J’ai récemment découvert Vincent Gaufreteau avec le premier épisode de sa tétralogie Chimeterre, L’aurochs rouge. Auteur (auto-édité) et illustrateur, il ne lui manque plus qu’un éditeur, et en attendant cet heureux jour, n’hésitez pas à le lire et à le découvrir à travers ses habitudes de lecture.
Quand, comment et pourquoi en êtes-vous venu à la lecture ? Y a-t-il eu un déclic ?
Si déclic il y a eu, celui-ci a dû se produire le jour où mes parents ont jeté un livre dans mon couffin. Apparemment, ils ne souhaitaient pas m’assommé avec. Et d’aussi loin que je me souvienne, le livre, et par extension la lecture, a toujours fait partie de mon quotidien.
Quel est votre moment idéal pour lire ?
Je lis pratiquement tous les soirs, avant de dormir, ça doit donc être mon moment idéal. Mais quand il fait beau j’aime bien lire en terrasse d’un café ou dans un parc. Je peux lire le matin, en sirotant mon thé, dans les transports, pour passer le temps, en revenant du boulot, pour me détendre. Bref, il y a plein de bons moments pour lire !
Quel est votre endroit préféré pour lire (lit, fauteuil, bain, parc,…)
Oh, bah du moment que je suis confortablement installé. Et puis, avoir des préférences, c’est se créer des routines. J’aime le confort, pas la routine.
Créez-vous ou avez-vous besoin d’une ambiance particulière pour lire ?
Tout dépend de la lecture. Certaines nécessitent de se concentrer sur le sujet et réclament donc du calme (essai, philo, technique…). D’autres s’avalent comme des croissants au beurre pendant le petit déj. En général, je ne cherche donc pas à créer une ambiance particulière, même si idéalement, être au calme c’est mieux. Et quand l’occasion s’y prête, je ne rechigne pas à mettre un peu de musique (BO de films et musique instrumentale principalement).
Par quoi vos choix de lecture sont-ils le plus influencés ? (internet, blog, entourage, presse… )
Les avis de proches, famille, amis sont évidemment une source de premier choix ! D’abord parce qu’on connait leurs goûts en matière de lecture et on sait s’ils correspondent aux nôtres, ensuite parce que cela amène des échanges directs. Et j’adore les échanges direct. Mais comme ça ne suffit pas à alimenter mon flux de lecture, je me reporte également beaucoup sur les médias digitaux. On y fait souvent de belles découvertes. Enfin, il y aussi le plaisir d’aller flâner dans sa librairie préférée, sans livre précis en tête, et de se laisser guider par son instinct et les couvertures !
Puisez-vous parfois vos idées de lectures dans les blogs littéraires ?
Oui, pas seulement les blogs, mais aussi les réseaux sociaux, notamment Twitter que je trouve pratique pour faire de la veille là-dessus. Ou si j’hésite à propos d’un livre et que je souhaite approfondir, j’essaie également de trouver des chroniques sur des blogs ou des sites spécialisés, car ils sont souvent plus étoffés que les commentaires sur les plate-formes de vente en ligne.
Pouvez-vous lire plus d’un livre à la fois ?
La question serait plutôt : est-ce que je peux encore me contenter de lire un seul livre à la fois. J’en ai rarement moins de trois en cours.
Avez-vous franchi le pas du numérique ?
Non, ce n’est pas pour moiPas encore, mais ça me titille- Oui, mais je lis toujours principalement du papier
Comment je kiffe trop sa race à l’ibouque !
Si vous êtes passé du côté obscur de la force numérique, sur quel type de support lisez-vous ?
Liseuse. Parfois sur tablette. Mais la liseuse reste vraiment ce qu’il y a de plus confort pour lire autrement que sur papier.
En tant que lecteur, votre approche de la lecture a-t-elle changé avec le numérique, consommez-vous autrement ?
Je n’ai pas le sentiment de lire différemment. Par contre, l’e-book donne l’avantage de pouvoir se procurer gratuitement les livres tombés dans le droit public. De fait, sur liseuse, je lis principalement ce type de livres, ainsi que des nouvelles ou des auto-édités non publiés en papier. Bref, grâce à la liseuse, j’essaie de faire un adage d’acheter des livres d’auteurs vivants plutôt que d’auteurs morts !
