousue de fil blanc, mais c’est pas grave, il est assorti aux grosses ficelles du dénouement, largement superflu à mon sens, mais la machine étant lancée, l’auteur semble ne pas voir su s’arrêter à temps.
7 remarques pertinentes pour “Little girl gone”
Ah oui donc… on évite quoi…
Tu mets quand même un « deux étoiles ». Ca passe encore quand même donc 🙂
Deux étoiles pour moi c’est pas jojo, j’ai eu pitié d’Estelle, seul personnage un peu étoffé, mais après,..voilà quoi. -_-
oui mais t’as pas mis 0.5 quoi 🙂
Si on va par là : j’ai pas mis un 5 non plus ! 😀 Deux étoiles ici c’est « Dispensable » (pour être polie), et j’ai arrêté de mettre des demi points depuis des années 😀
wais c’est pas faux… les demi c’est chicaner 🙂 mais parfois j’ai du mal à trancher héhé 🙂
Bon, je passe mon tour pour cette lecture.
Tu peux !
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