Votre devise, c’est :
Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresseLe numérique c’est le MalFranchement, le papyrus c’était mieuxLe papier est mort, vive l’ebook- Je suis bi-textuel
Marque-page ou page cornée ?
Marque-page ! J’en ai toute une collection, normal quand on a parfois six ou sept bouquins en cours. Mais plier une page ! Malheureux ! Quel sacrilège ! Au pire, si je n’ai pas de marque-page, je mémorise le numéro de la page.
Annotez-vous vos livres au cours de la lecture ?
Je n’annote jamais. Par contre, lorsque je souhaite retenir un passage, dans le cadre d’une recherche pour un livre, pour m’en servir comme citation ou comme source, j’utilise des mini-postits de couleur. Sur liseuse, par contre, on peut facilement mettre des annotations, sans détériorer le support puisque tout est numérique. J’avoue que c’est une de ses grandes forces par rapport au papier.
Quelle est votre lecture en cours ?
Sérieusement ? Ok, c’est parti. Dans l’ordre où j’ai débuté la lecture :
- L’art de la méditation (Matthieu Ricard)
- De la nature des choses (Lucrèce)
- Dans la disruption (Bernard Stiegler)
- Le crime de Lord Arthur Savile (Oscar Wilde)
- L’éléphant s’évapore (Haruki Murakami)
- Le charme discret de l’intestin (Giula Enders)
Abandonnez-vous une lecture qui ne vous plaît pas ou vous acharnez-vous jusqu’à la dernière page ?
Il est extrêmement rare que je n’aille pas au bout d’une lecture que j’ai commencée. Je n’ai que deux exemples en tête. Et le premier ne compte pas vraiment. Le second, c’est les Mémoires d’Hadrien, de Marguerite Yourcenar. Je n’arrive pas à adhérer suffisamment au texte, allez savoir pourquoi. J’ai commencé cette lecture bien avant tout ceux cités plus haut. Il est toujours sur ma table de chevet, avec un marque page coincé aux alentours de la centième page. Je ne me suis pas encore résolu à l’enlever. Pourtant, je doute de m’y remettre un jour.
Savez-vous déjà quelle sera votre prochaine lecture ?
La tristesse du Samouraï (Victor del Arbol) Je me lance dès que j’ai fini celui de Murakami, ce qui devrait se produire dans les heures qui suivront le moment où j’aurai fini de répondre à ce questionnaire.
Vous considérez-vous comme un boulimique, avec toujours des tas de livres dans les parages ?
Non. Définitivement non. La boulimie est une pathologie mentale. La lecture, bien au contraire, renforce notre agilité cérébrale !
Avez-vous une énorme pile de livres, juste en cas de guerre ?
Si vous parler d’une PAL, pile de livres à lire et donc pas encore lu. La réponse est non. Je ne suis pas du genre à emmagasiner plus que ce que je peux absorber. Et puis, mon rythme de lecture est également un frein au fait d’entasser des livres. Toutefois, en cas de guerre, ma bibliothèque est assez bien fournie et contient suffisamment de livres que je relirai avec plaisir pour me permettre de survivre !
Quels sont les livres/auteurs/genres que vous affectionnez le plus ?
Question difficile, en vérité. Je ne suis pas certain d’affectionner un auteur en particulier ou un genre littéraire spécifique, j’aime l’éclectisme et la variété. Toutefois, certains auteurs sont plus marquant que d’autres. Du côté de la littérature de l’imaginaire français actuelle, par exemple, des auteurs comme Damazio ou Jaworski sont devenus incontournables. J’apprécie aussi beaucoup le travail de Catherine Dufour. Si je devais regarder du côté des thrillers et des romans noirs, Caryl Ferey est le premier nom qui me vient en tête, et dans mes lectures récentes, j’ai beaucoup aimé Masako Bando. Après, il y a les classiques, Phillip K. Dick, Agatha Christie, Tolkien… Des références dans leurs genres respectifs qu’il faut avoir lu au moins une fois. La lecture de Salâmmbo, de Flaubert, m’avait également beaucoup impressionné. Enfin, il y les auteurs dont la lecture est à chaque fois un renouvellement, comme Lewis Caroll. Vous pouvez lire cinq fois Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir, à chaque fois votre lecture sera différente.
Au contraire, y en a-t-il que vous évitez absolument ?
Des genres, non. Car il n’y a pas de mauvais genres. Par contre, des mauvais auteurs, ou des auteurs dont on n’apprécie pas le travail, ça il y en a pléthore. Il y a le style déjà. Les livres mal écrits. Mais du côté des éditeurs, on n’en trouve pratiquement plus. Tout est passé au tamis. Au pire, on tombe sur des textes fades et sans saveur, mais lisible. Chez les auto-édités, c’est également de plus en plus rare, grâce aux sites d’entraide. Je pourrais faire une liste à la Prévert des auteurs que je déconseille, mais je n’en vois guère l’intérêt, alors je vais juste évoquer ma dernière grosse déception. LA grosse déception de 2016. Je ne relirai jamais du Ann Leckie. Pourtant, j’avais totalement adhéré au concept de son roman La justice de l’ancillaire. Seulement voilà, il n’y a que le concept. Le reste est à l’avenant, mal amené et bourré d’incohérences. Et je déteste les incohérences. Voilà, un auteur dont le texte est truffé d’incohérences, où l’histoire ne se tient pas, c’est ce qu’il y a de pire pour moi. Je trouve que cela insulte l’intelligence du lecteur.
Thé, café, Jane Austen, ami des chats…autant de vices assez répandus sur la blogosphère littéraires, êtes-vous atteint ?
Je bois une théière par jour. Une grande. Mais je n’ai jamais considéré cela comme un vice !
Avez-vous des révélations honteuses, des manies de lecteur que vous voudriez révéler ? (Parlez librement, personne ne vous juge)
Des manies ? Je ne crois pas. Mais je vais vous parler d’un de ces moments où on sent toute la profondeur de la littérature, la façon dont elle peut nous affecter. Comme par exemple, provoquer une sueur froide, ou un frisson. Bref, ces moments, ces émotions qui nous font apprécier les livres et rechercher leur compagnie. Ce pourquoi, en tant qu’auteur, on écrit. Ce qu’on cherche à provoquer. Faire rêver et émouvoir. J’étais encore étudiant et je devais faire un stage d’été en entreprise. Je me suis retrouvé dans une de ces villes qui se vident littéralement pendant la période estival. Une de ses villes dont 50% de la population est étudiante et 10% professorale. Tous ceux que je connaissais là-bas, étudiants également, avaient fui. Les veinards, ils n’avaient pas de stage à faire, eux ! Je me retrouvais tous seul dans un appartement prêté par une amie. Deux mois à tuer. Dans la bibliothèque de cette amie, il y avait l’intégral du cycle de Pern, d’Ann Mccaffrey. Douze livres, de quoi s’occuper. J’avais aussi embarqué ma guitare. À l’époque (ce n’est pas si vieux pourtant !), il n’y avait pas encore de réseaux sociaux, internet n’était pas la règle et les téléphones portables servaient uniquement à… téléphoner et envoyer des textos. Alors, en semaine, je rentrais le soir en parcourant des rues désespérément vides et je me posais dans le canapé pour faire un peu de musique et bouquiner. Le weekend, je fuyais retrouver mes amis, en trimbalant ma guitare. Finalement, comme je lisais plus que je jouais, j’ai rapidement laissé ma guitare chez moi. J’occupais mes soirée dans cette ville fantomatique uniquement en compagnie des mots d’Ann Mccaffrey. La semaine où je décidai cela, j’attaquai le tome centré sur la guilde des Harpistes, une guilde de musiciens. Et devinez quoi ? Cette lecture m’a foutrement donné envie de jouer. Pile la semaine où je m’étais dis que ça ne servait à rien de trimbaler mon instrument. J’ai dû ronger mon frein pendant deux ou trois jours avant de partir en weekend. Bien sûr, la première chose que j’ai faite, c’est me jeter sur ma vieille guitare. Et je ne m’en suis plus séparé de tout l’été. Enfin, façon de parler. La Ballade de Pern a également eu un autre effet sur moi. Un effet qui place cette saga assez haut dans la liste des lectures qui m’ont marqué. Il aura toutefois fallu attendre le douzième et dernier tome pour cela. C’est le premier livre à m’avoir fait pleurer.
Où peut-on vous trouver ?
Rien de plus facile ! J’ai un site d’auteur. Vous pouvez aussi me retrouver sur Facebook, Twitter et d’autres réseaux sociaux.
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